De nombreuses espèces forestières endémiques subissent l’aridité de leurs milieux où il n’est pas rare que les périodes de sécheresse couvrent plusieurs années consécutives. Parmis ces espèces ; le cèdre de l’Atlas (EZZAHIRI et BELGHAZI, 2000) et l’arganier (BANI-AAMEUR et ALOUANI, 1999), Ils subissent les effets dévastateurs des coupes de bois de chauffe et du surpâturage en montagne.
Parallèlement à la destruction, la régénération naturelle des essences forestières et plus particulièrement l’arganier et absente à cause de la récolte excessive des fruits, du broutage par le bétail des rares plantules issues de la germination des noyaux restants (BOUDY, 1950), et à cause des conditions du milieu défavorables à la germination spontanée des noyaux (ZAHIDI et BANI-AAMEUR, 1997), et à l’établissement des plantules (M’HIRIT, 1989).
Les tentatives menées jusqu’à présent pour faire germer les semences des plantes endémiques ne résultent que du simple empirisme.
Deux approches ont été envisagées :
- La première reposant exclusivement sur la production de plants en pépinière ou le recours à l’ensemencement hydraulique.
- La seconde ayant consisté à faire varier les traitements préalables, température et humidité en conditions semi-contrôlées.
Quelle que soit l’approche considérée, les résultats positifs n’ont pas été expliqués et les échecs non résolus (M’HIRIT, 1998).
Germination des graines forestières
La sauvegarde de la diversité génétique constatée chez certains arbres forestiers et très particulièrement chez l’arganier (Argania spinosa L.Skeels) (MSANDA et al. 1994 ; FERRADOUS et al., 1994 ; ZHIDI et al., 1996), nécessite une multiplication des efforts pour assurer une meilleure propagation, et réduire l’ampleur de la régression quantitative et qualitative de l’arganier (EL YOUSSFI, 1988). Cette régression est surtout conséquente à la destruction des arbres sans possibilité de les remplacer.
La diversité génétique de l’arbre ne peut être conservée que par la propagation par semis de noyaux de l’arganier (FERRADOUS, 1995). Dans la nature, la régénération spontanée reste très rare en raison des conditions difficiles du milieu (M’HIRIT, 1989), depuis la germination jusqu’au développement des plantules, telles conditions restent encore peu connues.
Ainsi, des tentatives d’optimisation des conditions de germination ont été parfois avancées. Des noyaux placés à une profondeur de huit centimètres ont germé mais n’ont pas levé. Placés en surface, ils n’ont pas germé. Alors que ceux plantés à deux centimètres ont germé et levé à 86% (ARIF, 1994). La germination et la levée des noyaux d’arganier nécessitent donc des conditions optimales d’humidité au niveau du sol à une profondeur suffisante. Cette profondeur n’est pas toujours assurée dans la nature à cause de la dégradation du sous bois, et du surpâturage intensif rendant ainsi le recouvrement par la litière très aléatoire.
BENSAID (1991) a montré que la température optimale de la germination d’Acacia raddiana est de 30 °C.
La germination des noyaux d’arganier n’a pas eu lieu à la température de 4°C (GUEDRA, 1981). Par contre, ils ont germés à des températures de 13°, 20° et 25°C.
Chez le cèdre la germination des graines est plus importante à une température de 4 °C et maintenu humide (EZZAHIRI et BELGHAZI, 2000).
En plus des conditions du milieu, la germination peut être conditionnée par les caractéristiques biologiques de la graine tels que le poids, la forme et la durée de stockage (ZAHIDI et BANI-AAMEUR, 1997). Chez l’arganier les noyaux de poids supérieur à 3,5g ont germé en une semaine à plus de 80%. Par contre, les noyaux de moins de 3,5g n’ont germé que plus tard, la capacité de germination étant de 68% (NOUAIM, 1994). La capacité de germination des noyaux lourds arrondis (3,5 à 2,9g) était plus élevée que celle des noyaux moins lourds arrondis (2,5g) ou fusiformes (2,8 à 1,5g) (LOUTFI, 1994).
En général, L’expérimentation était souvent réalisée avec des noyaux (graines) de l’année, sans préciser ni la date de récolte, ni les conditions (ambiantes) de stockage.
Les graines de cèdre, châtaignier et des noyaux d’arganier de deux ans ont montré des retards de germination, et des capacités très faibles au bout d’un intervalle de germination de quatre mois (NOUAIM, 1994 ; EWART 1908 in BAIOU, 2000).
D’autres noyaux d’arganier âgés de deux ans ont germé après un temps de latence de cinq jours, et un intervalle de germination d’environ 26 jours (GUEDRA, 1981).
La coque des graines de plusieurs espèces forestières semble constituer une barrière, ce qui a poussé certains auteurs à expérimenter d’autres voies.
Pour favoriser la germination, les noyaux d’argan avant semis, sont trempés dans une solution acide (EL MAZZOUDI et ERRAFIA, 1977). Pour d’autres auteurs, la germination des noyaux d’argan ne nécessite pas de traitements chimiques préalables. Un simple pré – trempage des noyaux dans l’eau, technique utilisée actuellement dans les pépinières, est suffisant (NOUAIM, 1994). Par contre, le concassage du test favorise un contact rapide des amandes avec l’eau (LOUTFI, 1994). CHABA et al (1991) qui a travaillé sur Pistacia atlantica, montre que la scarification présente un taux de germination maximum en moins d’une semaine, alors, que les autres méthodes donnent un taux de germination 2 fois plus faibles pour un temps 2 à 4 fois plus long.
CAVANAGH (1980) et HANNA (1981) ont montré, que les légumineuses ont des téguments durs qui peuvent retarder la germination pendant des mois voir des années. Pour leur part KAUL et MANOHAR (1966) et KAO (1971) notent que l’inaptitude à la germination des Acacias serait donc d’origine tégumentaire, et peut être levée si le tégument est cassé ou ramolli : il y’a pénétration d’eau, ainsi la germination est facilitée (ROBBERTSE, 1973 et 1975).
L’utilisation des amandes au lieu des noyaux pour la production de plantules d’arganier, réduit le temps de latence de deux ou trois semaines, à trois jours seulement. L’intervalle de germination est réduit de quarante à douze jours.
Ainsi, le concassage améliore la capacité de germination, qui peut atteindre 100%. (LOUTFI, 1994).
La pourriture a toujours accompagné la germination des noyaux et des amandes d’arganier (EL MAZZOUDI et ERRAFIA, 1977 ; NOUAIM, 1994 ; LOUTFI, 1994). Cette pourriture a contribué largement à la réduction du pourcentage de germination. Mais aucun de ces auteurs n’a identifié ni les agents pathogènes responsables de cette pourriture, ni le pourcentage de contamination. Actuellement, des noyaux de l’année ne sont pas toujours disponibles pour la production des plantules d’arganier. Ces rendements peuvent être très faible ou même nuls en année très sèche (M’HIRIT, 1989 ; RAHALI, 1989 ; LOUALI, 1994 ; FERRADOUS et al. 1997).
Source:
BEZZALA ADEL 2005 .
Essai d’introduction de l’arganier (Argania spinosa (L.) Skeels) dans la zone de M’doukel et évaluation de quelques paramètres de résistance à la sécheresse .