1 Les sols truffigènes
Les analyses de terre sur les différents sites bons producteurs, montrent des constantes des caractères physiques suivants : structure grumeleuse, capacité de rétention d’eau, équilibre des éléments (argile, limons, sable), capacité de drainage (Callot, 1999).
Parmi les caractères chimiques, on peut remarquer de faibles variations du pH (eau), du C/N (carbone, azote) et du Ca/02 (calcium + oxygène) échangeable, et une possibilité de variations fortes en phosphore total, potasse, matière organique. Si les caractères physiques sont peu rectifiables, les caractères chimiques sont facilement compensables (Callot, 1999).
En Algérie, les truffes du désert se développent dans les zones arides ou semi-arides, sur un sol sablonneux, calcaire, relativement pauvre en matière organique, riche en magnésium, bien pourvu en potassium, pauvre en phosphore. (Fortas, 1990 ; Tadja, 1996 ; Zitouni, 2007 ; Aïbeche, 2008).
2 Les paramètres climatiques
2.1 Tuber melanosporum
Il s’avère que l’aire de production de Tuber melanosporum se situe entre les 40 et 47èmes degrés de latitude Nord. Cette espèce a besoin d’un climat tempéré avec des saisons bien marquées.
Dans sa phase de maturité, T. melanosporum gèle à -7°C dans le sol.
Le climat idéal de la truffe se caractérise par :
- un hiver avec des nuits à -5°C, et des journées entre 10 et 14°C.
- un printemps où alterne des périodes d’humidité et de chaleur.
- un été chaud entrecoupé d’orages surtout entre le 1er et 15 août.
- un automne pas trop humide.
Cependant T. melanosporum est une truffe très résistante, tant à la sécheresse qu’à de fortes précipitations. Elle est vulnérable dans son cycle de grossissement pendant lequel aussi bien les carences que les excès d’eau peuvent lui être fatale (Callot, 1999 ). Par exemple :
- en 1985 : 5mm entre septembre et octobre – année normale.
- en 1990 : 320mm entre octobre et novembre – année normale.
- en 1993 : 288mm entre septembre et octobre – année normale.
- en 1996 : un orage de 70mm le 20 août après 100mm durant les 30
jours précédents, a stoppé le cycle de grossissement.
2.2 Truffes du désert
En ce qui concerne Tirmania, un minimum de 180 mm de précipitations bien distribuées entre le mois d’Octobre et le mois de Mars est impératif pour avoir une bonne récolte (Al-Sheikh et Trappe, 1983; Pegler, 2002). En Algérie, Boucharab (1994) et Tadja (1996) ont mentionné que des précipitations de l’ordre de 40 à 60 mm durant le mois d’Octobre et le mois de Novembre s’avèrent positives pour une bonne récolte. Selon Tadja (1996), pour la continuité du cycle biologique des terfez et de sa plante hôte, il faut une quantité de pluie variant entre 5 et 15mm au mois de Mars, suivie d’une période de sécheresse en Avril.
Au Maroc, les terfez exigent une pluviométrie annuelle supérieure à 240mm. Ces pluies doivent être réparties entre le mois d’Octobre et le mois de Mai, et tombent principalement pendant les mois de Novembre, Décembre, Janvier (Khabar et Amrani, 2004).
Les terfez de Bahreïn apparaissent généralement, après une saison pluvieuse entre le mois de Février et le mois d’Avril, comme c’est le cas dans plusieurs pays du Golfe (AlRuqaie, 2002). Le climat de Bahreïn est un climat aride caractérisé par un été très chaud, avec un taux d’humidité très élevé, la période d’été s’étend du mois Avril jusqu’au mois d’Octobre, la moyenne des températures est de 400C et peut aller jusqu’à 480C entre le mois de Juin et le mois de Juillet. Cependant l’hiver est relativement froid. (Mandeel et al., 2007).
3 L’effet de la pluviométrie sur la production truffière
3.1 Truffe de Bourgogne
Les travaux personnels de Beaucamp (2001) sur la relation entre précipitations et production de truffes de Bourgogne en truffière naturelle, ont permis d’avancer une nouvelle hypothèse :
La production serait à coup sûr faible, voire nulle si les deux conditions suivantes sont réunies :
La pluviométrie de Mai (voire Avril) ne doit pas dépasser plus de 80-100 mm, trop de pluie, à cette saison, nuit à la production.
La pluviométrie entre Juillet et Août ne doit pas être inférieure à 50 mm (par exemple entre 1-14 mm).
Beaucamp (2001), a travaillé sur un indicateur simple, pratique pour les trufficulteurs qui permettait de pronostiquer (d’interpoler) un niveau de production en fonction de la pluviométrie optimale mensuelle (Tableau 1). (In Chevalier et Frochot, 2002).
Tableau 1: Pluviométrie optimale (mm) pour une bonne production de la truffe de Bourgogne (Beaucamp, 2001).
Avril | Mai | Juin | Juillet | Aout | Septembre |
20-50 | 70-80 | 60-80 | 50-100 | 60-80 | 40-50 |
3.2 Truffes du désert
En Algérie, les travaux de Tadja (1996) sur les terfez du Sud algérien ont montré que l’irrégularité pluviométrique donne soit des années bonnes à terfez ou bien creuses. Les années bonnes à terfez se caractérisent par une pluviométrie de 40 à 60 mm durant le mois d’Octobre et surtout le mois de Novembre.
Les travaux de Aïbeche (2008) sur les terfez du littoral Ouest algérien, ont montré qu’une bonne année à terfez était caractérisée par une période pluvieuse entre le mois d’Octobre et le mois de Décembre suivie par une période de pluviométrie de 26 mm au mois de Mars. Une année creuse se caractériserait par une courte durée de précipitations durant le mois de Décembre.
Les travaux de Khabar (2002) ont mentionné que les terfez de la forêt de Mamora au Maroc nécessitent un maximum de précipitations avant le mois de Mars, de l’ordre de 240 mm environ, tandis que d’autres espèces de Terfezia, nécessitent une quantité de 160 à 180 mm pour une bonne récolte.
Selon ce même auteur, une diminution des précipitations avec une légère élévation de température pendant la période de maturation (Mars-Mai) est également nécessaire pour une bonne année. Des précipitations trop accentuées au mois de Février et/ou une faible pluviométrie au mois de Mars peuvent annoncer une mauvaise année de production.