La production de viande consiste à exploiter le potentiel de croissance des animaux. Cette croissance a une grande importance économique et revêt deux aspects : – Un aspect quantitatif : la croissance ; – Un aspect qualitatif : le développement. En effet, la valeur commerciale d’un animal est liée à la quantité du muscle de la carcasse, mais aussi à la quantité et à la qualité du tissu adipeux (DUDOUET, 1997).
1- Définition de la croissance
La croissance est un phénomène purement quantitatif, donc accessible à une étude mathématique simple pouvant donner lieu à une représentation graphique (taille, poids en fonction du temps). Elle est le résultat de deux actions conjuguées, multiplication et croissance cellulaires. Bien que définie comme un phénomène purement quantitatif, elle est cependant le moteur essentiel du développement car c’est la croissance différentielle des régions du corps qui progressivement modèle la morphologie et l’anatomie de l’animal (PATTIER, 1991). Selon FRAYSSE et DARRE (1992), la croissance d’un animal peut se traduire par l’augmentation de son poids et sa stature (hauteur au garrot, longueur). De la même façon, la croissance d’un organe se qualifie par son augmentation de poids ou de taille.
2- Définition du développement
Le développement est un mécanisme évolutif qui tend à la réalisation progressive de l’état adulte. Il résulte d’un très grand nombre de croissances partielles dotées chacune d’un rythme propre. Il se traduit par des modifications morphologiques, de proportion, de composition corporelle et par des changements physiologiques allant vers une maturation des différents appareils qui deviennent fonctionnels. Le développement est un phénomène qualitatif complexe qui confère des propriétés nouvelles à l’individu tout en préservant l’unité et l’équilibre fonctionnel de l’organisme. La croissance est le développement sont deux phénomènes complémentaires et étroitement liés, qu’il est difficile de considérer séparément (FRAYSSE et DARRE, 1992).
3- Courbe théorique de croissance
Elle se réalise lorsque les animaux sont en parfaite santé et qu’ils reçoivent une alimentation équilibrée, à volonté. Les conditions de milieu sont optima (Fig.1).
La courbe sinusoïde (en forme de s) se caractérise par deux phases : – une phase de croissance accélérée (1) : qui va de la naissance à la puberté. Pendant cette phase, il y a multiplication et accroissement de la taille des cellules. – une phase de croissance ralentie (2) : de la puberté à l’âge adulte. Le croit quotidien se ralentit. – le point d’inflexion (A) : il correspond le plus souvent à la puberté. En général l’animal a atteint à ce point 1/3 du poids adulte. (DUDOUET, 1997)
4- Etapes de la croissance de l’agneau
Nous distinguons la période prénatale et la période post natale.
4-1-Croissance in utero ou prénatale
La croissance prénatale ou in utero ou intra-utérine est essentiellement due à une hyperplasie intense (multiplication cellulaire). Elle peut être subdivisée en trois périodes :
La période zygotique, la période embryonnaire, et la période fœtale.
– Période zygotique
C’est la période de croissance du zygote, c’est-à-dire de l’œuf libre, qui va de la fécondation à la nidation elle est caractérisée par une intense multiplication cellulaire. Le nombre de cellules double à chaque division : 2, 4, 8, 16 cellules. Au cours de cette période de durée variable selon les espèces, le croit relatif est maximal et le gain de poids par unité de temps est régulièrement croissance (FRAYSSE et DARRE, 1992)
– Période embryonnaire
Allant du 10éme au 34éme jour après la fécondation, elle correspond à la genèse des principaux organes et systèmes. Dès le 15éme jour, on observe le pli de la tête et le plateau neural, les excroissances du foie et du cœur sont visibles à partir du 18éme tandis qu’à 21éme jours les éléments essentiels des cavités thoraciques et abdominales sont déjà formés (PRUD’HON, 1976) Les premiers bourgeons des membres apparaissent dés le 20e jour, mais la différenciation en segment proximal et distal n’est visible qu’au 25e et 26e jour. Dés le 20e les organes peuvent être distinguables (BLACK, 1983). Selon PRUD’HON (1976) l’embryon commence à acquérir une forme proche de celle que nous connaissons à la naissance entre le 25éme et le 29éme jour. A cette époque se différencient les gonades et les reins.
– Période fœtale
La croissance fœtale est la plus longue étape de la croissance prénatale allant du 34éme jour à la naissance de l’agneau. Elle est marquée par l’achèvement des modifications de forme (avant le 46e jour), la poursuite de la différenciation de principaux organes et tissus, l’apparition de la toison (TIEMA, 1986). Chez les ovins, enfin de gestation, le gain de poids journalier du fœtus est de l’ordre de 80 g (FRAYSSE et DARRE, 1992).
4-2- Croissance post-natale
La croissance post-natale est essentiellement due à une hypertrophie cellulaire (croissance en longueur et en diamètre) en particulier pour les fibres musculaires. Elle est essentiellement influencée par l’alimentation (FRAYSSE et DARRE, 1992).
Pendant la période infantile, qui s’étage de la naissance à la puberté, le tissu squelettique et le tissu musculaire se développent parallèlement. A la puberté, sous l’action des hormones sexuelles, la croissance du squelette se ralentit alors que la croissance musculaire se poursuit et que le tissu adipeux se charge en graisse. De même, après la puberté, le tissu conjonctif augmente et cette augmentation se poursuit avec le vieillissement. Ces phénomènes ont des conséquences sur le rendement des carcasses et sur la qualité organoleptique des viandes (CLIMENT, 1981).
5- Facteurs de la variation de la croissance de l’agneau
Des facteurs d’origine internes et des facteurs d’origines externes agissent sur le développement des animaux. L’étude de chacun d’eux est nécessaire à fin d’apprécier leurs conséquences pratiques.
5-1- Facteurs d’origine interne
5-1-1- Système nerveux
Son rôle est assez mal connu dans le control de la croissance. Il a des relations avec le système endocrinien (DUDOUET, 1997).
5-1-2- Système endocrinien
L’hormone hypophysaire est plus particulièrement responsable du métabolisme des lipides et de l’anabolisme protidique. Il en est de même pour les hormones sexuelles (androgènes chez le mâle et œstrogènes chez la femelle) qui favorisent le métabolisme des muscles. Ces hormones synthétisées au
laboratoire sont aujourd’hui interdites d’utilisation (DUDOUET, 1997).
5-1-3- Sexe et castration
Les hormones sexuelles améliorent la conformation et le potentiel de croissance selon le sexe de l’individu. La conduite d’élevage des femelles devra être différente de celle des mâles, si l’on ne veut pas que celles-ci soient très graisses. La castration, rarement réalisée à la naissance, cette technique est conseillée pour « les broutards » de 7 à 8 mois qui n’ont pu être vendus en temps voulu compte tenu de nombreux facteurs (alimentation, parasitisme…), en vue de réduire l’odeur de la viande et d’améliorer sa tendreté (DUDOUET, 1997).
5-1-4- Hérédité
Il existe des différences entre les espèces, entre les races d’une même espèce, et entre les individus d’une même race. On observe de grandes différences sur la vitesse de croissance, la composition corporelle, la conformation, le poids, la précocité…ces critères sont transmis par hérédité (DUDOUET, 1997).
5-1-5- Mode de naissance
PROVOST et al (1980), confirment que les agneaux nés jumeaux ou triple accusent un retard de croissance par rapport aux agneaux nés simples, surtout concernant le croit quotidien moyen avant le sevrage.
5-2-Facteurs d’origine externe
5-2-1- Race
Selon SAMBRAUS (1994), les aptitudes sont spécifiques selon les races, chaque race se différencie par la taille, la couleur, la structure de poil ainsi que par les proportions des différentes parties du corps.
5-2-2- Age de la mère
Plus l’animal vieillit, et plus le poids de la progéniture augmente.
En effet, les brebis d’âges intermédiaires (3 à 5 ans), donnent des agneaux dont le poids à la naissance est appréciable et ont plus de vigueur, les autres catégories des brebis donnent des agneaux plus léger (BENHADI, 1989).
1-5-2-3- Facteurs nutritionnels et l’effet de l’alimentation
Ce Sont les plus importants et plus particulièrement le niveau alimentaire. L’effet d’une carence provoque une diminution de la croissance sur le tissu qui se développe en propriété.
L’animal ne peut jamais rattraper cette perte (DUDOUET, 1997).
BENHADI (1989), montre qu’une proportion des brebis en fin de gestation conduit souvent à des bonnes résultats au niveau des performances des poids des agneaux, autrement dit, les brebis qui ont été nourries les derniers mois de gestation ont pu assurer une bonne production laitière à leur produits.
D’âpre DUDOUET (1997), le jeune se développe surtout pendant le dernier tiers de gestation, d’où l’intérêt de distribuer aux animaux le besoin de gestation définis, voir un supplément c’est le Steaming. Il se réalise au moins un mois avant la mise bas il va assurer d’une part la croissance du ou des fœtus et préparer part la futur lactation.
5-2-4- Facteurs climatiques
Chez l’agneau ruminant, l’augmentation de la température ambiante provoque une diminution de la consommation d’aliment au de là de 30°C et de réduction considérable du gain de poids et de l’efficacité alimentaire au dessus de 20°C. Ce phénomène est fréquemment observé en France avec les agneaux engraissés en été. Les animaux les plus sensibles au froid sont les nouveaux nés et les jeunes qui ont des réserves énergétiques limités et une thermorégulation fonctionnant de façon incomplète (VERMOREL, 1982).