La domestication d’une espèce, animale ou végétale est l’acquisition, la perte ou le développement de caractères morphologiques, physiologiques ou comportementaux nouveaux et héréditaires, résultant d’une interaction prolongée, d’un contrôle voire d’une sélection délibérée de la part de l’homme (Lauvie, 2007). Helmer in (Fouché, 2006) propose la définition suivante : « la domestication est le contrôle sélection naturelle et application d’une sélection artificielle basée sur des caractères particuliers, soit comportementaux, soit structuraux. Les animaux vivants deviennent en fait la propriété du groupe humain et sont entièrement dépendants de l’homme ».
1. Origine du mouton
L’origine du mouton domestique reste incertaine. Un grand nombre d’espèces sauvages peuvent être l’ancêtre du mouton actuel (Hiendleder et al, 2002), le mouton domestique tel qu’il existe aujourd’hui ne pourrait subsister sans l’intervention et qu’il est certain que la nature ne l’a pas produit tel qu’il est sous sa forme actuelle donc selon ce même auteur il est intéressant de chercher ses caractéristiques parmi les animaux sauvages ceux dont il s’approche le plus. Il existe un grand nombre d’espèces sauvages possibles d’être l’ancêtre du mouton actuel. D’après de récentes études basées sur l’ADN des animaux (nombre de chromosome) et la distribution géographique des ovins sauvages, on a pu recenser six espèces sauvages du genre Ovis susceptibles d’être les ancêtres d’Ovis aries (Lallemand, 2002 et Maiika, 2006), qui sont :
- Ovis dalli: Cette espèce ne semble pas avoir été domestiquée
- Ovis nivi cola: Le mouflon des neiges n’est présent qu’en Sibérie et ne parait pas avoir été domestiqué.
- Ovis ammon: Aucune preuve de la domestication de l’Argali n’a été mise au jour au sein de son aire de répartition de l’Asie centrale au Kamchatka.
- Ovis vignei: L’Urial ou mouflon d’Afghanistan possède un caryotype qui semble l’exclure de l’ascendance du mouton domestique (58 chromosomes contre 54 pour Ovis aries).
- Ovis orienta lis: Le mouflon, avec deux sous espèces :
- Ovis orient alismusimon: Le mouflon d’Europe (Fig.1), est aujourd’hui localisé en corse et à la
- Ovis orient alislarstanica: Le mouflon oriental ou mouflon rouge ou encore mouflon d’Asie mineure (Fig.2) est le seul qui fait l’unanimité en tant qu’ancêtre du mouton. Il vit actuellement dans le sud de la Turquie centrale, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et le sud–est du Zagros massif montagneux frontalier entre l’Iran et l’Irak (Fouché 2006).
2. Epoque d’apparition
Les restes d’ovins les plus anciens ont été découverts dans le nord de l’Irak dans des strates datant entre 8900 et 8500 av. J.C, bien qu’ils semblent s’agir des restes du mouton domestique, mais certains auteurs ont mis ces affirmations en doute. En revanche, des restes de mouton domestique ont été identifiés avec certitude avant la deuxième moitié du VIIème millénaire.
Le mouton serait donc une des premières espèces domestiquées après la chèvre en Chine aux alentours de 6500-600 av .J.C. Néanmoins cette estimation doit être considérée avec beaucoup de prudence car tout nouveau peut être susceptible de la remettre en question (Lallemand, 2002).
3. Lieu de domestication
Plusieurs thèses s’opposent concernant le lieu de domestication du mouton et sa migration vers l’Europe et l’Afrique. Nous ne reprendrons ici que la thèse la plus d’un communément admise selon laquelle la domestication du mouton s’est déroulée au sein d’un foyer unique, même si l’existence d’autres foyers ne peut a priori pas écartée. La plus importante zone de présence des espèces sauvages à l’origine des principales espèces domestiques se situe dans une vaste région correspondant approximativement au Moyen Orient actuel (Fouché, 2006).
4. Modifications apportées par la domestication
Les premières domestications n’ont pas concerné l’individu mais toute une sous population issue de la population naturelle. Une des principales conséquences de cette sélection est la réduction de la diversité génétique qui associée à des changements d’alimentation, provoque d’importantes modifications qui sont surtout morphologiques (Callou, 2005).
4.1. Modifications morphologiques
Il a été observé que la taille des moutons est en décroissance depuis leur domestication. Les causes de ce phénomène ont été référées premièrement au stress engendré par la captivité et aux contacts répétés avec l’homme; en deuxième lieu à l’effet direct de la volonté des éleveurs de sélectionner des animaux plus petits dans le but de mieux les maitriser (Fouché, 2006).
4.2. Modifications anatomiques et physiologiques
La première modification anatomique qui est apparue est l’absence des cornes chez les brebis. Pour les moutons dont les cornes sont conservées, leur forme à la base a changé du triangulaire pour les sauvages en ovalaire chez les domestiques. Encore, les oreilles tombantes ne se rencontrent pas chez les ovins sauvages. Les mouflons portent une toison courte, pigmentée, tombant périodiquement à la faveur d’une mue. Les moutons domestiques ont une laine blanche apte à la teinture, les poils sont fins, et le phénomène de la mue a disparu. Un caractère propre aux moutons domestiques est l’accumulation de graisse au niveau de la queue ou de la croupe. Aussi, la production qu’elle soit lainière, laitière ou bouchère est parfois exacerbée chez ce mouton, ce qui n’est pas chez l’espèce sauvage (Fouché, 2006).
4.3. Modifications psychologiques
L’animal domestique est caractérisé par un comportement double. En effet il se comporte en tant qu’adulte avec ses congénères et infantile de type mère–enfant avec l’homme (Fouché, 2006).
4.4. Modifications génétiques
Bien que la domestication a apporté de grand progrès, des inconvénients environnementaux liés à la domestication sont apparus, tels que le surpâturage, la désinfection (Ricordeau.1992).
Source:
OUALI HANI 2016,
Etude des quelques caractéristiques morphologiques des ovins, race Ouled Djellal
Université Abdelhamid Ibn Badis-Mostaganem