La concentration en phosphore organique d’un sol peut varier de quelques traces dans les régions arides à quelques centaines de ppm dans les sols forestiers (Sanyal et al., 1991). Le phosphore organique peut constituer de 29 % à 65 % du phosphore total dans les horizons de surface (Harrison, 1987). Cependant, la nature du phosphore organique demeure mal connue en raison de sa propension à s’associer avec les autres constituants des sols, ce qui en gêne la séparation (Sanyal et al., 1991). Initialement, l’étude de cette fraction du phosphore des sols reposait sur des extractions chimiques. Ces méthodes n’autorisent pas l’identification de la nature des composés extraits. Elles permettent plutôt de qualifier le phosphore organique des sols en fonction de sa sensibilité ou sa résistance à différents extractants (Perrott et al., 1989). Le fractionnement du phosphore organique par extractions chimiques a aussi été employé en préalable à une séparation par chromatographie ou électrophorèse (Anderson, 1980). Mais c’est l’étude de la résonance magnétique nucléaire (RMN) du 31P qui a permis de progresser dans la caractérisation des formes du phosphore organique des sols (Newman et al., 1980; Tate, 1984; Condron et al., 1985, 1990).
Le phosphore organiqu e apparaît essentiellement associé aux acides fulviques de faible poids moléculaire (Condron et al., 1989). Brannon et al, (1985) ont toutefois mis en évidence un mécanisme d’incorporation de phosphore organique dans des composés humiques de poids moléculaire élevé. Les premières études par RMN du 31P dans les sols ont montré que les inositols polyphosphates ainsi que des hexaphosphates de différents isomères d’inositol composaient la principale forme de phosphore organiques dans les sols (Tate, 1984). Ces composés sont souvent désignés par le terme générique de phytines ou phytates. La phytine sensu stricto est en fait le sel de Ca ou Mg d’hexamétaphosphate de myoinositol . Ces différents esters de phosphate d’inositol représenteraient de 15 % à 60 % du phosphore organique des sols (Tate et al., 1982). Les phospholipides, dont les phosphoglycérides, compteraient pour 0,5% à 7% du phosphore organique. Les acides nucléiques et leurs dérivés en représenteraient moins de 3% (Morel, 1996). La présence d’autres esters de phosphates notamment des sucres phosphatés (ribose-5-phosphate et glucose-6-phosphate ) a aussi été observée (Adams et al., 1989) .
Le phosphore organique peut provenir des déchets végétaux ou des microorganismes du sol. Selon Brookes et al. (1984), le phosphore microbien représenterait 2% à 24% du phosphore organique du sol. Les acides nucléiques et les phospholipides sont des composants de chaque cellule. Les phosphates d’inositol constituent, quant à eux, des réserves phosphorées (Frossard et al., 1995). Ils proviennent en majorité des plantes où ils sont accumulés dans les graines. Les diesters de phosphates sont plus facilement sujets à la minéralisation que les monoesters. C’est donc l’activité microbienne qui favorise la prédominance des inositols phosphates dans les sols. De plus, ces composés phosphorés, notamment les inositols phosphates présentent, à l’instar des phosphates, une affinité pour les surfaces d’argiles ou de sesquioxydes (Stewart et al., 1987; Ognalaga et al., 1994). Cette caractéristique contribue aussi à l’accumulation des « phytines » dans les horizons de surface des sols.
Source:
ZEMOURA ABD EL KADER .2005 . étude comparative de quelques méthodes de dosage du phosphore assimilable des sols calcaires en région semi aride w de Batna.