Variation génétique des performances de reproduction chez le lapin

Fécondation chez les lapins
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Les performances de reproduction chez l’animal d’élevage sont déterminées par l’expression de son génotype, attribuée aux effets des gènes transmis par les ascendants aux descendants,  par  l’influence du milieu dans lequel il évolue et par l’interaction entre ces deux éléments (Bonnes et al, 1984).
L’analyse de cette différence montre qu’il existe d’importantes variations à l’intérieur d’une même race ou souche (variabilité intra race) et entre races et souches (variabilité inter race).
Les caractères de reproduction varient en fonction du type génétique des reproducteurs et de la manière dont ils sont utilisés qui se définie généralement par rapport aux notions de population, de race et de souche.
La population c’est un ensemble d’individus de la même espèce se reproduisant effectivement entre eux. La notion de population peut recouvrir des ensembles plus ou moins flous, des courants de migration pouvant exister entre populations (Verrier et al, 2001).
La population locale est définie par De-Rochambeau (1990), comme étant une population géographique. Effectivement, c’est un ensemble d’individus d’une même espèce trouvés dans  un  endroit donné et qui sont vraisemblablement plus ou moins apparentés (Larousse agricole, 1981).
La race est une population homogène pour les caractères sélectionnés suivant le standard (De-Rochambeau, 1990). En effet, elle se distingue par un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques que les individus de cette race perpétuent lorsqu’ils se reproduisent entre eux (Lebas, 2000).
L’élevage en race pure consiste à se reproduire entre deux individus de la même race (Verrier et al, 2001). On appelle race pure une population homogène présentant des caractères communs  sur le  plan esthétique (couleurs et formes)  mais aussi correspondant à des valeurs moyennes de production  que l’on obtient par des contrôles de performances sur un nombre suffisant de reproducteurs de cette race: prolificité, vitesse de croissance, rendement en carcasse (Gianinetti, 1984).
Il existe différents types de classement selon l’origine de la race et le poids de lapin.

Classification selon l’origine de la race

  • Races primitives, primaires  ou géographiques

Elles sont directement issues des lapins sauvages.

  • Races obtenues par sélection artificielle

La pratique d’une sélection artificielle des précédentes races a donné naissance à de nouvelles. Tel que le Fauve de Bourgogne, le Néo-Zélandais Blanc et l’Argenté de Champagne.

  • Races synthétiques

Obtenues par croisement raisonné de plusieurs races. Tel que le Géant Blanc du Bouscat et le Californien .

  • Races mendéliennes

Obtenues par fixation d’un caractère nouveau, à détermination génétique simple, apparu par mutation. Citons le Japonais et l’Angora.

  • Classification selon le poids adulte

Par ailleurs, Il est plus commode de regrouper  les  races  suivant  leur  taille  adulte.  On distingue (Bolet et al, 2000 et Lebas, 2000).

  • Races lourdes

Le poids adulte de ces races géantes varie entre 5 Kg et 8 Kg. Leurs performances de reproduction (Fertilité et prolificité) sont généralement faibles. Leur aptitude de croissance  est  par contre de plus en plus souvent exploitée dans les croisements commerciaux. Citons le Bélier Français,   le Géant Blanc du Bouscat, le Géant Papillon Français, le Géant Espagnol et le plus grand de tous, le Géant des Flandres (7 à 8 kg) (Arsene, 2004 et Gianinetti, 1984).

  • Races moyennes

Ce sont des animaux dont le poids adulte varie de 3,5 à 4,5 Kg. Les races moyennes sont  les  plus nombreuses. Elles sont à la base des populations ou souches ou races de lapins utilisées pour la production intensive de viande, vu leur vitesse de croissance, un développement musculaire important   et une bonne qualité de viande. Concernant leur qualité d’élevage, la taille de portée à la naissance est   de 7 à 8 lapereaux.
Exemple: L’Argenté de Champagne, le Fauve de Bourgogne, le californien et le néo-zélandaise (Lebas, 2000 ; Gianinetti, 1984).

  • Races légères

Ce sont des races dont le poids adulte se situe entre 2,5 et 3 Kg. Les races légères ont en général un développement corporel très précoce et parfois d’excellentes aptitudes maternelles. Cependant, la productivité numérique demeure très faible (7.5 nés totaux et 5 sevrés par portée) (Lebas, 2000 et Arsene, 2004).
Exemple : Russe, Petit Chinchilla, Papillon anglais…

  • Races petites ou naines

Celles-ci ont des poids adultes de l’ordre de 1 kilogramme. Elles sont  représentées principalement par le lapin Polonais, et les multiples nains de couleur. La sélection sur son format a conduit dans ces races à une très faible prolificité. Elles sont utilisées principalement pour produire des lapins “de compagnie” ou “d’appartement” (Lebas, 2000).
La souche est un ensemble d’animaux relativement homogènes. Il est caractérisé par un certain seuil de performances et qui a été obtenu à partir d’animaux d’origine quelconque soumis à  une sélection continue et dirigée dans une orientation précisée à l’avance (étudier leurs caractéristiques biologiques et zootechniques), dans un milieu donné (laboratoires de recherche) et en troupeau génétiquement fermé, d’effectif limité, conduit sans introduction de l’extérieur depuis plusieurs générations. Les souches sont souvent génétiquement plus homogènes que les races (Lebas, 2000 et Larousse agricole, 1981).
Pour un généticien, une souche pure est un ensemble d’individu ayant une origine commune et ayant le même génotype (nécessairement homozygote) pour des locus bien spécifiques. Le terme de « pureté » s’applique ici à un matériel beaucoup plus homogène que dans le cas  des  races  pures (Verrier et al, 2001).
L’usage a d’ailleurs entraîné des différences de vocabulaire vu la multiplicité des races  cunicoles. Le croisement est trop souvent pratiqué inconsidérément d’ou l’accumulation dans le temps  de modifications génétiques et la création de nouveaux regroupements nécessitant le choix d’un nom pour designer cette nouveauté.

1- Variabilité intra race

La variabilité génétique intra raciale pour certains caractères de reproduction  (prolificité)  dépend des gènes de l’individu (effets génétiques directs) et des gènes de la lapine qui contribuent à un caractère de la mère, tel que le taux d’ovulation, conditionnant l’influence maternelle (effets génétiques maternels) et qui agit indirectement sur les caractères des lapereaux (Figure 13).
Il existe aussi les effets génétiques grands maternels qui sont des effets des gènes de la grande mère qui contribuent à un caractère de la grande mère (par exemple l’aptitude laitière) qui agissent    aussi indirectement sur les performances de la mère et des lapereaux.
Par exemple les deux caractères nés vivants et sevrés par portée sont soumis aux effets  génétiques directs (viabilités des lapereaux) et aux influences maternelles (comportement maternel, aptitude laitière et efficacité utérine) (Matheron et Rouvier, 1978 b ; Gomez et al, 1994).

Figure 13 : Effets génétiques directs et indirects (maternels) qui conditionne la taille et le poids de portée au sevrage (Matheron et Rouvier, 1978 b)
Figure 13 : Effets génétiques directs et indirects (maternels) qui conditionne la taille et le poids de portée au sevrage (Matheron et Rouvier, 1978 b)

Tous ces effets sont parfois en opposition dans une même race y agissent conjointement. Seul le croisement de ces races ou souches permet de les séparer pour optimiser l’utilisation des ressources raciales ((Matheron et Rouvier, 1978 a).
L’appréciation de ces variations entre les individus à l’intérieure d’une race ou d’une souche se fait par l’estimation de l’héritabilité. Elle correspond à un paramètre  génétique qui quantifie la part de   la variabilité génétique V(G) dans la variabilité observée du caractère V(P) soit h2= V(G) /V(P). Le tableau ci-dessous montre que certains paramètres sont faiblement (< 0,2), moyennement (0.2≤h2≤0.4) ou fortement héritables (h2 ≥ 0.4) (Ischy, 2004 et Verrier et al, 2001).
Tableau 05: Héritabilité de certains caractères de reproduction et de croissance chez le lapin

Paramètres mesurés h2 Auteurs
 
Reproduction
– Nombre de lapereaux vivants à – 0,1 à 0,14 – Camacho.J et Baselga.M (1990)
la naissance – 0,05 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
– Nombre de lapereaux morts à – 0,49 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
la naissance
– 0,12 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
– Nombre de lapereaux vivants – 0,2 – Varewyck et al (1987)
au sevrage – 0,06 à 0,10 – Camacho.J et Baselga.M (1990)
– Nombre de lapereaux vivants à – 0,17 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
77 jours
 
Croissance
– 0,19 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
– Gain moyen entre 30 et 77 J – 0,20 à 0,21 – Camacho.J et Baselga.M (1990)
(g)
– Poids individuel au sevrage – 0,22 – La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
(30 jours) – 0,09 à 0,15 – Camacho.J et Baselga.M (1990)
 
– Poids individuel à 77 jours
– 0,20
– 0,16
– 0,18 à 0,19
–  La Fuente ( L.F.de) et al (1986)
–  De Rochambeau et al (1994)
– Camacho.J et Baselga.M (1990)

2- Variabilité inter race

La plupart des études confirment l’existence d’une variabilité génétique entre race pour les performances de reproduction. La  prolificité (productivité numérique) est le caractère le plus étudié  dans les travaux de l’amélioration génétique (Matheron et Rouvier, 1978 b; Garreau et al,  2005 ; Rouvier et Brun, 1990).
L’amélioration des performances peut être réalisée en favorisant l’apparition dans  une  population des gènes à effets favorables. La modification de la structure génétique d’une race cunicole s’effectue par la voie du croisement. Lorsque l’on dispose d’un ensemble de souches ou races, il  convient de rechercher leur meilleure combinaison en croisement. Plusieurs auteurs ont  mis  en  évidence la supériorité zootechnique des produits (hybrides) issus d’un croisement de deux individus génétiquement différents appartenant à deux races ou souches différentes (Rouvier et Brun, 1990 ; Boussit, 1989 et Gianinetti, 1984).
Les croisements permettent d’exploiter, outre la variabilité génétique qui existe dans toutes les races, les effets d’hétérosis et de complémentarité (association des caractères intéressants provenant des parents) sur diverses composantes des performances de reproduction (Matheron et Rouvier, 1978 a).

o Phénomène de l’hétérosis

L’accouplement de deux patrimoines génétiques provoque un accroissement des performances  de reproduction des individus croisés par rapport à la moyenne de leurs parents c’est le phénomène de l’hétérosis. L’effet d’hétérosis est en général assez important pour les caractères à faible héritabilité tel que les caractères de reproduction (productivité numérique et pondérale) (Brun et Saleil, 1994).
Dans une étude Brun et Saleil (1994) ont estimés les effets d’hétérosis sur les performances de reproduction entre les souches de lapin INRA A1066 (type californien) et A1077 (type Néo-zélandais).  Il a été montré que les femelles californiennes présentent des performances inférieures (+0,08 saillie/mise bas) à celle des autres femelles néo-zélandaise et croisées pour la fertilité (Nombre  de saillies pour obtenir une saillie) ainsi que pour la mortinatalité (+ 6%).
Pour les caractères, nombre de nés totaux, nés vivants et sevrés par portée, l’hétérosis est de 1.3; 1.5 et 0.5 lapereaux ce qui représente respectivement 15.2 %, 20.1 % et 6.7 % de la moyenne parentale (Tableau 06).
Malgré l’absence de différences entre les femelles croisées issues des deux croisements réciproques (NZ x CA et CA x NZ), ces mêmes auteurs ont donnés l’avantage au croisement mâle californien x femelle néo-zélandaise. Ceci confirme les résultats de Matheron et Rouvier (1978 b) qui montrent que le croisement dans ce sens permet d’obtenir une lapine croisée à productivité numérique élevée ainsi qu’un fort poids de portée au sevrage.
En effet, le père californien transmet un effet génétique direct favorable à ses filles sur les caractères de taille de portée (+0,4 lapereau). La mère néo-zélandaise possède à la fois des effets maternel et grand maternel favorables sur la prolificité de ses filles (+ 0,3 lapereau).
Tableau 06: Estimées des moyennes des quatre types génétiques de lapines et des effets d’hétérosis sur les performances de reproduction (Brun et Saleil, 1994) 

Type génétique de la lapine Hétérosis
Californienne (CA) ♀ NZ x ♂ CA ♀ CA x ♂ NZ Néo-zélandaise (NZ) Valeur absolue Ecart- type %
Ensemble des mises bas (MB) – Nbre de saillies/MB 1,20 1,12 1,10 1,12 – 0,05 4,3
– Nés totaux / MB 8,6 9,8 9,8 8,5 1,3 ± 0,2 15,2
– Nés vivants / MB 7,3 9,0 8,9 7,6 1,5 ± 0,2 20,1
– Nés morts / MB 1,3 0,9 0,9 0,8 – 0,2 ± 0,1 -22,2
– Taux de mortinatalité (%) 15,1 9,2 9,2 9,4 – 3,1 -33,7
– Ajustés / MB 7,5 8,7 8,8 7,9 1,0 ± 0,2 13,0
– Sevrés /MB 6,1 7,3 7,5 6,7 1,0 ± 0,2 15,6
– % de portées disparues entre naissance et sevrage 18,2 8,6 7,6 10,9 6,4 ± 0,01 47
Ensemble des portées
sevrées
-Nbre de lapereaux morts entre naissance et sevrage 1,0 1,2 1,2 1,1 0,2 ± 0,1 16,7
-Taux     de            mortalité    des lapereaux (%) 11,4 13,6 13,3 12,3 1,6 13,5
– Nbre de lapereaux sevrés 7,5 7,9 8,1 7,5 0,5 ± 0,1 6,7

Source:

CHETTOUH, Samia 2010 . Etude comparative des paramètres de reproduction de lapines de population locale, californiennes et néozélandaises dans les conditions algériennes (région de Tizi-Ouzou).

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