Analyse de l'état de l'activité de pêche en Algérie

Analyse de l'état de l'activité de pêche en Algérie
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Etant donné que plusieurs travaux ont été réalisés dans le but d’analyser la situation de la pêche en Algérie, (Ounaci, 2002. Maoual, 2002. Sahi et al, 2003. Chakour, 2006. Zeghdoudi, 2006…etc.), notre contribution s’orientera beaucoup plus sur les corrélations entre les facteurs de production (flottille et collectif marin) et la production elle-même dans le but de déduire le degré d’exploitation de nos ressources halieutiques. Notre souci est d’évaluer la réponse du niveau de production à la variation de l’effort de pêche.9
L’acte de production étant le fondement de l’activité de la pêche, a fait de l’augmentation de la production le principal objectif de développement de l’activité.
L’objectif d’atteindre un ratio alimentaire de 6.2 Kg/Hab./an fixé pour l’année 2005 (MPRH, 2002), puis reporté à l’année 2007 (MPRH, 2005a), est aujourd’hui remis en cause, exception faite si l’aquaculture vient en secours.
Selon le MPRH, (2005b), « les potentialités disponibles autorisent une augmentation de la production consécutivement aux injections de navires ». Mais l’absence d’évaluations périodiques des stocks, ainsi que le faible degré de fiabilité des données statistiques, parfois reconnu par les responsables du secteur eux-mêmes, nous amènent à poser la question suivante : l’augmentation du nombre de navires agit-il positivement et d’une manière significative sur la production ? Pour répondre à cette question, nous avons présenté, au préalable, l’évolution des facteurs de production à savoir la flottille et le collectif marin, puis on a étudié les corrélations entre ces facteurs de production d’un côté et la production d’un autre, pour enfin aboutir à une conclusion

1. La flottille.

La flottille de pêche est passée de 685 en 1980 à 1554 en 1990 pour atteindre 2552 en 2000. Ce qui donne un accroissement relatif de la flottille de l’ordre de 127 % et de 64 % respectivement pour chaque décennie. De 2000 à 2008, la taille de la flottille s’est accrue de 78 %, puisque 1999 nouvelles unités ont renforcé la flottille qui a atteint 4551 en 2008.
On peut dire, à partir de ces données du Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques, que l’évolution de la flottille nationale s’est faite à un rythme soutenu depuis des décennies.
Graphique n° 2 : Evolution de la flottille nationale, 1999-2008.
Graphique n° 2 : Evolution de la flottille nationale, 1999-2008.
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH. 
D’après ce graphique, on remarque que le nombre de navires constituant la flottille nationale de pêche, n’a pas cessé d’augmenter, mais à partir de 2001-2002 cette augmentation s’est accélérée. Cela pourrait s’expliquer par les différents programmes qui ont permis l’acquisition d’un nombre important de navires. On peut citer le PSRE (Plan de Soutien à la Relance Economique), le projet FIDA (Fonds International pour le Développement Agricole), le projet CEE (Communauté Economique Européenne), le projet CCI (Crédit Concessionnel Italien) et le projet pêche/solidarité nationale. (Chakour, 2006).
Selon le type de métier, on peut dire que cette évolution, de 1999 à 2007, a concerné tous les types de métiers mais avec des intensités différentes. On trouve les petits métiers en tête de classement puisqu’ils leur nombre a connu un taux d’accroissement de l’ordre de 92 %, leur nombre est passé de 1545 à 2972, alors que les sardiniers et les chalutiers ont enregistré des taux respectifs de 51 % et de 34 %.
Le fait que les petits métiers aient connu le taux d’accroissement le plus important, pourrait trouver son explication dans le fait que leurs coûts sont moindres comparativement aux autres types d’embarcations.
Graphique n° 3 : Evolution de la flottille par type de métier, 1999-2007.
Graphique n° 3 : Evolution de la flottille par type de métier, 1999-2007.
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.

2. La population maritime.

 L’accroissement de l’armement de pêche national a eu un effet direct sur l’évolution de la population maritime. Chaque navire injecté dans la flottille nationale demande une main d’œuvre dont le nombre dépend des caractéristiques de ce navire, ainsi que de la nature de la pêche pratiquée.
Graphique n° 4 : Evolution de la population maritime 1999-2007.
Graphique n° 4 : Evolution de la population maritime 1999-2007.
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.
Le collectif marin11 a été, pratiquement, multiplié par quatre entre 1980 et 1990, puisque son nombre est passé de 5000 à 19290. Mais de 1990 à 2000 son accroissement était moins spectaculaire, et en 2000 on comptait 25066 inscrits maritimes ce qui donne un taux d’accroissement de 29 %. Pour la période allant de 2000 à 2007, le collectif marin a connu un accroissement de l’ordre de 48 %.
Le graphique n° 5, ci-après, montre bien la corrélation qui existe entre le nombre de navires et le collectif marin, cette corrélation est très hautement significative puisque le coefficient de détermination R2 est de 0.9415.
Graphique n° 5 : Evolution de la population maritime en fonction de la flottille, 1999-2007.
Graphique n° 5 : Evolution de la population maritime en fonction de la flottille, 1999-2007.
 
 Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.

3. La production.

 L’essence de l’activité de pêche est la production dont dépend, en grande partie, la rentabilité donc la pérennité du métier. La production dans le secteur de la pêche dépend, comme pour tous les autres secteurs productifs, des facteurs de production (les navires et le collectif marin), mais aussi de la ressource elle même. L’effort de pêche ne doit pas dépasser la capacité de renouvellement du stock exploité.12

3.1. Evolution de la production.

Entre 1970 et 1980, la production halieutique en Algérie est passée de 25735 à 33615 tonnes, donc une timide évolution de 3% comme moyenne annuelle. Mais la production enregistrée en 1990 était de 91060, soit une progression moyenne de 5744 tonnes par an, ce qui donne un taux d’accroissement annuel de 17 %. Ce rythme d’évolution n’a pas été maintenu pour la décennie 1990- 1999, durant laquelle le taux d’accroissement annuel était négatif et d’une valeur de -0.15 %. Cela peut avoir comme explication l’insécurité qu’a connue notre pays durant cette période, conjuguée à la nature de l’activité de pêche qui est en grande partie nocturne.
L’année 1999 a connu la création du Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques, chose qualifiée d’historique, dans les publications de ce ministère lui-même, et qui nous a amené à analyser cette période (1999-2007) d’une manière distincte.
La production qui était de l’ordre de 89818 tonnes en 1999, a atteint 148843 tonnes en 2007, enregistrant un taux d’accroissement annuel moyen de 8 %.
Mais cet accroissement n’était pas régulier dans le temps, puisque pour les deux premières années (1999 à 2001) on a enregistré un taux d’accroissement moyen annuel de 24 %, et qui dépasse même le taux d’accroissement moyen annuel de la décennie 1970-1980 qui était de 17 %. Alors que pour la période allant de 2001 à 2007 le taux d’accroissement annuel n’était que de 1.9%.
Graphique n° 6 : Evolution indiciaire de la production. (1999-2007)
Graphique n° 6 : Evolution indiciaire de la production. (1999-2007)

 Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.

3.2 La production par région.

En matière de production halieutique, des disparités sont à relever d’une région à une autre. Selon les régions, la production est étroitement liée à la richesse des stocks. Pour 2007, la région Ouest avec ses 76421 tonnes de production, vient en tête en assurant 53 % de la production nationale.
Faut-il signaler que les wilayas de l’Ouest sont celles qui produisent le plus, comparées aux autres wilayas. Ainsi les wilayas de Ain Timouchent, de Tlemcen et de Mostaganem sont les premières en matière de production avec respectivement 31087, 17316 et 16102 tonnes. Les régions Centre et Est contribuent à la production nationale respectivement avec 28 % et 19 %.
Graphique n° 7 : La Production par région, 2007.
Graphique n° 7 : La Production par région, 2007.
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.
Selon la dernière évaluation des ressources pélagiques (qui représentent plus de 80 % de nos ressources halieutiques) les stocks sont répartis selon les régions comme suit. 42.8 %, 36.9 %, et 20.3
% respectivement pour les région Ouest, Centre et Est, alors que la production nationale est assurée, comme le montre le graphique n° 7, à hauteur de 48 %, 31 % et 21 % respectivement par les régions Ouest, Centre et Est. Ce qui expliquerait, dans une certaine mesure, la relation entre niveau de production et niveau des stocks.

3.3 . La production par groupes d’espèces.

 Toutes les évaluations de nos ressources halieutiques montrent que ces dernières sont majoritairement pélagiques. La production halieutique nationale ne sort pas de cette logique puisqu’elle est constituée (pour l’année 2007) de 89.98 % de pélagiques (petits pélagiques et grands pélagiques).
Graphique n° 8 : La production par groupe d’espèces, (en tonnes, 2007).
Graphique n° 8 : La production par groupe d’espèces, (en tonnes, 2007).
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.
Le graphique ci-dessus montre que les petits pélagiques (principalement ; Sardine, Allache, Anchois, Saurel.) constituent la majeure partie de notre production.

3.4 . La production par type de métier.

 Etant donné la nature de nos ressources halieutiques, qui sont majoritairement pélagiques, il se trouve que les sardiniers sont les mieux adaptés pour pêcher ce genre d’espèces. En effet, les sardiniers assurent annuellement, avec de légères variations, les deux tiers de la production nationale soit un volume de 95106 tonnes pour l’année 2007 ; suivis des chalutiers avec 39773 tonnes pour la même année soit un taux de 28 %.
Graphique n° 9 : La production par type de métier, 2007.
Graphique n° 9 : La production par type de métier, 2007.
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH.

3.5 . La production par groupe d’espèces et par type de métier.

 Quand on combine les types de métiers avec les groupes d’espèce, on constate une fois de plus que la pièce maîtresse est toujours les petits pélagiques, les sardiniers qui sont en tête quant à la pêche aux petits pélagique le sont aussi, et c’est évident, pour la pêche globale.
Quant à la pêche des démerseaux, les petits métiers sont les leaders avec 3114 tonnes, en 2007. Mais ce groupe d’espèces ne représentait que 7.6 % de la production globale de 2007, ce qui fait que les petits métiers sont les derniers pour la production totale.
Graphique n° 10 : Production par type de métier et par groupe d’espèces, en tonnes (2007).
Graphique n° 10 : Production par type de métier et par groupe d’espèces, en tonnes (2007).
Source : Fait par nous à partir des données de MPRH
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Source:

BOUZOURENE, Ali 2010 . Essai d’évaluation de l’impact socio-économique de la création d’une réserve marine protégée sur la pêche artisanale locale.

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