Facteurs influencants les performances de reproduction

Physiologie de l’activité ovarienne cyclique chez la vache Facteurs influencants les performances de reproduction
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Les performances de reproduction sont affectées non seulement par les facteurs qui agissent sur la disponibilité des ressources alimentaires, mais aussi par ceux liés à l’animal et aux pratiques des éleveurs (MADANI et al. 2004). Parmi ces facteurs :

1. Facteurs liés à la vache :

1.1  Race:

Une intense sélection génétique basée principalement sur les caractères de production, les progrès dans l’alimentation des animaux et l’amélioration technique dans la conduite d’élevage ont permis une progression spectaculaire de la production laitière bovine. Ainsi, la production par lactation et par vache a augmenté de près de 20 % de 1980 à 2000 aux Etats-Unis, par contre et sur la même période, les indices de reproduction se sont eux détériorés (LUCY, 2001).
L’IVIA1 est plus long en race Prime Holstein, moins long en race Normande, et intermédiaire en race Montbéliarde. Il augmente en race Prime Holstein au cours du temps et présente une stagnation relative dans les deux autres races, avec des fluctuations entre années parfois assez fortes (BOICHARD et al. 2002).

1.2 Age et le rang de lactation:

En bétail laitier, il existe une diminution de l’IVV ou en IV-IF, en relation avec l’âge de l’animal (DOHOO et al. 1983 ; SILVA et al. 1992).
Par contre, la tendance générale est la diminution des performances de reproduction avec l’accroissement du rang de lactation (HODEL et al. 1995 ; HANZEN, 1996).
Ainsi, le taux de conception décline avec l’âge, de plus de 65 % chez la génisse ; il diminue à 51% chez les primipares et chute à 35-40 % chez les multipares (BUTLER, 2005).
L’intervalle vêlage-1ère insémination est généralement plus long en 1ère lactation que lors des lactations suivantes (BOICHARD et al. 2002). (Voir figure 07).

Figure 06: Evolution de l’intervalle vélâge-1ère insémination (IV-IA1) de 1995 à 2001 selon le numéro de lactation (Ln) en race Prime Holstein (BOICHARD et al. 2002).
Figure 06: Evolution de l’intervalle vélâge-1ère insémination (IV-IA1) de 1995 à 2001 selon le numéro de lactation (Ln) en race Prime Holstein (BOICHARD et al. 2002).

1.3 Lactation :

La sélection de la production laitière a perturbé les performances de reproduction à travers le monde (Mc DOUGALL, 2006). Elle apparaît comme facteur de risque fort d’une cyclicité anormale (DISENHAUS et al. 2002); davantage chez les vaches multipares que chez les primipares (TAYLOR et al. 2004).
En plus, le niveau de production laitière en début de lactation pénalise le taux de réussite à la première insémination chez les multipares (BUTLER et SMITH, 1989 ; ESPINASSE et al. 1998). (Voir figure 08).

Figure 07: Evolutions de la production laitière annuelle et du taux de conception dans la race Prime Holstein aux Etats-Unis (BUTLER et SMITH, 1989).
Figure 07: Evolutions de la production laitière annuelle et du taux de conception dans la race Prime Holstein aux Etats-Unis (BUTLER et SMITH, 1989).

Une production laitière augmentée en début de lactation est corrélée à une mauvaise expression des chaleurs à la première ovulation (HARRISON et al. 1990 ; WESTWOOD et al. 2002.)
La mortalité embryonnaire est plus fréquente chez les fortes productrices tant en race Normande qu’en race Prime Holstein (GRIMARD et al. 2005).
Par contre, lors d’une régie de qualité supérieure, et pour un nombre de jours équivalent, le pourcentage des vaches gestantes est pratiquement identique que le rendement en lait soit élevé ou nettement plus bas et le niveau de production ne semble pas être un facteur de variation important sur les performances reproductives qui peuvent être aussi bonnes chez les troupeaux à rendement élevé (LUCY, 2001 ; LOPEZ-GATIUS et al. 2006).
Tableau 03 : L’effet du niveau de production laitière sur les chances de Conception (LUCY, 2001).

Moyenne de
Production laitière
Nombre de
Vaches
Taux de gestation à
100 jours
Taux gestation à 200
Jours
4000 litres et moins 3102 56 89
4000 à 6000 litres 13781 57 91
6000 à 8000 litres 10019 58 92
Plus de 8000 litres 1888 57 91

1.4 État corporel :

La notation de l’état corporel permet d’apprécier indirectement le statut énergétique d’un animal, par l’évaluation de son état d’engraissement superficiel. Cette méthode couramment employée a l’avantage d’être peu coûteuse en investissement et en temps. Sa fiabilité reste supérieure à celle de la pesée de l’animal, sujette à des variations suivant le poids des réservoirs digestifs et de l’utérus, mais aussi la production laitière (FERGUSON, 2002).
La note d’état corporel est attribuée à l’animal sur la base de l’apparence des tissus recouvrant des proéminences osseuses des régions lombaire et caudale (BAZIN, 1984).

Figure 08: Système de notation de l’état corporel (EDMONDSON et al. 1989).
Figure 08: Système de notation de l’état corporel (EDMONDSON et al. 1989).

Le score body (SB), est de plus en plus utilisé dans les exploitations bovines pour contrôler l’adéquation entre les apports et les besoins nutritionnels (DRAME et al. 1999).

Variations du SB :

Au vêlage, la note moyenne d’état corporel doit être de 3.5 et la perte d’état corporel  ne doit pas dépasser 0.5 ou 0.7 en début de lactation, quelque soit le niveau de production laitière (MEISSONNIER, 1994).
A cette période, une perte de poids se traduira par un retour tardif de la cyclicité après la mise bas (VALLET, 2000).
La fréquence des vêlages difficiles est plus élevée chez les vaches maigres ou grasses que celles dont l’état corporel est jugé satisfaisant. Un excès d’embonpoint par excès énergétique de la ration provoque un dépôt de graisse dans le bassin et un défaut des contractions utérines incompatibles avec un vêlage eutocique (BADINAND, 1983).
Il existe une corrélation directe entre la balance énergétique et l’intervalle mise bas – 1ère ovulation, qui se trouve allongé de manière significative dans les 1ères semaines de lactation (BUTLER et SMITH, 1989).
Une note de SB supérieure à 4, a des effets défavorables sur la reproduction, d’où  un  retard dans l’involution utérine, et de l’intervalle vêlage-insémination fécondante (STEFFAN, 1987).
Le milieu de lactation, est la période de compensation ; les apports alimentaires doivent assurer la reconstitution des réserves corporelles (MEISSONNIER, 1994).
Cette reconstitution des réserves peut prendre 6 mois ou plus. Elle doit donc commencer bien avant le tarissement, d’autant que la capacité d’ingestion est limitée dans les dernières semaines avant le vêlage (SERIEYS, 1997).
L’état général médiocre en fin de gestation (inférieure à 3) est à l’origine des anoestrus vraies chez les vaches laitières ou allaitantes (BADINAND et al. 2000).

2. Facteurs liés aux conditionsd’élevage :

2.1 Alimentation :

L’obtention de bons résultats de performances de reproduction en élevage bovin laitier ne peut se faire sans la maîtrise de l’alimentation. Dans cette mesure, le suivi de reproduction ne peut être dissocié d’un suivi du rationnement. Les anomalies liées à l’équilibre de la ration, à sa quantité ou à ses modalités de distribution doivent être évités tout particulièrement en fin de gestation et en début de lactation (ENJALBERT, 1994).
Au cours des derniers jours de gestation, l’appétit des vaches tend à diminuer : la quantité de matière sèche ingérée chute de 12-14 kg à des valeurs comprises entre 8 et 12 kg. A l’inverse, les besoins liés à la gestation ainsi qu’à la préparation de la mamelle deviennent importants ; ces derniers étant compris entre 1,5 et 2 UFL/jour (ENJALBERT, 2003).
Il existe en effet, une corrélation négative entre la durée de l’intervalle vêlage –retour en oestrus et la quantité de tissu adipeux de la vache au moment de la parturition (SCHILLO, 1992).
Après le vêlage, la vache dirige en priorité l’énergie consommée vers la production laitière et en second lieu vers la reprise de la condition de chair (tissu adipeux). C’est seulement une fois que ces besoins sont satisfaits que le processus de reproduction est ré initié, on peut penser que c’est dans l’ordre des choses en regard de la survie de l’espèce: la production laitière, indispensable à la survie du nouveau né, à priorité sur la reproduction. Il est plus important d’assurer la survie du veau que d’en concevoir un autre (BRISSON et al. 2003).
La production laitière croît quotidiennement du vêlage au pic de lactation et le bilan énergétique redevient donc positif vers 8 semaines chez les primipares et 12 semaines maximum chez les multipares (BAREILLE et al. 1995 ; BUTLER et SMITH, 1989), ce qui autorise la reconstitution des réserves corporelles jusqu’au tarissement (WEAVER, 1987).

2.1.1 Besoins énergétiques :

La balance énergétique peut être définie comme la différence entre l’énergie nette consommée et l’énergie nette requise pour l’entretien et la production. Elle est négative chez les vaches en début de lactation. La couverture des besoins énergétiques chez les vaches laitières à fort potentiel s’avère impossible en début de lactation, malgré l’utilisation de fourrages de qualité (impliquant l’obligation d’une transition progressive sur 2 à 3 semaines) et l’accroissement du pourcentage de concentré, progressif également (BEAM et al. 1997).
En effet, les très bons fourrages dépassent rarement 0,9 UFL/kg MS et les concentrés énergétiques courants, comme les céréales, avoisinent 1,2 UFL/kg MS (ENJALBERT, 2003).
Parmi les nombreuses anomalies invoqués dans les troubles de reproduction, le déficit énergétique est celui dont les conséquences sont les plus graves : retard d’ovulation, chaleurs silencieuses, baisse de taux de réussite à l’insémination, mais aussi les plus difficiles à  maîtriser (ENJALBERT, 1994).
Le mécanisme par lequel l’alimentation agit sur l’activité ovarienne n’est pas encore claire (LUCY et al. 1992) ; cependant, il peut être relié à l’augmentation du taux de cholestérol dans le sang (WILIAMS, 1989 ; HIGHTSHONE et al. 1991).
Chez la vache laitière ; le déficit énergétique est, avec les niveaux génétiques actuels en élevage, systématique et inévitable ; il tient physiologiquement à une capacité d’ingestion qui augmente beaucoup moins vite que les besoins, et à une aptitude des vaches à bon potentiel génétique à donner la priorité à la production laitière par rapport à leurs réserves corporelles. Cette priorité est au plan hormonal, la traduction d’une forte sécrétion d’hormone de croissance (GH) et d’une insulinémie faible (ENJALBERT, 1994).
D’un point de vue biochimique, en début de lactation, l’intense activité métabolique, associée à une dépression de l’appétit, aboutit à une balance énergétique négative, caractérisée par une diminution des concentrations sériques en insuline, IGF-I, leptine et glucose, et une augmentation des concentrations en GH et en corticoïdes (ROCHE et al. 2000).

2.1.2 Besoins protéiques :

Lors de troubles de reproduction dans un élevage, il conviendra de rechercher les anomalies du rationnement protidique (excès d’azote dégradable en particulier) (ENJALBERT, 1994).
Un taux azoté de la ration inférieur à 13 % de matière azoté totale (normalement 15 à 17 % MAT) aboutit à un déficit énergétique, à l’infertilité et à une diminution de l’urée sanguine (inférieur à 0.20g/l) (VAGNEUR, 1996) ; il augmente aussi le risque de rétention placentaire (CURTIS et al. 1985). Il ne provoque pas l’avortement mais peut altérer la résistance du veau (VALLET, 2000).
Les excès d’azote non dégradable agissent également par le biais d’un accroissement du déficit énergétique dû à une stimulation de la production laitière. Les conséquences d’un excès d’azote dégradable sont plus marquées. Il provoque un déficit énergétique accru, en raison de  la consommation d’énergie par le foie pour la transformation en urée de l’ammoniac absorbé par la muqueuse ruminale (ENJALBERT, 1998).
D’autre part, les augmentations de l’urémie et de l’ammoniémie induites par ce type de ration, ont pour conséquences :

  • Une diminution du pH utérin, affectant la survie des spermatozoïdes (ELROD et al. 1993).
  • Un effet cytotoxique sur ces mêmes spermatozoïdes ainsi que sur l’ovocyte, voire sur l’embryon, en limitant la capacité des oocytes à devenir blastocystes (ELROD et 1993).
  • Une diminution de la progestéronémie (BUTLER, 1998).
  • Une augmentation de la sécrétion de PGF2α (BUTLER, 1998).

La conséquence la mieux précisée de ces effets sur les performances de reproduction est une diminution du taux de réussite à l’insémination, plus marquée que l’allongement de la durée de l’anoestrus post-partum. Les vaches nourries avec une ration à forte teneur en azote dégradable perdent davantage de poids en début de lactation, ont un TRIA1 plus faible et un IV-IF prolongé (WESTWOOD et al. 2002).
Les excès azotés (surtout l’azote très dégradable), avec une urémie supérieure à 0.35-.040 g/l prédisposent aux avortements, à la non délivrance, et au syndrome de la vache couchée (VAGNEUR 1996). Cependant l’ammoniac diminue l’efficacité des macrophages et favorise de ce fait les métrites.
Des régimes riches en protéines, comme l’herbe très jeune, l’ensilage d’herbe ou de luzerne mal conservés et le colza fourrager, sont donnés pour stimuler et maintenir une production laitière élevée ; de ce fait, ces régimes sont associés à une réduction des performances reproductives (BUTLER, 1998 ; WESTWOOD et al. 1998), comme ils peuvent favoriser les métrites (ANDERSON, 1987).

2.1.3 Besoins minéraux :

Figure 09: Les besoins minéraux
Figure 09: Les besoins minéraux

2.1.4  Besoins vitaminiques :

Les vitamines sont des substances apportées en petites quantités par l’alimentation mais indispensables à la croissance et au fonctionnement des organes, notamment par leur effet catalytique de nombreuses réactions enzymatiques (VALLET, 2000).
Seul le groupe liposoluble est déterminant, et la vitamine A y apparaît prépondérante (FROMAGEOT, 1978).

Vitamine A :

La carence en vitamine A est responsable des irrégularités du cycle oestral par altération de l’appareil reproducteur à savoir, dégénérescence folliculaire, défaut de ponte ovulaire ou de nidation (WOLTER ,1994).
Elle peut même diminuer le taux de fécondation et provoque des avortements, des rétentions placentaires (ENJALBERT, 1994), et des métrites (ENNYUER, 1998 b).

Vitamine D :

Elle joue un rôle  dans  le  maintien  de  la  teneur  en  Ca,  grâce  à  l’amélioration de l’absorption intestinale de  ce  dernier,  ainsi  que du magnésium, du  fer et du Zinc (WOLTER, 1994).
En cas de carence, le métabolisme  phosphocalcique  se  trouve  perturbé  avec  toutes ses répercussions sur les performances reproductives ; dans ce sens, une augmentation de l’intervalle vêlage – 1ère chaleur (WARD, 1971).

Vitamine E :

La vitamine E agit de façon conjointe avec le sélénium (WOLTER, 1994). L’apport recommandé en vitamine E est de 15mg/kg de MS de ration, soit environ 180 mg par jour pendant le tarissement et 300mg /jour pendant la lactation (ENJALBERT, 1996).
L’utilisation de quantités élevées de vitamine E pendant le tarissement est justifiée par l’importance des risques post-partum, mais aussi par une chute physiologique de la concentration sérique en cette vitamine dans les jours qui précédent le vêlage (ENJALBERT, 1996).

2.2 Allaitement :

Le stimulus nerveux de la tétée, voire de la traite, entraîne en début de post-partum une inhibition de la sécrétion de GnRH ; ce mécanisme faisant éventuellement intervenir la libération de substances opiacées au niveau du système nerveux central. Ceci expliquerait en partie l’état d’anoestrus post-partum chez les vaches allaitantes (FIENI et al. 1995 ; MIALOT et al. 2001).
En effet, l’IV-1ères chaleurs est plus long chez les vaches qui allaitent que chez celles qui n’allaitent pas (FERREIRA et TORRES, 1991 ; MEJIA, 1998).
Le non allaitement entraîne l’apparition des 1ères chaleurs, 10 à 33 jours du post-partum, alors qu’une vache bien alimentée et allaitante ne retournera en chaleurs que 98 jours post- partum (RADFORD et al. 1978).
Ceci est du à un rétablissement de l’activité ovarienne 30 jours post-partum chez la vache traite, alors que les vaches qui allaitent étendent cette période (LAMING et al. 1981).
La durée de cette dernière varie entre 20 et 70 jours par vache laitière et 30 – 110 jours en bétail viandeux allaitant (PIRCHNER et al .1983 ; RICHARDSON et al. 1983).
La fréquence de l’allaitement a aussi son influence, puisqu’une restriction de la tétée à une fois par jour augmente la production laitière, sans retarder la reprise de l’activité ovarienne chez la vache laitière Zébu (MARGERISON et al.1995).
Cependant, la restriction de la tétée à une fois par jour pendant les 30 premiers jours du post-partum a pour conséquence de réduire la durée du post-partum sans affecter la production laitière, ni même le poids du veau au sevrage (FITZPATRICK, 1994).

2.3 Conduite de la reproduction :

2.3.1 Moment de la mise à la reproduction :

La fertilité augmente progressivement jusqu’au 60ème jour du post-partum, se maintient entre le 60ème et le 120ème jour puis diminue par la suite (HILLERS et al. 1984).
Le taux de conception diminue chez les vaches mises à la reproduction 50 jours après mise bas (SMITH, 1992).

2.3.2   Detection des chaleurs :

L’intérêt d’une bonne détection des chaleurs est évident pour l’IA : elle a aussi son importance en monte libre pour prévoir les dates de vêlage. Une détection manquée fait perdre 3 semaines de la vie productive d’une vache ; s’assurer d’une bonne détection des chaleurs est donc un préalable à toute tentative d’amélioration des performances de reproduction (INRAP, 1988)
Il apparaît que la détection des chaleurs peut être correctement réalisée pour près de 80% des vaches normalement cyclées depuis le vêlage (KERBRAT et al. 2000).
Cette proportion est significativement inférieure pour les autres vaches : malgré l’attention particulière portée à la détection, lorsque l’activité cyclique est irrégulière ou retardée, la détection des chaleurs en vue de la mise à la reproduction ne peut être réalisée que pour une vache sur deux (DISENHAUS, 2004).
Cette moindre détection des vaches dont la cyclicité se rétablit après 50 jours est cohérente avec l’expression de l’oestrus plus faible au cours de la première ovulation, à la fois en terme de nombre d’acceptations du chevauchement et de la durée de ces acceptations (VILLA- GODOY, 1990).
Les diverses études menées par les centres d’inséminations évaluent autour de 10 % le pourcentage de vaches pour lesquelles l’inséminateur est appelé alors qu’elles ne sont pas en période péri ovulatoire (col fermé et/ou absence de glaire cervicale ou glaires cassantes). En cohérence avec une recherche minutieuse des chaleurs, le pourcentage de faux positifs (vaches déclarées en chaleurs lorsqu’elles étaient en phase lutéale) peut être plus élevé, de l’ordre de 14% ; ce pourcentage étant significativement plus important (30%) pour les vaches ayant présenté une cyclicité anormale avant la mise à la reproduction (DISENHAUS, 2004).
Ce dernier résultat apparaît préoccupant au regard de l’augmentation de l’incidence de ces irrégularités du cycle. La gestion de la détection des  chaleurs  doit  également  évoluer  (LUCY, 2001) ; la recommandation traditionnelle de deux observations quotidiennes de 30 minutes chacune en vue de la détection de l’oestrus n’est plus suffisante : des observations plus nombreuses et plus longues sont recommandées. La fréquence de l’absence de détection ou l’expression des chaleurs aujourd’hui semble toute fois élevée même chez les femelles présentant un profil de progestérone normal (FRERRET et al. 2005).

2.3.3 Moment de l’insémination par rapport aux chaleurs :

Le moment le plus favorable à l’I.A, se situe dans la deuxième moitié des chaleurs (INRAP, 1988).
Un meilleur résultat du taux de  conception est obtenu lorsque l’I.A est réalisée entre   Le milieu des chaleurs et six heures après leur fin (DEKRUIF, 1978).
De même, l’insémination devrait avoir lieu 6 à 8 heures après la première observation de l’oestrus, ou être systématisée après une synchronisation des chaleurs (LUCY, 2001).
La durée de l’oestrus reste difficile à déterminer. Selon sa définition classique (intervalle de temps compris entre la première et la dernière acceptation du chevauchement), sa valeur moyenne a diminué au cours des trente dernières années de 18 à 14 heures environ (VANEERDENBURG et al. 1996).
D’après les données de différents centres d’insémination, l’inséminateur serait appelé par les éleveurs laitiers pour 25 à 45% de vaches pour lesquelles l’acceptation du chevauchement n’a pas été observée (DISENHAUS, 2004).
Ainsi, jusqu’à un quart des vaches inséminées ne seraient pas en chaleur (HANZEN, 1996). Les avantages de la maîtrise du moment de  l’ovulation  chez  les  bovins  sont  maintenant bien connus des éleveurs : elle permet une gestion plus efficace du troupeau par une meilleure surveillance des mises bas, par un ajustement de l’alimentation aux besoins physiologiques, et favorise le progrès génétique par la mise en place de l’insémination artificielle systématique sans détection des chaleurs (BARIL et al. 1998).

2.3.4 Technique d’insémination :

La réussite de cette biotechnologie, dépend de facteurs divers. Les variations imputées à la technique d’insémination sont liées au non respect du protocole de congélation de la semence, avant son dépôt, ainsi qu’aux modalités de conservation de la semence non conforme aux normes (SEEGERS, 1998).

2.4 Taille du troupeau et type de stabulation:

L’accroissement de la taille du troupeau est corrélé à la diminution de la fertilité (LABEN et al.1982).
Le logement des vaches laitières du groupe à mauvaise fertilité est principalement la stabulation entravée, la stabulation libre dominante dans les groupes de vaches à bonne fertilité (BARNOUIN, 1983). Ces bonnes performances résultent d’une facilité de détection des chaleurs et d’un plus grand exercice des vaches (PACCARD, 1981).
Les désordres de reproduction causés par les infections sont fréquemment constatés chez les vaches en stabulation entravée (DEKRUIF, 1975).
La nature du sol a aussi une influence considérable sur les performances de reproduction ; les sols glissants (en lisiers) sont associés à une réduction des tentatives de chevauchement. Il en est de même pour les sols durs (en béton), comparativement aux sols recouverts de litière (BRITT, 1986).

2.5 Politique de réforme :

Le type de réforme regroupe différentes causes selon leur nature et les critères de décisions en jeu (ROCHE et al. 2001).
Il est à distinguer entre la mortalité et la réforme involontaire d’une part, et la réforme volontaire d’autre part (HARRIS, 1989 ; NUGENT et JENKINS, 1992).
A chaque type sont associés différentes causes de réforme, définies et classées a priori, respectivement : les accidents ou troubles d’ordre sanitaire pour les réformes involontaires et une insuffisance de production pour les réformes volontaires (HARRIS, 1989).
Il faut aussi distinguer entre les réformes obligatoires et celles à décider, les premières regroupant les accidents et les décisions répondant à des règles strictes ne dépendant que de l’état de l’animal, les secondes étant mobilisées, le cas échéant, pour compléter un lot de réformes dont l’effectif serait prédéfini (MOULIN et al. 2000).
Au total, le taux de réforme pour infertilité est en général peu utilisable vu l’imprécision des motifs de réforme et le flou de la notion de réforme pour infertilité, donc on utilise essentiellement le taux de réforme global pour décrire les performances de reproduction (SEEGERS et MALHER, 1996).

3.  Facteurs d’ environnement :

3.1  Climat :

Des variations quotidiennes climatiques de fortes amplitudes ont un effet beaucoup plus négatif sur la fertilité qu’un environnement thermique hostile mais constant auquel les animaux sont adaptés (GWAZDAUSKAS, 1985).
En plus, il est bien connu que les vaches sont défavorablement plus affectées par les hautes température que les génisses (THATCHER et COLLIER, 1986).
En Floride, entre 1979 et 1980, le taux de réussite en première insémination était passé de 25 à 7%, pour des températures maximales comprises entre 29,7°C (Avril) et 33,9°C (Juillet). De même, le nombre moyen d’inséminations par conception effective et diagnostiquée entre 6 et 8 semaines était plus élevé pour la période comprise entre mai et août (4,5 à 5,3) que pour  les mois de septembre à avril (2,3 à 3,5) (CAVESTANY et al. 1985).
En Iraq, il a été démontré un effet défavorable du stress thermique en saison d’été sur la fertilité des vaches Frisonnes (ALI et al. 1983).
En Afrique du sud, un faible taux de conception en 1ère insémination de 33 % a été noté quand l’index température – humidité est augmenté comparé à un taux de 74 % quand cet index est plus bas (DUPREEZ et al. 1991).
L’humidité est un facteur à prendre aussi en compte lors de l’étude des variations de la fertilité selon les conditions climatiques. Cet index mesure l’impact conjugué de la température et de l’humidité (THI). Le THI le jour de l’insémination a l’impact le plus important sur le taux de retour en chaleur à 45 jours (NR45), puis suivent ceux enregistrés 2 jours et 5 jours avant l’insémination. Enfin, un index élevé 5 jours après l’insémination revêtait également une certaine importance. Mais aucune relation n’a été notée entre la fertilité et ceux relevés à 10, 20 et 30 jours post-insémination (RAVAGNOLO et MISZTAL, 2002).

3.2 Saison :

La fertilité et la fécondité présentent des variations saisonnières (HAGEMAN et al. 1991).
Le taux de conception chez les Holstein baisse de 52% en hivers et de 24 % en été (BARKER et al. 1994).
En saisons chaudes, des allongements de l’IV-I1 de 7 jours, de l’IV-IF de 12 jours et de l’IVV de 13 jours peuvent être remarqués (SILVA et al. 1992).
En Arabie Saoudite, l’industrie laitière arrive quand même à faire face aux problèmes thermiques durant les mois d ‘été (GORDON et al. 1987).

4. Facteurs humains :

La technicité, la disponibilité et le comportement de l’éleveur et du personnel exercent une influence (HANZEN, 1996).
Les activités extérieures à l’exploitation, ainsi que le tempérament nerveux de l’éleveur seraient des facteurs de risque de l’infécondité (VALLET et al. 1997).

Source:

HADDJ, MAHAMMED Salah 2016 . Evaluation des performances de reproduction et de production laitière du bovin laitier moderne dans la région de GHARDAÏA.

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