Généralités sur les plantes médicinales

Généralités sur les plantes médicinales
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Au fil des siècles, apprenant à distinguer le comestible du mortel, à se servir des substances toxiques, à reconnaître les vertus curatives cachées dans leur environnement naturel, nos ancêtres nous ont légué une longue chaîne de savoirs traditionnels dont l’ensemble constitue la médecine traditionnelle actuelle, y compris la médecine chinoise, l’Ayurvéda indien, la médecine arabe et les diverses formes de médecine indigène (OMS, 2003; Eddouks et al., 2007; De Vos, 2010).

L’expression «médecine traditionnelle» se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales, de plantes entières ou parties de plantes (feuilles, fleurs, racines, fruits….) séparément ou en association, pour soigner, diagnostiquer et prévenir des maladies (OMS, 2003; Fintelmann et Weiss, 2004 ; Eddouks et al., 2007; De Vos, 2010).

1. Utilisation des plantes médicinales à travers les temps et les continents

Les plantes médicinales font partie de l’histoire de tous les continents à travers les siècles, dont les traces de leur utilisation sont souvent révélées. Les premières pratiques de la médecine à base des plantes remontent, en effet, à l’époque grecque, habituellement à Hippocrate (300ans av.J.-C.), à Dioscoride (Ier siècle apr.J.-C.), ou à Galien (IIeme siècle de notre ère). Depuis, le savoir concernant les plantes s’est organisé, documenté et a été transmis de génération en génération, par l’oralité ou par les écrits dans différents groupes ethniques, pour donner naissance à différents types de médecines traditionnelles, telles que la médecine traditionnelle chinoise, indienne, africaine et américaine (Baba-Aissa, 1999; Quetin-Leclercq, 2002).

En Algérie comme au Maroc, carrefour culturel et transition naturelle entre l’Afrique noire au sud et l’Europe au nord et le Moyen-Orient, la phytothérapie constitue une partie intégrante de la culture locale, la population est dépositaire depuis de longues dates d’un savoir endogène qu’elle a acquis de façon empirique à travers les générations (Eddouks et al., 2007).

Certains de ces usages anciens sont aujourd’hui vérifiés par des études scientifiques et ont conduit à l’isolement de nouveaux principes actifs et/ou à la mise sur le marché de médicaments à base de plantes ou d’extraits standardisés. De la plante entière ou partie de plante utilisée au départ, on a ensuite utilisé des extraits totaux (obtenus par décoction, macération, infusion ou percolation avec différents solvants) liquides ou secs pour faciliter la prise et standardiser les traitements (Quetin-Leclercq, 2002; De Vos, 2010).

2. La place de la médecine traditionnelle dans les sociétés contemporaines

2.1. Dans le monde

A l’heure actuelle, la majeure partie de la population mondiale dépend encore de la médecine traditionnelle et donc de l’utilisation de plantes et des extraits végétaux (Kasparek et al-Janabi, 2008; De Vos, 2010).

Selon l’OMS « mars 2003 », le recours à la médecine traditionnelle a connu un regain d’attention et d’intérêt dans le monde. En Chine, 40 % environ de l’ensemble des soins de santé relèvent de la médecine traditionnelle. Au Chili et en Colombie, 71 % et 40 % de la population, respectivement, ont recours à la médecine traditionnelle et, en Inde, 65 % de la population rurale utilisent les plantes médicinales au niveau des soins de santé primaires.

Dans les pays développés, la médecine traditionnelle connait un succès croissant. Ainsi, le pourcentage de la population ayant eu recours à ces médecines au moins une fois est de 48 % en Australie, 31% en Belgique, 70% au Canada, 49% en France et 42% aux États-Unis d’Amérique (OMS, 2003; De Vos, 2010).

 2.2. En Afrique

Dans plusieurs pays africains, on assiste à la création et à la production de spécialités simples à partir de certaines plantes utilisées traditionnellement et susceptibles de remplacer dans certains cas des médicaments importés.

Au Mali, sept médicaments traditionnels améliorés ont obtenus une autorisation de mise sur le marché et sont inscrits dans le formulaire national des médicaments. Ils sont proposés à la vente dans les officines pharmaceutiques du Mali et au niveau des centres de santé communautaires [un antipaludique, Malarial-5, association de 3 plantes Lippia chevalieri (32%), Cassia occidentalis (62%) et Spilanthes oleracea (6%)].

En Guinée, un sirop antitussif à base de feuilles de Dissotis rotundifolia, le sirop de Dissotis a été mis au point par un pharmacien et commercialisé.

Au Cameroun, un sirop préparé à partir des racines de Pentadiplandra brazzeana, le sirop Gamma agit efficacement dans les crises hémorroïdaires.

Au Nigeria un extrait lyophilisé à partir des graines de Piper guineense, des tiges de Pterocarpus osun, de fruits d’Eugenia caryophyllum et de feuilles de Sorghum bicolor a été commercialisé sous le nom de Niprisan pour diminuer l’apparition de crises dûes à la drépanocytose (Pousset, 2006).
A cet effet, une enquête ethnobotanique, révèle que malgré les progrès fulgurants de la médecine moderne, beaucoup de personnes, privilégient pour déverses raisons toujours la médecine traditionnelle pour soulager leurs maux. Ainsi, l’ investigation menée dans les wilayas de Tébessa, Guelma, Souk Ahras, El Tarf, Skikda et Annaba, révèle que 25,58% des habitants utilisent, de préférence, des plantes médicinales pour traiter leurs désordres gastriques, 25,96 % d’entre eux pour soulager leurs problèmes respiratoires, 12,93% pour traiter les maladies urologiques, 11,20% en appellent aux vertus thérapeutiques des plantes usitées, le plus souvent, sous forme de cataplasmes contre les atteintes dermatologiques, 4% y ont recours pour combattre les maladies neurologiques, 2,5% vont chez l’herboriste dans l’espoir de soulager leurs problèmes cardiologiques, et seulement 1,72% des accros aux plantes médicinales font appel aux teintures, sirops et distillations. Ajoutés aux conclusions des autres investigations, faites dans d’autres régions de l’Algérie, les résultats obtenus, confortent une fois de plus la thèse, selon laquelle les traditions et les croyances séculaires continuent d’influer sur les décisions de citoyens convaincus que ces pratiques transmises, de génération en génération, représentent toujours la meilleure des médications (El Watan, 2008).

3. Intérêts d’utilisation des plantes médicinales

Les plantes constituent un immense réservoir de structures nouvelles et originales. Or seuls environ 10% des 400 à 500.000 espèces végétales que compte notre planète ont fait l’objet d’investigations scientifiques plus ou moins poussées. Gageons que les 90% restants réservent encore de nombreuses découvertes très intéressantes. On considère qu’environ 50 à 60% de notre arsenal thérapeutique moderne est constitué de molécules naturelles ou dérivées de molécules naturelles (Quetin-Leclercq, 2002).

Aujourd’hui, la mode du « naturel » et des « médecines douces » a donné un souffle nouveau à trois secteurs distincts : la médecine allopathique, l’industrie pharmaceutique et la cosmétique. Par ailleurs, ces plantes sont de plus en plus utilisées dans les industries alimentaires.

3. 1. Avantages de la phytothérapie

Malgré les énormes progrès réalisés par la médecine moderne, la phytothérapie connaît de nos jours un renouveau exceptionnel et offre de multiples avantages. l’ Homme a eu recours aux plantes pour se soigner, qu’il s’agisse de maladies bénignes, rhume ou toux, ou maladies chroniques, telles que l’asthme, l’arthrite, la tuberculose ou la malaria mais aussi dans le traitement du cancer et l’HIV .
Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer le monde sans la quinine, qui est employée contre la malaria, sans la digoxine, qui soigne le cœur, ou encore l’éphédrine, que l’on retrouve dans de nombreuses prescriptions contre les rhumes. (Chevallier, 1997; De Vos 2010) .

De plus, les effets secondaires induits par les médicaments inquiètent les utilisateurs, une estimation de 10 à 20% des hospitalisations sont dues aux effets secondaires des médicaments chimiques c’est pourquoi ils se tournent vers des soins moins agressifs pour l’organisme, car l’efficacité des médicaments tels que les antibiotiques décroît. Les bactéries et les virus se sont peu à peu adaptés aux médicaments et leur résistent de plus en plus ( Chevallier, 1997).

En général, le corps humain est bien mieux adapté à un traitement à base de plantes qu’à une thérapeutique exclusivement chimique. Cette meilleure tolérance par notre organisme peut être illustrée par le fait que la chlorophylle, l’essence verte des végétaux, et l’hémoglobine, de nos propres globules rouges, ont une structure moléculaire presque identique, le magnésium étant au noyau de la chlorophylle et le fer est au cœur de l’hémoglobine ( Yves Requena et Dan Kenner, 1996; Chevallier, 1997).

3. 2. Les risques d’utilisation des plantes

Cette médecine dite douce n’est pas sans risque car si les plantes sont faciles à utiliser, certaines d’entre elles provoquent également des effets secondaires. Comme tous les médicaments, les plantes médicinales doivent être employées avec précaution. L’action de la phytothérapie sur l’organisme dépend de la composition des plantes en principes actifs et bien évidemment leurs doses. Mal dosée, Ephedm sinica (l’éphédra) est très toxique et Symphytum officinale (la consoude), qui peut avoir des effets fatals dans certaines circonstances.
Ces exemples démontrent que l’expérience du praticien combinée à celle du patient est souvent le guide le plus sûr pour connaître l’effet thérapeutique des plantes (Chevallier, 1997; Iserin et al., 2001).

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