Comme nous l’avons vu précédemment lors de l’étude botanique, le safran est constitué par les stigmates séchés de la fleur de Crocus sativus. L’épice ou encore la drogue se présente sous forme entière (filaments) ou sous forme pulvérisée.
La drogue entière se présente sous forme de filaments enchevêtrés, de couleur rouge brique mélangés à une infime extrémité du style, la partie jaune précédant la division des trois stigmates. Cet ensemble, constitue une masse souple, élastique, hygroscopique qui s’avère difficile à pulvériser. Entiers, les stigmates mesurent entre 2 et 4 cm de long pour 3,5 à 5 cm de large au maximum et sont réunis à la base par le style. Ils sont alors très fins mais se renflent progressivement en un long cône fendu sur le côté pour s’élargir et s’épaissir vers la partie supérieure en une forme de cornet. Le bord supérieur de celui-ci est strié au niveau longitudinal et finement dentelé au niveau terminal ; s’il est réhydraté dans de l’eau, il s’étale et prend alors une forme d’éventail .
Lors d’une observation au microscope d’une coupe transversale de stigmate de safran (figure 23), nous pouvons observer différentes parties :
- un parenchyme, formé de cellules polygonales ou arrondies avec des parois peu épaisses.
- des faisceaux vasculaires (conducteurs), à sections arrondies.
- un épiderme composé de cellule tubulaires légèrement allongées et perpendiculaires à la surface du stigmate, recouvertes d’une mince cuticule.
La drogue pulvérisée est de couleur rouge-orangé foncé et lorsqu’elle est plongée dans l’eau, elle la colore en jaune. Au microscope, nous pouvons remarquer la présence :
- de cellules parenchymateuses à parois minces, allongées, sinueuses, remplies d’un pigment rouge orangé et accompagnées de fin faisceaux
- de cellules épidermiques qui se terminent par des protubérances nommées papilles, qui sont allongées, prenant la forme d’un poil, pouvant atteindre 150 µm de longueur.
- des grains de pollen de grande taille (diamètre pouvant atteindre jusqu’à 100 µm), arrondis à membrane épaisse, lisse et avec une exine finement criblée, dépourvue de protubérances.
- quelques rares papilles digitées provenant des stigmates sont visibles dans certaines Poudres .
Le safran broyé est majoritairement constitué de fragments de stigmates lesquels pouvant être accompagnés de grains de pollen et de fragments de style mais, il ne doit pas présenter de poils tecteurs, de fibres, de cellules scléreuses ainsi que des grains d’amidon .
Cependant, le safran figure dans la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement, établie par l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lors de la dernière édition de la pharmacopée française de 2012. Dans cette liste de 454 plantes, une deuxième liste comprenant 148 plantes recense les plantes dites « libéralisées », c’est-à-dire les plantes autorisées à sortir du monopole pharmaceutique et qui peuvent ainsi être vendues sous différentes formes (en l’état, poudre, extraits secs aqueux), dans tout commerce mais, sans bénéficier d’indications thérapeutiques (plantes grisées dans la liste A). Le safran fait partie de cette liste.
Le retrait de certaines plantes du monopole fait suite à une parfaite maîtrise de leur innocuité, une composition chimique parfaitement établie, ou encore un usage désuet, une indication exclusivement alimentaire ou cosmétique, ou comme usage d’excipient (agglomérant, colorant) intervenant dans la fabrication de médicaments ou parce que ces plantes peuvent faire office de matière première pour la fabrication de complément alimentaire.
Le safran répond aussi à des obligations strictes de qualité puisque étant un produit commercial, celui-ci doit répondre à des normes internationales telles que les normes ISO 3632 1 et 2 réactualisées tous les trois ans. Nous aurons l’occasion d’aborder ces normes lors d’une partie ultérieure dans les chapitres contrôles et essais.
Source:
Benosman, Sarah 2018. etude du suivi des étapes de greffage du citrus clementina sur citrus aurantium.