Paramètres zootechniques chez le lapin en croissance

Paramètres zootechniques chez le lapin en croissance
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1- Notion de la croissance

La croissance est l’ensemble des modifications de poids et de composition anatomique et biochimique des animaux depuis la conception jusqu’a l’age adulte, c’est effectivement une succession de multiplication cellulaire et d’une augmentation de taille.
Cet accroissement pondéral du système vivant recuit du solde de l’anabolisme par rapport au catabolisme sous le contrôle des logs physiologiques précises mais il peut varier aussi sous l’effet de facteurs génétiques (race) ou non génétique (alimentation, effet maternelle, environnement général) (PRUD’HON et al, 1970).

2- Croissance entre la naissance et le sevrage

Cette période varie entre 4 et 6 semaines. La croissance des lapereaux avant le sevrage est conditionné par la production laitière de la lapine (LEBAS, 2000).
Entre la 2éme et la 3éme semaine après la naissance, la croissance des lapereaux se ralentie (LEBAS, 1969). ROUVIER (1980), rapportent que la vitesse de croissance entre 10 et 21j peut diminuer fortement à cause de l’insuffisance laitière de la lapine. La production de lait de la lapine augmente jusqu’à 3 semaines après la naissance, puis diminue pour devenir nulle entre 4 et 5 semaines (PERIQUET, 1998).
Elle est en partie limitée par la gestation suivante au –delà de 18ème et 20ème jour de gestation (LEBAS et al. 1991).
Selon (OUHAYOUN 1978), la croissance des jeunes lapereaux dépend fortement du milieu maternel : la taille de la portée et l’aptitude de la lapine à couvrir les besoins de ces petits en quantité et en qualité. Le poids moyen des lapereaux à la naissance et au sevrage varie en fonction des souches et des populations (Tableau 2).
Tableau 2 : Poids moyens des portées et individuels à la naissance et au sevrage des lapereaux.
Tableau 2 : Poids moyens des portées et individuels à la naissance et au sevrage des lapereaux.

3- Croissance post sevrage

C’est du sevrage à la fin de l’engraissement, que la croissance des lapins dépend de la ration alimentaire distribuée ; son maximum est obtenue vers la 7éme et 8éme semaine (OUHAYOUN, 1990) et (BLASCO et GOMEZ, 1993).
D’après (BLASCO, 1992), la durée d’engraissement du lapin varie selon les pays. En Europe, elle prend fin à l’âge 10 à11 semaines avec un poids de 2.3kg qui correspond au taux de maturité de 55 % d’un poids adulte de 4kg (lapin à l’âge de 2 ans).
Chez les lapins de format moyen (Californienne et Néo-Zélandaise), le poids adulte est compris entre 3,5 et 4,5kg ; la période d’engraissement se termine 6 à7 semaines après le sevrage (28 ou 35 j), soit à l’âge de 70-77 jours (OUHAYOUN et al, 1986); (OUHAYOUN, 1990) et (ROIRON et al, 1992).
La détermination de la fin de la durée d’engraissement qui correspond au poids optimum à l’abattage (2.3kg) tient compte de l’augmentation rapide de l’adiposité au delà de 2.3kg et à la tendance de diminution du rapport muscle/os au-delà 2.7kg (OUHAYOUN, 1990).
Une prolongation de la durée d’engraissement à 11 semaines) est envisageable. En fait, à l’âge de 11 semaines, les potentialités de croissance des lapins sont encore importantes (OUHAYOUN et al, 1986).
Les performances de croissance sont variables selon les populations ; les souches sélectionnées sont plus performantes que les populations locales (Tableau 3).
Tableau 3 : Performances de croissance des souches et population de lapins locales.
Tableau 3 : Performances de croissance des souches et population de lapins locales.
D’après BERCHICHE et al. (1998), le lapin local alimenté avec du granulé équilibré est capable d’atteindre des poids vifs de 1900g à 13 semaines d’âge.

4-Vitesse de croissance

Au point d’inflexion de la courbe de croissance (5-7 ou 8 semaines) jusqu’à l’âge de 11 semaines, la vitesse de croissance est maximale puis ralentit progressivement, notamment après 11 semaines, en prenant une allure en dents de scie.
La vitesse de croissance tend vers le zéro à partir de 6 semaines (BAUMIER et RETAILLEAU, 1987 et BLASCO, 1992). D’après LAFFOLAY (1985), chez le lapin de chair de souche améliorée placé dans une ambiance de 18 à 22°C, le gain moyen quotidien est de 35.8g/j avec un maximum au cours de la 8éme semaines soit 45.5 g/j (Tableau 4).
Des infléchissements de la vitesse de croissance instantanée dus le plus souvent aux modifications de l’alimentation et de l’environnement, inhérent au sevrage, se manifestent entre la 5ème et la 6ème semaine d’âge (OUHAYOUN, 1983).
Tableau 4 : Performances zootechniques moyennes entre 28 et 84 jours du lapin de chair de souche améliorée (LAFFOLAY, 1985)
Tableau 4 : Performances zootechniques moyennes entre 28 et 84 jours du lapin de chair de souche améliorée (LAFFOLAY, 1985)
 

5- Modes d’expression de la croissance 

5-1- Relation age – poids

La croissance pondérale entre la naissance et l’état adulte correspond à révolution du poids de l’organisme en fonction du temps (OUHAYOUN, 1983). Selon OUHAYOUN, (1978), la croissance suit une évolution linéaire entre 4 et 11 semaines. Plusieurs auteurs (OUHAYOUN, 1983, JOUVE et al, 1986, BAUMIER, 1986, notent que la courbe de croissance du lapin est sigmoïde avec un point d’inflexion entre la 56me et la 76me semaine puis décroît progressivement après 77 jours. La vitesse de croissance instantanée exprimée par le gain moyen quotidien (GMQ) présente une courbe avec un maximum correspondent au point d’inflexion de la courbe de croissance (OUHAYOUN, 1983).(Figure 1)

Figure 1 : Evolution du poids vif en fonction de l’âge (LAFOLAY, 1985)
Figure 1 : Evolution du poids vif en fonction de l’âge (LAFOLAY, 1985)

5-2- Croissance forme, taille croissance relative

La croissance pondérale globale de l’organisme est le résultat des croissances particulières de ses parties constituantes (OUHAYOUN, 1983).Celles-ci ne se développent pas toutes en même temps, certaines croissent plus vite que d’autre d’ou la notion d’allometrie.
La relation d’allometrie suivante y = b x a exprime la valeur d’une partie y de l’organisme par rapport a une autre partie système de référence x. Les coefficients d’allometrie au (Tableau 5) font apparaître un gradient de précocité pour chaque organe ayant une croissance précoce (cerveau).
Ainsi, les organes a croissance précoce présentent des coefficients d’allometrie très faible, tandis que ceux a développement plus tardif (tissu adipeux) présentent des coefficients d’allometrie supérieurs a 1 (OUHAYOUN, 1983).
Tableau 5 : gradients des principaux tissus et organes. (Valeurs des coefficients d’allometrie des lapins males, périodes : 9-26 semaines, variable de référence : poids vif vide) (CANTIER et al, 1996)
Tableau 5 : gradients des principaux tissus et organes. (Valeurs des coefficients d'allometrie des lapins males, périodes : 9-26 semaines, variable de référence : poids vif vide) (CANTIER et al, 1996)
 

5-3- Gain moyen quotidien (GMQ)

Dans la pratique, la vitesse de croissance s’exprime par Ie gain moyen quotidien (GMQ) de poids réalise au cours d’une période référencée. La vitesse de croissance instantanée exprimée par le gain moyen quotidien (GMQ), pressente une courbe (Figure 2) avec un maximum correspondant au point d’inflexion de la courbe de croissance (OUHAYOUN, 1983).

Figure 2 : Evolution de la vitesse de croissance en fonction de l’âge (LAFOLAY, 1985)
Figure 2 : Evolution de la vitesse de croissance en fonction de l’âge (LAFOLAY, 1985)

Le poids corporel du lapin évolue en fonction du temps selon une courbe en S (fig.2) dont le point d’inflexion se situe entre la 5 me et la 76me semaine de vie post-natale .A cette période, la vitesse de croissance (gain de poids par unité de temps) est maximum (HENAFF et JOUVE, 1988) Entre la naissance et le sevrage le poids du lapereau est multiplie par 20peu a peu la vitesse de croissance ralentie, pour devenir nulle a 6mois. Pour les dimorphismes sexuels, plusieurs auteurs (CANTIER et al, 1969, OUHAYOUN, 1983) constatent que les males et femelles suivent une courbe de croissance semblable jusqu a l’age de 10, 15 ou 20 semaine, selon que leur croissance est rapide, moyenne ou lente, au delà de cet age les femelles deviennent plus lourdes (Figure 3)
Figure 3 : La croissance post natale du lapin (format adulte moyen = 1,4Kg) (HENAFF et JOUVE, 1988)
Figure 3 : La croissance post natale du lapin (format adulte moyen = 1,4Kg) (HENAFF et
JOUVE, 1988)

5-4- Indice de consommation d’élevage

Il correspond a la quantité totale d’aliment dépensée dans un élevage (maternité, engraissement, jeunes, reproducteurs, ….) pour obtenir un kg de lapin vivant bon a vendre (LEBAS et al, 1991).Les valeurs courantes sont de 4kg d’aliment dépense pour 1kg de lapin vif produit. Compte tenu des apports discontinus des aliments livrent et des difficultés d’estimation des stocks, il n’est guère raisonnable de calculer un indice de consommation pour un période de moins de 4 mois, et pour mieux faire, une année est un bon période de référence.

6- Facteurs influençant la croissance

Plusieurs facteurs peuvent influencer la croissance et la composition corporelle des lapins, les plus importants sont la race, l’aliment et les facteurs d’environnement

6-1- Facteurs génétiques

Le lapin se distingue des autres espèces par une très grande variabilité de poids audite entre races, souches et croisements (OUHAYOUN, 1978).
 
RISTIC (1986), attribue au type génétique la plus forte influence sur les caractéristiques de croissance et de viande. Ainsi, les animaux à croissance lente ont une carcasse moins riche en matières grasses que ceux à croissance rapide (OUHAYOUN, 1983).

6-2- Facteurs alimentaires

Selon OUHAYOUN (1983), l’alimentation intervient sur la croissance de trois manières différentes et complémentaires :

  •  Par la présence ou l’absence d’éléments essentiels dans la ration: vitamines, oligo-éléments, acides amines indispensables.
  •  Par l’équilibre entre les divers constituants de la ration: rapport protéine / énergie
  •  Teneur en lest.
  •  Par le niveau énergétique de la ration.

Le taux de protéines influence significativement la vitesse de croissance qui accélère avec un taux protéique élevé (LEBAS et OUHAYOUN, 1987). Un apport d’acides amines essentielles est important.
En effet, selon BERCHICHE (1985), une carence en méthionine engendre une altération de la vitesse de croissance. Aussi, la vitesse de croissance ainsi que le rendement à l’abattage est réduit lorsque le taux de lest est augmente (OUHAYOUN et al, 1987).
Cependant, selon ce dernier auteur, la réduction du rendement a rabattage: observe semble être la conséquence plus d’une réduction de la vitesse de croissance que d’un effet direct du taux de lest. LEBAS et al (1982), trouvent que la concentration énergétique des aliments ne modifie pas la croissance.
Par ailleurs GREPPI et al, (1988) notent qu’une augmentation du taux protéique de l’aliment n’améliore pas le gain de poids lorsque la quantité d’énergie consommée est restreinte. Lorsque les protéines sont équilibrées en acides amines indispensables, le taux azote optimum (taux le plus faible assurant la croissance maximale) s’accroître avec !a concentration énergétique de l’aliment (LEBAS, 1983) d’ou l’importance du rapport protéine / énergie digestible Selon PARIGI BINI (1988), le rapport optimum assurant un gain de poids journalier maximum se situe entre 43 et 45g de protéines digestibles / Kcal d’énergie digestible.

6-3- Facteurs d’environnement

L’effet de la saison sur la croissance des lapereaux dépend grandement des conditions d’élevage, le croit post-sevrage est meilleur pendant les mois d’hiver, début printemps et d’automne (OUHAYOUN, 1983).
LEBAS et OUHAYOUN (1987), constatent une réduction de la vitesse de croissance lorsque la température est élevée et ceci quelque soit le niveau protéique de l’aliment Selon BASELBA, (1978), la température agit sur la modification de l’appétit des animaux, les températures estivales, en particulier réduisent l’ingestion alimentaire.

6-3-1-Climatisation

L’élevage rationnel a permis d’obtenir une production plus régulière et continue, en protégeant notamment les animaux dans des bâtiments. Les lapins sont très sensibles aux facteurs d’environnement tels que : la température, l’hygrométrie, la vitesse d’air et la lumière
(LEBAS et COUDERT, 1996).

6-3-2-Température et chauffage

La température représente un paramètre important dans un élevage cunicole et il est facilement mesurable. Dans la maternité la température doit être de 16 à 19°C, afin d’obtenir 29 à 30°C au niveau des boîtes à nids.
En effet, les lapereaux nouveau-nés sont dépourvus de fourrure et n’ont pas la possibilité d’ajuster leur consommation alimentaire pour pallier une température trop basse. Leur réserve de graisse brune les préserve à condition qu’ils restent groupés et que la température du nid soit d’au moins 28°C. En engraissement 12 à 14°C afin d’optimiser l’indice de consommation et la vitesse de croissance.
Ces systèmes de régulation sont efficaces pour une température ambiante comprise entre 0 et 30°C.
Les températures élevées ont des répercussions néfastes sur la fécondité et provoquent des troubles digestifs du fait d’un abreuvement trop important, au-delà de 35°C les lapins font de l’hyperthermie.
Les lapins craignent surtout de brusques variations de température (variation de 3 à 5°C de maximum dans une même journée).
Ainsi, l’isolation des bâtiments revêt un caractère important afin de maintenir une température ambiante optimale (HENAFF et JOUVE 1988).

6-3-3- L’hygrométrie

L’humidité relative de l’air ou hygrométrie est le rapport entre le poids réel de la vapeur d’eau contenu dans l’air et le poids d’eau maximum qu’il pourrait contenir s’il était saturé à la température considérée.
Pour l’atelier cunicole, l’idéal se situe vers 60 à 70 %. Cependant les lapins supportent bien des taux d’humidité élevés (dans le milieu naturel, les terriers ont souvent une hygrométrie proche de 100 %).
Par contre, une hygrométrie trop basse (moins de 50 %) est néfaste : la formation de poussières est favorisée lesquelles dessèchent les voies respiratoires et irritent les muqueuses, augmentant ainsi la sensibilité des lapins aux infections.
Toutefois, si l’hygrométrie et la température sont trop élevées, l’évaporation ne s’effectue pas correctement et les animaux se trouvent dans une situation inconfortable voire prostrés. De plus, cette configuration favorise le développement des germes.

6-3-4-Ventilation

La ventilation de l’élevage a différents objectifs : assurer les besoins en oxygène, évacuer les gaz nocifs produits par les animaux et maîtriser la température ainsi que l’hygrométrie du bâtiment.
Ces différents rôles sont plus ou moins importants en fonction du climat, de la densité animale, Ainsi, des normes de débit de ventilation, par kilogramme de poids vif de lapins présents dans la cellule d’élevage, sont établis en fonction de la température, de l’hygrométrie et de la vitesse de l’air.
Le système de ventilation doit donc être réglable afin de répondre aux besoins des animaux. Le système le plus simple et le moins onéreux c’est la ventilation statique ou naturelle.
Elle basé sur le principe suivant : la chaleur dégagée dans le bâtiment crée un flux d’air chaud ascendant. Il suffit donc d’évacuer ce flux par des ouvertures hautes au niveau du toit (cheminées ou lanterneaux).
Quant à l’entrée d’air elle se fait par des trappes ou volets d’admission, suite à la dépression engendrée par la sortie de l’air chaud (Figure 4). Le débit d’air est réglé pour la plupart des bâtiments à l’aide de trappes. Afin d’obtenir une bonne évacuation de l’air, les bâtiments ne doivent pas être trop larges (8 à 10m) et doivent se situer en terrain dégagé pour faciliter les entrées d’air.
De plus, l’élevage doit présenter un faible à moyenne concentration d’animaux. En pratique ce système est peu utilisé car il convient peu à la cuniculture.

Figure 4 : Principe de la ventilation statique (LEBAS, HENAFF et MARIONNET, 1991).
Figure 4 : Principe de la ventilation statique (LEBAS, HENAFF et MARIONNET, 1991).

6-3-5- L’éclairage

Comme sur la plupart des espèces animales, la lumière a une influence sur la reproduction du lapin. Par conséquent, en maternité, le rôle de la lumière est important afin de réduire les variations saisonnières et de ce fait, d’étaler la production tout au long de l’année. La photopériode adaptée aux lapines semble être de 14 à16 heures d’éclairage par 24 heures.

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