Description de l’agent causal Alternaria solani

Description de l'agent causal Alternaria solani
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Alternaria solani est un champignon phytopathogène présent dans les régions tempérées et tropicales de l’Ancien et du nouveau monde, provoquant chez les plantes de la famille des Solanacée, notamment la tomate et la pomme de terre, mais aussi le piment et l’aubergine, une maladie appelée « alternariose » ou « brûlure alternarienne».

1. Description morphologique

Le genre Alternaria, par la suite été décrit par SIMMONS 1986. Il est classé parmi les Deuteromycetes Dematiaceae, formant un mycélium cloisonné brun ne présentant aucun mode de reproduction sexuée connu. Les champignons appartenant au genre Alternaria se multiplient de manière asexuée à partir de filaments spécialisés appelés conidiophores où vont être différenciées des conidies (ou spores), brunes également, très caractéristiques du genre, organisées en chainette. Ce sont des  dictyospores : conidies piriformes, à la base élargie avec des septa transversaux, obliques et longitudinaux en nombre variable. Leur extrémité est constituée d’une partie rétrécie plus ou moins longue appelée le « bec ». L’aspect global rappelle la forme d’une massue. Elles mesurent entre 50-100 µm de long et 3-16 µm de large.

Les conidies d’Alternaria sont très résistantes à la sècheresse, elles résistent à plus d’un an à l’état sec et sont doués d’une très grande longévité (MESSIAEN et al., 1991).

Alternaria alternata est un champignon filamenteux cosmopolite ubiquiste.

Communément isolé à partir de plantes, de sols, de nourriture corrompue ainsi que de l’air ambiant des habitations (CRIQUET et al., 2008). Caractérisé par des conidies en chaines simples ou ramifiées, brunes, irrégulières, 20-80 x 9-18µm, plus souvent avec un rostre apical court mais bien différencié (BARNETT et al., 1972).Les conidies présentent des cloisonnements transversaux et longitudinaux et sont caractéristiques du genre Alternaria (Fig.17).

Figure9 : Schéma explicatif du champignon Alternaria alternaria ( BOTTON et al., 1990).
Figure9 : Schéma explicatif du champignon Alternaria alternaria ( BOTTON et al., 1990).

Alternaria solani appartient au groupe d’espèces à grosses spores (section porri) au sein du genre Alternaria, caractérisé par les conidies solitaires (Figure N° 18), supportées individuellement ou rarement en chaine de deux sur des conidiophores simples et séptés (ELLIS et GIBSON, 1975), elles mesurent entre 150 et 200 µm de long (de la base à l’extrémité du bec) cette espèce est en général identifiable comme l’agent pathogène lié à la brulure foliaire de pommes de terre (SIMMONS, 2007).

Figure10 :1) Conidies et 2) Conidiphores de la souche A. Solani représentative E.G.S. 44098 (SIMMONS, 2007) (modifie).
Figure10 :1) Conidies et 2) Conidiphores de la souche A. Solani représentative E.G.S.
44098 (SIMMONS, 2007) (modifie).

2. Position taxonomique

Selon le catalogue of life (25 mars 2016), la taxonomie du genre Alternaria est la suivante (Tableau N° 06).

Tableau 06: Classification d’Alternaria.

Règne Fungi
Embranchement Ascomycota
Classe Dothideomycetes
Ordre Pleosporale
Famille Pleosporaceae
Genre Alternaria

3. Gamme d’hôtes

LAlternaria est signalé depuis plusieurs décennies comme pathogène des Solanacées et a longtemps été décrit comme affectant la tomate, l’aubergine, la pomme de terre, ainsi que plusieurs espèces de cette famille botanique (BLANCARD et al., 2012).

4. Ecologie de la maladie

L’ alternariose est favorisée par des hygrométries élevées et des températures comprises entre 18C° et 30C°. Les rosées, de faible précipitation continues (5mm) ou des irrigations par aspersion suffisent à son extension, mais elles doivent être répétées pour que la maladie évolue rapidement. La plupart des travaux en aeromycology démontrent que le rapport des spores d’Alternaria dans des échantillons d’air dans les  climats tempérés et humides, diffèrent de quelques-uns à plusieurs dizaines de pour cent (MAYA-MANZANO et al., 2012). Les plantes stressées, mal fumées ou très chargées en fruits seraient plus sensibles. La maladie ne prend jamais un caractère explosif mais s’accentue progressivement avec le temps, au fur et à mesure du vieillissement des plantes, et devient grave en fin de saison (BLANCARD et al., 2012).

5. Cycle biologique

L’alternariose est favorisée par un cycle infectieux similaire pour toutes les espèces d’Alternaria, responsable de cette maladie (FARRAR et al., 2004). Ce cycle est devisé en plusieurs stades : conservation, pénétration et invasion, sporulation puis dissémination (Fig.19).

a. Conservation

L’Alternaria peut se conserver dans les résidus de culture, les sols contaminés et les tubercules infectés durant plusieurs années (CHRISTINE, 2000). Les chlamydospores peuvent également servir de structure de survie (BASU, 1974). Elle serait aussi capable de se maintenir d’une saison à l’autre sur d’autres solanacées comme la pomme de terre, l’aubergine, poivron (BLANCARD et al., 2012).

b. Pénétration et invasion

Une fois les spores d’Alternaria sont en contact avec les cellules végétales, elles sont capables de germer et produisent un ou plusieurs tubes germinatifs, la pénétration dans les tissus végétaux se fait soit directement à travers les stomates ou les blessures (AGRIOS, 2005), ou soit par pénétration enzymatique, cette stratégie est la plus évidente chez les Alternaria. La colonisation de l’hôte est facilitée par des enzymes (cellulase, pectine galacturonase de méthyle). Le champignon envahit rapidement les tissus foliaires, les lésions deviennent visibles 2 à 3 jours après l’infection, la production de spores se produit 3 à 5 jours plus tard (BLANCARD et al., 2012).

c. Sporulation et dissémination

Les conidies et les conidiophores sont produits dans des intervalles de températures compris entre 8 et 28C°, en présence d’une humidité relative de 96 à 100% (STRANDBERG, 1992).

Les spores sont disséminées par le vent, la pluie et les insectes ; les conidies produites assurent des contaminations secondaires et par la suite plusieurs cycles parasitaires peuvent avoir lieu dans la culture (BLANCARD et al., 2012).

Figure 11: Cycle de l'alternariose (ANDRÉ, 2016).
Figure 11: Cycle de l’alternariose (ANDRÉ, 2016).

6. Symptomatologie

La maladie se reconnaît facilement par les cercles concentriques rapprochés qui se forment à l’intérieur des taches. Celles-ci se fondent parfois en grandes plages de tissus nécrosés et provoquent un enroulement des feuilles qui rappelle celui de la brûlure apicale. Le temps chaud et humide aggrave la maladie qui peut entraîner la mort, La brulure précoce peut affecter le feuillage, les tiges et dans des cas plus sévères, les fruits. C’est une maladie fongique qui affecte les cultures des Solanacées dans le monde entier (BATISTA et al., 2006).

Figure 20: Alternariose de pomme de terre (https://fr.wikipedia.org).
Figure 20: Alternariose de pomme de terre (https://fr.wikipedia.org).

. Sur feuille

Les premiers symptômes apparaissent sur les feuilles de la base, puis ils s’étendent au reste du feuillage. A la face supérieure des feuilles on observe des tâches dispersées, très bien délimitées, brunes à brun-noir, de type nécrotique avec un contour anguleux, de quelques mm jusqu’à 2 cm de diamètre. Sur les plus grosses tâches, on voit à l’œil nu des anneaux concentriques. Les plages desséchées peuvent se déchirer, tomber et se rejoignant de proche en proche, provoquer le desséchement et la mort de la feuille toute entière (MICHEL, 1991) (Fig.21).

Figure 21: Symptomes sur feuille (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).
Figure 21: Symptomes sur feuille (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).

. Sur tige

Les tiges attaquées par l’Alternaria présentent des plages superficiellement colorées en brun, qui s’agrandissent avec le développement de la maladie, puis le desséchement de la tige peut entraîner sa mort ou celle de toute la plante (MICHEL,1991) (Fig.22).

Figure 12: Symptomes sur tige (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).
Figure 12: Symptomes sur tige (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).

. Sur tubercule

En culture, les attaques sur tubercules sont très peu courantes. Elles résultent d’atteintes ayant eu lieu lors de la récolte ou de la mise en conservation, lorsque des spores d’Alternaria entrent en contact avec la chair des tubercules mal indurés et/ou blessés. Les symptômes sont des taches (jusqu’à quelques cm) en dépression, de couleur brun – violet ou noir métallisé. Sur les bords, la peau est quelque peu plissée ou soulevée. Le tissu atteint est dur et sec, mais séparé du tissu sain par une zone humide et jaunâtre (DANIEL, 2006) (Fig.23).

Il n’y a pas de lien entre des attaques plus ou moins importantes du feuillage, et des atteintes ultérieures des tubercules. La contamination des tubercules aura lieu surtout en cas d’induration insuffisante, de récolte par temps (trop) sec et lorsque les tubercules sont blessés (coupures, coups mécaniques) (DANIEL, 2006).

Figure 13: Symptomes sur tubercule (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).
Figure 13: Symptomes sur tubercule (ZERIGUI et MOUZAOUI, 2018).

Source:

Saighi Imane et Ben Hamdi Merièm 2020 . Identification et caractérisation des maladies fongiques de pomme de terre et essai de lutte biologique par les extraits végétaux dans la région d’EL-Oued.

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