Historique des aires marines protégés

la pêche Historique des aires marines protégés
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1. Apparition des premières aires protégées.

Chape (2003), qui dirige la compilation de la Liste des Nations Unies, a déclaré : « Les aires protégées peuvent sembler être un phénomène nouveau du point de vue historique. Il se trouve cependant que le souci de protéger et de préserver des régions à ressources uniques et des sites sacrés a suscité l’enthousiasme humain depuis des millénaires. En 252 av J. C, l’empereur Asoka en Inde a établi des aires protégées pour mammifères, oiseaux, poissons et forêts. C’est le premier cas connu de protection financé par l’Etat. »
Le premier parc naturel c’est celui de Yelowston aux USA, il fut créé en 1872, suivie du parc national de Banaff (1887) au Canada puis du parc national de Kruger(1892) en Afrique de sud. L’homme était généralement exclu des espaces protégés et la conservation s’interprétée comme la non exploitation des ressources naturelles.
Le concept de l’aire marine protégée est apparu sur la scène internationale en 1962, lors de la première conférence mondiale sur les parcs nationaux, organisée à Seattle par l’UICN, bien que des zones de protection marines existent depuis les années 1930. (ALBAN, 2003)

2. Evolution du concept des aires protégée.

A l’origine, le classement en réserve naturelle ou parc national relevait d’une approche romantique de la nature, il s’agissait de mettre en valeur des paysages à des fins récréatives. Au cours de xxème siècle l’objectif des aires protégées s’est orienté vers la conservation des écosystèmes et de la biodiversité. Ce n’est que à partir des années 70 que l’on a évolué du concept de sacralisation de la nature vers celui de conservation de la nature et puis vers celui plus dynamique de gestion de la   nature ; les populations locales ne doivent pas être exclues à priori, et c’est le programme sur l’homme et la biosphère de l’UNESCO qui a donné un nouveau souffle aux aires protégées, en intégrant l’homme, la science et les considérations socioéconomiques. (Boudouresque, 2002 ; Alban, 2003).
La principale évolution des AMP depuis les années 1970, est la forte expansion du nombre de territoires classés. Le Directeur exécutif du PNUE, M. Klaus (2003), a déclaré : « Le mouvement mondial pour l’environnement et les Nations Unies ont de bonnes raisons d’être fiers de la croissance du nombre d’aires protégées. Depuis 1962, l’année du premier Congrès mondial sur les parcs, les sites ont connu une croissance exponentielle, allant d’une superficie de quelques 2 millions de kilomètres carrés à plus de 18 millions de kilomètres carrés actuellement. » Mais cet élargissement a atteint, et d’une manière inévitable des espaces occupés et utilisés par l’homme.
La prise en compte de la dimension socio-économique des AMP est relativement récente et intervient timidement au début des années 1980 dans le sillage du programme sur l’homme et la biosphère de l’UNESCO, (en 2003 on comptait 436 aires protégées crées dans ce programme). Ce dernier cherche à développer un réseau mondial d’aires protégées, tout en considérant l’homme comme partie intégrante de son environnement et non plus exclu des schémas classiques de préservation. Cette démarche « biosphérique » propose donc une analyse en termes de systèmes, beaucoup plus complète.
Cette recherche d’harmonie ou au moins d’une meilleure cohérence, annonce déjà l’évolution fondamentale des années 1990 et la consécration par la conférence de Rio du concept de développement durable. « Pour parvenir à un développement durable, la protection de l’environnement doit constituer une partie intégrante du processus du développement et ne peut être considérée isolément » Principe 4. En quelques décennies, la perception de l’aire protégée et de ces finalités est passée d’une approche rigide et simpliste de la préservation à une analyse beaucoup plus complète et réfléchie, incluant l’ensemble des acteurs présents sur ces espaces et leurs enjeux particulièrement complexes et souvent contradictoires. (Cazalet, 2004).

3. Le milieu marin reste peu protégé.

Bien que l’Union Mondial Pour la Nature n’omet aucune occasion pour signaler la fragilité des écosystèmes marins, leur degré de protection reste toujours faible comparativement au milieu terrestre, la superficie protégée, pour ce dernier, est passé de 2.4 Km2 en 1962 à 18.8 Km2 en 2003 et le tableau suivant illustre l’évolution des aires protégées au fil des différents congrès mondiaux des parcs.

Tableau n° 2 : Evolution des aires protégées au fil des différents congrès mondiaux des parcs.
Années 1962 1972 1982 1992 2003
Nombre 9214 16394 27794 48388 102102
Superficie      en
million de km2
2.4 4.1 8.8 12.3 18.8

Source : Chape et al, 2003
Alors que le rythme auquel le monde marin de la planète atteint un statut protégé est minime par rapport au monde terrestre, ce qui a poussé le Directeur exécutif du PNUE à dire « Nous devons poursuivre le bon travail accompli sur terre et attaquer les grandes lacunes en matière de protection du monde marin. Nous devons également trouver les moyens de faire bénéficier la bonne gestion et les avantages tirés des aires protégées au monde plus large » (Chape et al, 2003)
En 1970, on dénombrait 118 zones de protection marines crées dans 27 pays et, en 1995 leur nombre est passé à 1306 à travers le monde. (Alban, 2003) ce qui renseigne sur l’importance qu’elles prennent dans la sauvegarde des écosystèmes marins. La Liste des Nations Unies des aires protégées de 2003 qui fut présentée lors du 5ème Congrès mondial sur les parcs, répertorie 4 116 aires protégées qui contiennent une partie marines et qui recouvrent plus de 4.3 million de kilomètres carrés. Mais la surface marines protégées n’est que de 1.64 millions de kilomètres carrés. Ce qui ne représente que 0,5 pour cent des mers et océans. (Chape et al, 2003)
En effet, la demande pour l’établissement d’un réseau mondial d’aires marines protégées a été formulée en 1988 par l’UICN lors de sa 17ème session (Sans José, Costa Rica). La même demande fut aussi parmi les recommandations du IV congrès mondial sur les parcs (Caracas, 1992). En mars 2003, la CDB (Convention sur la Diversité Biologique) à l’occasion de sa 8e réunion a noté que « les donnés disponibles indiquent, tant au niveau régional que national, que les réseaux d’aires protégées marines et côtières présentent de graves lacunes et ne protègent probablement que une très faible proportion des milieux marins et côtiers » (Chape et al, 2003).
La conservation de la biodiversité côtière et marine est à l’heure actuelle un centre d’intérêt mondial eu égard aux enjeux et perspectives liés au développement de pans entiers des « sociétés » littorales mais aussi du fait des contraintes et des menaces qui pèsent sur les ressources naturelles des écosystèmes côtiers en général. Les groupes de pression environnementaux relayés par des responsables politiques et des écologistes militent intensivement pour la généralisation de la création d’aires marines protégées, censées couvrir à terme 20 à 30 % de la surface maritime. Ce mouvement général a trouvé son expression dans les recommandations du Sommet Mondial pour le Développement Durable de Johannesburg (2002) relayé par le Congrès sur les Parcs de Durban (2003) avec la recommandation d’établir avant 2012 un système mondial de réseaux d’aires protégées marines et côtières et celle de protéger la diversité biologique marine et les processus écosystémiques en créant des aires protégées marines au-delà de la juridiction nationale. (Dahou et Al, 2004)

4. Les aires marines protégées en méditerranée.

La Méditerranée n’échappe pas à cette logique d’autant plus qu’il s’agit d’une mer semi fermée avec toutes les contraintes naturelles liées au confinement et à la vitesse de renouvellement des éléments indispensables au fonctionnement biologique des différents écosystèmes, (Grimès, 2007), et cet objectif (engagement), s’effectue dans le cadre juridique et politique que constitue la convention, de Barcelone de 1976, et l’UICN soutient toute initiative (locale, régionale ou nationale) dans ce cadre.
Tableau n° 3 : Le réseau actuel d’aires marines protégées en méditerranée (Bassin ouest). 

  Protection par l’environnement Protection par la pêche Protection par la culture Protection par la concession d’utilisation du domaine publique
Maritime.
ASPIM
Espagne 19 11     9
Royaume-Uni (Gibraltar) 1        
France 10 7   4 1
Monaco 2        
Italie 26 16 2 4  
Malte          
Tunisie 3       3
Algérie 3        
Maroc 2        
International 1 1     1

Source : UICN, 2005.
Les premières aires marines protégées en Méditerranée ont été créées au début des années soixante : le Parc National de l’Île Mljet, dans l’ancienne République de Yougoslavie (1960), et le Parc National de Port Cros en France (1963), en sont deux exemples. Actuellement, la superficie marine qui bénéficie de protection s’étend à plus de 500000 hectares. La plupart se trouvent au nord de la Méditerranée.
La Méditerranée a été la première région au monde à mettre en œuvre un Programme des Mers Régionales à travers le Protocole des Aires Spécialement Protégées (ASP) de la Convention de Barcelone (1996). Et l’UICN-Med contribue dans le cadre de cette convention en soutenant les Etats côtiers de la Méditerranée dans leur engagement à atteindre les objectifs du réseau d’aires marines protégées en 2012, pris, comme on l’a vu plus haut, lors du sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg en 2002.

Source:

BOUZOURENE, Ali 2010 . Essai d’évaluation de l’impact socio-économique de la création d’une réserve marine protégée sur la pêche artisanale locale.

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