Datura stramonium L.

Datura stramonium L.
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1 Famille des solanacées

 Le Datura (Datura stramonium L.) ,le tabac (Nicotiana tabiacum), la tomate (Solanum lycopersicum), la pomme de terre (Solanum tuberosum), la mandragore(Mandragora officinarum) et le jasmin de nuit (Cestrum nocturnum), sont regroupés au sein d’une famille botanique commune, celle des solanacées. Arbres ou arbrisseaux, les pétales de leurs fleurs sont soudés (plante gamopétale) et l’ovaire, donnant naissance au fruit s’attache au sommet du pédoncule floral, au dessus des autres parties de la fleur. La plupart des genres synthétisent des alcaloïdes de type propanol (belladone, tabac, jusquiame, stramoine… ) .(Gilbert, 1996).

2 Différentes espèces de Datura

 Le genre comprend une vingtaine d’espèces, réparties spécifiquement sur les cinq continents. Etant donnée sa grande souplesse écologique, la colonisation des deux hémisphères, essentiellement limitée par des conditions  climatiques et d’altitude permet de retrouver le Datura en de nombreux points du globe.

Toutes les espèces possèdent des propriétés semblables. Il existe plusieurs variétés de Datura (plus de 10) dont les plus courantes sont Datura stramonium, Datura metel, Datura fastuosa, Datura muritica, Datura innoxia, Datura meteloides Dunel, Datura canadia, Datura arborea L, Datura sauveolans, Datura quercifolia (Geeta & Gharaibeh, 2007 ; Jiao et al., 2002).

3 Datura stramonium L

 L’espèce la plus communément utilisée, et la plus fréquemment décrite, la Datura stramonium est aujourd’hui répandue tant en Amérique du Nord, que dans l’Ancien Monde. Il s’agit d’une plante herbacée, semi-Iigneuse et ramifiée affectionnant les lieux et les décombres des régions tempérées.(Schultes & Hofmann, 1981).

Figure 01 : Datura stramonium L .(http://upload.wikimedia.org/).
Figure 01 : Datura stramonium L .(http://upload.wikimedia.org/).

 3.1  Origine et Habitat

 Certains auteurs ont signalés que l’origine de Datura stramonium L est incertaine, mais la plupart ont convenu    que    cette   plante   est    originaire    de   la zone tropicale de l’Amérique centrale et du sud (Steenkamp et al., 2004). Elle a colonisée l’Europe à travers l’Espagne, elle s’est propagé  ensuite en Afrique du nord et le long de la méditerranée.

Aujourd’hui, on la trouve naturalisée dans toutes les régions du monde, excepté les régions à climat dur .Elle est communément trouvée le long des rives, aux bords des chemins et des routes, dans les décombres. Mais généralement, elle suit les cultures maraîchères, car elles sont pratiquées sur des terres riches en matières organiques et en sels souvent irriguées (Harbouche, 2004). Elle est réputée préjudiciable minéraux et sont pour les cultures. (Oudhia & Tripathi, 1999).

3.1 Position systématique

 Selon Guignard (2004) ; la positon systématique de Datura stramonium L est comme suit :

  • Taxon : Spermaphytes ou plantes à graines
  • Embranchement : Angiospermes ou plantes à ovaires
  • Classe : Eudicots ou Eudicotylédones
  • Sous-classe : Astéridées
  • Groupe : Euastéridées I
  • Ordre : Solanales
  • Famille : Solanacées
  • Genre : Datura
  • Espèce : Datura stramonium L.

3.3 Culture et collection

Le Datura est facile à cultiver, surtout dans des endroits ouverts, ensoleillée, il se développe mieux dans un sol riche  en calcaire, ou sableux, avec du terreau de  feuilles ajouté. Le sol doit être exempt de mauvaises herbes dans les premiers stades. Les graines sont semées en mois de Mai. Si l’été est chaud et sec, donner un paillage de fumier de vache. En Août la plante atteint une hauteur de 1 mètre et porte des fleurs et des fruits. En fin d’Août les tiges avec des feuilles et les sommités fleuries sont recueillies et séchées le plus rapidement possible à 45°C à 50°C. Les feuilles doivent être réunies lorsque la plante est en pleine floraison et soigneusement séché. Ils sont généralement récoltés en fin d’été. (Jarald Edwin, 2007;Gary et al., 2005).

 3.4  Dénomination

 Datura vient du nom arabe de la plante : Tatôrah ou Datora venant lui même de Tat qui signifie piquer, à cause du fruit épineux. L’étymologie de stramonium est     douteuse. Il y a plusieurs hypothèses : de    Strymonios une région de Thrace en Grèce depuis l’Antiquité, ou de  stremma monia =        « gâteau insensible » où elle est connue pour ses propriétés stupéfiantes, ou encore de Strychnos manikos qui signifie « morelle qui rend furieux »     pour son action enivrante. Le Datura stramonium L est la variété la plus connue sous nos latitudes, il en existe d’autres que l’on rencontre essentiellement dans les pays tropicaux.(Garnier, 1961 ; Mann, 1996 ; Gilbert, 1996). Le Datura est connu sous de nombreux noms vernaculaires :

  • Noms français : Datura, Stramoine, Pomme épineuse, Herbe du diable, Herbe aux sorciers, Endormie, Herbe aux taupes.
  • Noms anglais : Thorn-apple, Devils’s apple, Hedge-Hog-Nut, Trumpet’s angel, Devil’s trumpet, Jimson weed (ou Herbe de Jamestown) en hommage au premier cas d’intoxication collective qui remonte à 1676 : le général Smith afin de maîtriser une rébellion à Jamestown (USA), distribua aux soldats des feuilles de Datura qu’il pensait être des épinards. Cela entraîna un éclat d’agitation collectif et laissa ce surnom à la (Garnier, 1961 ; Mann, 1996 ; Gilbert, 1996).
  • Noms allemands : Stechapfel, Dornapfel, Teufelsapfel
  • Noms espagnols (Pérou) : Estramonio, Manzana spinosa, Yerba (Hierba) hedionda
  • Noms italiens : Stramonio, Noce spinosa, Pomo spinoso, Noce del (Garnier, 1961 ; Mann, 1996 ; Gilbert, 1996).

  3.5 Description botanique

 A.  Description macroscopique

 A.1 Appareil végétatif

 Le Datura stramonium L est une plante herbacée annuelle, abondante en Europe où elle affectionne les terrains incultes et bords des chemins. Elle pousse dans les décombres, les champs, près des habitations, dans les terrains vagues ou dans les lieux sablonneux. L’odeur de la plante fraîche est vireuse et nauséabonde, surtout pendant les fortes chaleurs. La saveur est désagréable et amère. La racine est forte, rameuse, fibreuse et blanchâtre .(Cazin & Cazin ,1997).

La tige, pouvant atteindre plus d’un mètre de hauteur, est droite, creuse, simple ou ramifiée, glabre, verte devenant parfois violette.(Cazin & Cazin, 1997) .

Les feuilles alternes, de 8 à 25 cm de long sur 7 à 15 cm de large ont un  limbe ovale ou ovale triangulaire acuminé, souvent asymétrique à la base, et profondément découpé en 5 à 7 lobes inégaux pointus. Ces feuilles sont d’un vert foncé brillant sur la face supérieure, plus claires en dessous. La feuille âgée est pratiquement glabre, les nervures des feuilles jeunes sont pubescentes. (Bruneton, 2009 ; Paris & Moyse, 1971) ; Les nervures sont pennées et déprimées sur la face supérieure mais saillantes en dessous. Chaque feuille présente 3 à 5 paires de nervures latérales inclinées à 45° et se terminant au sommet des lobes. ( Bruneton, 1993). 

A.2  Appareil reproducteur

De juillet à octobre apparaissent de grandes fleurs blanches :

  • Les fleurs de 8-10 cm de long, sont portées par un court pédoncule Elles sont isolées ou très rarement par deux à l’extrémité des tiges latérales ou à l’intersection de deux rameaux. (Cazin & Cazin, 1997) .
  • La corolle gamopétale est blanche ou parfois violette. Elle peut mesurer jusque 10 cm de long. Elle est fortement plissée en long et étirée en un long tube avant l’ouverture de la fleur puis elle s’évase en entonnoir (infundibuliforme) à cinq divisions terminées brusquement par des pointes. (Perrot & Paris, 1971 ; Alwyn & Gentry, 1996).
  • Le calice tubulaire gamosépale à 5 lobes courts et anguleux, mesure environ 4 cm. Il est vert pâle ou violacé. Après floraison, il se rompt circulairement et seule sa base persiste au-dessous du fruit, le calice est marcescent.
  • L’androcée est composé de cinq étamines à anthères jaunes étroites et allongées, s’insérant sur le tube de la corolle.
  • Le gynécée est bicarpellé avec une région ovarienne à deux loges antéropostérieures surmontée d’une longue colonne stylaire .(Cazin & Cazin, 1997).
Figure 04 : Diagramme floral montrant le plan de symétrie oblique des carpelles .(Guignard, 2004).
Figure 04 : Diagramme floral montrant le plan de symétrie oblique des carpelles .(Guignard, 2004).
 Figure 05 : Fleur de Datura stramonium L.(http://delta-intkey.com/).
Figure 05 : Fleur de Datura stramonium L.(http://delta-intkey.com/).
Figure 06 : Coupe longitudinale de la fleur de Datura stramonium L ; pistil et étamine. (http://delta-intkey.com/).
Figure 06 : Coupe longitudinale de la fleur de Datura stramonium L ; pistil et étamine. (http://delta-intkey.com/).

 Le fruit tout à fait caractéristique, est une capsule ovoïde dressée, de 3-4 cm de long, entouré à la base par les restes du calice et couverte d’épines rudes d’où le nom populaire de Pomme épineuse donné à la plante. Biloculaire à l’origine, ce fruit devient tétraloculaire par formation d’une fausse cloison. Il s’ouvre à maturité en 4 valves régulières par déhiscence multiple (loculicide, septifrage et septicide), libérant ainsi de nombreuses petites graines noirâtres. (Paris & Moyse, 1971).

Figure 07 : Capsules déhiscentes de Datura stramonium L .  (http://delta- intkey.com,http:/domenicus.malleotus.free.fr).
Figure 07 : Capsules déhiscentes de Datura stramonium L .
(http://delta- intkey.com,http:/domenicus.malleotus.free.fr).
Figure 08 : Capsule ouvertes de Datura stramonium L . (http://t1.gstatic.com/).
Figure 08 : Capsule ouvertes de Datura stramonium L . (http://t1.gstatic.com/).

Les graines sont réniformes, aplaties sur une face, de 4-5 cm de long sur 2-3 mm de large et 1 à 1,5 mm d’épaisseur. Le tégument est noirâtre, plus clair au niveau du hile. La surface de la graine est chagrinée, réticulée, ponctuée. La section longitudinale montre sous le tégument, un albumen huileux, blanc, entourant l’embryon deux fois recourbé. Elles ne dégagent pas d’odeur particulière si elles ne sont pas broyées. La saveur est tout d’abord huileuse, puis âcre et nauséeuse (Paris & Moyse, 1971). 

Figure 09 : Coupe transversale d’une graine de Datura stramonium L.(Evans & Trease,1996). 
Figure 09 : Coupe transversale d’une graine de Datura stramonium L.(Evans & Trease,1996).
Figure 10 : Graine entière de Datura stramonium L et coupe longitudinale de la graine .(http://delta- ntkey.com/).
Figure 10 : Graine entière de Datura stramonium L et coupe longitudinale de la graine .(http://delta- ntkey.com/).

B.  Description microscopique

La coupe transversale de la feuille montre une petite saillie sur la face supérieure au niveau de la nervure principale ainsi qu’un fort renflement à la face inférieure.   L’arc- libéro-ligneux de la nervure est en  forme de fer à cheval  renversé, surmonté d’îlots de tissu criblé périmédullaire. ( Evans & Trease, 1996).

Figure 11 : Section transversale de la nervure principale. (Evans & Trease, 1996). (c : collenchyme .,c.l : macles d’oxalates de calcium .,d : cellules à sable .,ph : phloème .,xy : xylème .,e: endoderme).
Figure 11 : Section transversale de la nervure principale. (Evans & Trease, 1996). (c : collenchyme .,c.l : macles d’oxalates de calcium .,d : cellules à sable .,ph : phloème .,xy : xylème .,e: endoderme).

 La structure du mésophylle est bifaciale mais les deux surfaces sont recouvertes d’une cuticule lisse et possèdent des stomates et des poils. Le limbe est composé d’une seule assise de tissu palissadique. On trouve de nombreuses macles d’oxalate de calcium de 10 à 30 μm de diamètre dans le mésophylle, surtout dans l’assise sous-jacente au tissu palissadique. Par contre, on ne voit que de rares prismes.(Evans & Trease, 1996). 

Figure 12: Section transversale du limbe. (Evans & Trease, 1996).  (u.ep : épiderme supérieur avec stomates .,p : parenchyme .,ox : oxalate de calcium m : mésophylle .,l.ep : épiderme inférieur avec stomates ).
Figure 12: Section transversale du limbe. (Evans & Trease, 1996).
(u.ep : épiderme supérieur avec stomates .,p : parenchyme .,ox : oxalate de calcium m : mésophylle .,l.ep : épiderme inférieur avec stomates ).

 L’épiderme est composé de cellules à parois sinueuses mais à cuticule lisse. Les stomates sont de type anisocytiques et il y a de nombreux poils tecteurs et sécréteurs. Les poils tecteurs sont un peu incurvés, unisériés, larges à la base puis effilés jusqu’à la pointe. Ils comportent 3 à 5 cellules dont les parois épaisses sont finement verruqueuses. La cellule de base mesure plus de 50 μm.(Evans & Trease, 1996). 

Figure 13 : Observation d’un poil tecteur au microscope à balayage. (Evans & Trease, 1996).
Figure 13 : Observation d’un poil tecteur au microscope à balayage. (Evans & Trease, 1996).

 Les poils sécréteurs sont beaucoup plus courts : le pied est unicellulaire ou plus rarement bicellulaire, la tête  est composée de 2 à 7 cellules disposées en rond(Evans  Trease, 1996).

Figure 14 : Observation d’un poil sécréteur au microscope à balayage (Evans & Trease, 1996).
Figure 14 : Observation d’un poil sécréteur au microscope à balayage (Evans & Trease, 1996).

3.6 Phytochimie

 Les principaux alcaloïdes tropaniques identifiés dans les espèces de Datura sont : hyoscyamine et scopolamine ainsi que d’autre alcaloïdes tropaniques mineurs. Des exemples typiques des alcaloïdes mineurs en Datura stramonium L sont :tigloidin, aposcopolamine, apoatropin, l’ hyoscyamine N-oxyde et N-scopolamine oxide17-20. 6A-ditigloyloxytropane et 7-hydroxyhyoscyamine qui ont été signalés pour la première fois dans cette espèce. (Das et al., 2012) .

La production de l’hyoscyamine et la scopolamine en Datura stramonium L a été étudiée dans les différentes parties de la plante, à différents stades de leur cycle de vie. Les teneurs maximales ont été trouvées dans les tiges et les feuilles des jeunes plants, l’hyocyamine étant toujours le composant prédominant. Ces composés ont été inclus dans de nombreux applications pharmacologiques en   raison   de   leurs   activités anticholinergiques. (Shagal et al., 2012) .En effet les travaux de Ivancheva et al., en 2006 ont décelé que le Datura stramonium L contient divers alcaloïdes entre autre l’atropine, l’hyoscamine et la scopolamine .

Soixante-quatre alcaloïdes tropane ont été détectés à partir de Datura stramonium L . Deux nouveaux alcaloïdes tropane,3-phénylacétoxy-6,7-epoxynortropane et 7- hydroxyapoatropine ont été provisoirement identifiés. Les alcaloïdes scopoline, le 3- (hydroxyacétoxy) tropane, le 3-hydroxy-6- (2-méthylbutyryloxy) tropane, 3a-tigloyloxy-6- hydroxytropane, 3, 7-dihydroxy-6-tigloyloxytropane, 3-tigloyloxy-6-propionyloxytropane, 3 phénylacétoxy-6,7-epoxytropane, 3-phénylacétoxy-6-hydroxytropane, aponor scopolamine, 3a, 6a-ditigloyloxytropane et 7-hydroxyhyoscyamine sont signalés pour la première fois pour cette espèce (Strahil et al., 2006) . Autres alcaloïdes trouvés dans Datura stramonium L comprennent : hygrine, 3a, 6a-Ditigloyloxy-7-hydroxytropane, 6-Hydroxyhyoscyamine, pseudotropine, 3a-Tigloyloxytropane, hydroxy-6-tigloyloxytropane, Phenylacetoxytropane, 3- Tigloyloxy-6- (2-méthylbutyryloxy) tropane, l’ hyoscyamine , 3-Tigloyloxy-6-isovaleroyloxy- 7-hydroxytropane, scopolamine, tropinone, scopine, 6-Hydroxyacetoxytropane, 3,6- Diacetoxytropane,3-Tigloxyloxy-6-acetoxytropane, 3-Tigloyloxy-2-methylbutyryloxytropane, 3a, 6a-Ditiglotoxytropane 3-acétoxy-6-isobutyryloxytropan, la 3- (2-phénylpropionyloxy) tropane,littorine, 6-Hydroxyapoatropine, 3a,6a-Ditigloyloxy-7-hydroxytropane,3-Tropoyloxy- 6-acetoxytropane,3,6-Dihydroxytropane,3a-Tigloyloxytropane,3-Tigloyloxy-6-propionyloxy- hydroxytropane, 3a-Apotropoyloxytropane, Aposcopolamine, 3a, 6a-Ditigloyloxytropane, 3-(3′-Acetoxytropoyloxy)tropane,3a-Tigloyloxy-6-hydroxytropane,Tropine,3Acetoxytropane, 3-hydroxy-6-acetoxytropane,3-hydroxy-6-methylbutyryloxytropane,3-Tigloloxy-6- isobutyryloxytropane, Aponorscopolamine, 7-Hydroxyhyoscyamine, Meteloidine, 3a,6a- Ditigloyloxytropane.(Strahil et al., 2006) .

L’analyse phytochimique de la plante a révélé que Datura stramonium L contenait des saponines, des tanins et des alcaloïdes et des glucosides. Les métabolites secondaires identifiés dans les matières végétales dans l’étude de Banso A et Adeyemo S ont montré une activité antimicrobienne .(Banso, 2006).

Tableau 1: Le contenu de Datura stramonium L en atropine et scopolamine. (Elisabetta et al., 2001).

 

Echantillon Plante jeune Plante adulte
Atropine Scopolamine Atropine Scopolamine
Petites feuilles 0.0156± 0.008 0.073± 0.001 0.0165± 0.006 0.016± 0.007
Feuilles

Moyennes

0.0831± 0.008 0.047± 0.008 0.0150± 0.002 0.022± 0.005
Grandes

Feuilles

0.228± 0.004 0.035± 0.009 0.0134± 0.004 0.044± 0.006
Tiges 0.915± 0.0015 0.0129± 0.014 0.001± 0.001
Racines 0.121± 0.015 0.014± 0.004
Fleurs Bourgeons

des fleurs 0.299±0.021

0.0106± 0.031 0.270± 0.026 Fleurs ouvertes 0.066± 0.004
Fruits Péricarpe Graines Fruits immatures 0001± 0001

0.170 ±0003

 

– 0.012± 0001

Fruits matures 0001± 0001

 

 

0 .089 ±0010

      0.387± 0015  

Tableau2 : Répartition des alcaloïdes principaux de Datura stramonium en fonction des différentes parties de la plante .(Baran, 2000) . 

Partie de la plante Hyosciamine Scopolamine
Feuilles 0,4% 0,01%
Tiges 0,2% 0,05%
Racine 0,1 % 0,1%
Plante jeune 0,2%

Mécanisme d’action des alcaloïdes du Datura stramonium

Bien que les structures chimiques soient très voisines, l’atropine et la scopolamine ont, à posologie identique, des propriétés pharmacologiques différentes. Ainsi, l’atropine utilisée aux doses thérapeutiques habituelles, n’exerce que très peu d’effets sur le système nerveux central. A l’inverse la scopolamine, développe essentiellement une action centrale aux doses thérapeutiques. Cette différence s’explique vraisemblablement par une grande perméabilité de la scopolamine à travers la barrière hémato-encéphalique. (Goullé et al., 2004).

 Atropine

Cet antagonisme supprime donc les effets (de façon réversible) de la mise en jeu du système parasympathique et entraîne au niveau des organes concernés, des effets d’apparence sympathomimétique :

  • Au niveau cardiaque : à doses faibles, elle ralentit le cœur par stimulation du centre cardiomodérateur bulbaire. A des doses plus fortes, elle antagonise les effets muscariniques de l’acétylcholine et supprime ainsi l’activité frénatrice du vague, d’où l’apparition d’une (Goullé et al., 2004).
  • Au niveau vasculaire, les effets tensionnels sont peu marqués.   Mais, aux doses toxiques elle est On observe donc une vasodilatation des vaisseaux capillaires cutanés, surtout au niveau de la face (flush atropinique). (Goullé et al., 2004). 
  • Au niveau des fibres lisses, l’atropine induit un relâchement des fibres, une inhibition motrice: diminution du tonus, de l’amplitude et de   la fréquence des contractions péristaltiques intestinales,   paralysie   des uretères, induction d’une rétention urinaire, diminution du   tonus   des voies biliaires, opposition à l’activité broncho-constrictrice de l’acétylcholine. (Goullé et al., 2004).
  • Au niveau de l’ensemble des sécrétions : L’atropine tarie toute les sécrétions : salivaires, sudorales, bronchiques, lacrymales et gastriques. Aux doses toxiques, l’inhibition de la production de sueur provoque une fièvre importante.
  • Au niveau oculaire, l’alcaloïde induit une mydriase passive, par paralysie des muscles constricteurs iriens et du muscle ciliaire du On note également une paralysie de l’accommodation (ou cycloplégie) consécutive à la perte de tonus des muscles ciliaires (l’œil reste réglé pour la vision des objets lointains) et une augmentation de la pression intraoculaire. (Goullé et al., 2004).

A côté de ces effets sur le système nerveux autonome, l’atropine exerce des effets consécutifs à son interaction avec les récepteurs muscariniques centraux. Ces effets ne se manifestent généralement qu’aux doses toxiques : excitation importante, agitation, désorientation, exagération des réflexes, hallucinations, délire, confusion mentale, insomnie. (Bruneton, 2009) . L’emploi de doses plus élevées conduit après une phase de stimulation à une phase de paralysie et de coma puis à une dépression avec   défaillance circulatoire et dépression respiratoire. L’atropine est davantage prescrite en raison de ses effets beaucoup plus limités sur le système nerveux central que la scopolamine. (Goullé et al., 2004).

Hyoscyamine

C’est un isomère de l’atropine, deux fois plus actif et aussi plus toxique. Les effets nerveux sont comparables à l’atropine. (Goullé et al., 2004). 

Scopolamine

L’activité parasympatholytique de cet alcaloïde est similaire à celle de l’atropine, du moins quant à ses effets périphériques :

  • La mydriase et la cycloplégie sont plus marquées pour une même dose par rapport à l’atropine.
  • La bradycardie temporaire observée est plus marquée pour la scopolamine, mais on ne constate pas de tachycardie à la posologie ayant une action oculaire, contrairement à l’atropine.

Ses effets sur le système nerveux central sont nets et différents: action sédative, tranquillisante, hypnotique, amnésiante (Bruneton, 2009) . Elle est également susceptible de causer une certaine euphorie à l’origine d’abus. A plus fortes doses, les effets sont voisins de ceux constatés avec des doses toxiques d’atropine, à type de stimulation centrale avec agitation, hallucinations ou délire. (Goullé et al., 2004).

3.7  Utilisations ethno médicales

Le Datura stramonium L est utilisé comme remède indigène dans le folklore ou les systèmes traditionnels de médecine. Les feuilles de Datura stramonium L . sont utilisés pour le soulagement des maux de tête ainsi que ces vapeurs d’infusion sont adoptées pour revivre la douleur de rhumatismes et la goutte. La fumée de la feuille de combustion est inhalée pour le soulagement de l’asthme et la bronchite. (Paolo, 2001).

Les Graines et les feuilles de Datura stramonium L ont été utilisées pour calmer les patients hystériques et psychotiques, aussi pour traiter l’insomnie. Ils sont également utilisés pour détendre les muscles lisses du tube bronchique et le spasme bronchique asthmatique. Il a été rapporté que Datura stramonium L a été utilisé en interne médcine pour traiter la folie, l’épilepsie et la dépression. Extérieurement, il constitue la base de pommade pour les brûlures et les rhumatismes (Paolo, 2001). Il est également utilisé dans le traitement des troubles parkinsoniens et les hémorroïdes. Extérieurement, la plante est utilisée comme un cataplasme dans le traitement des fistules, des plaies et des abcès névralgie sévère.

La scopolamine est également présente dans la plante, ce qui en fait un hallucinogène cholinergique-Blocki puissant qui a été utilisé pour calmer les patients schizoïdes. Ses feuilles, contenant l’hyoscyamine et l’atropine, peuvent être utilisées comme un médicament psychotrope extrêmement puissant. Les graines de Datura stramonium L sont les plus actives en médecine ils sont des analgésiques, vermifuges et anti-inflammatoire , et en tant que tels, ils sont utilisés dans le traitement de l’ estomac et les douleurs intestinales résultant de l’ infestation par les vers, les maux de dents et de la fièvre de l’ inflammation. Le jus de fruit est appliqué sur le cuir chevelu pour le traitement de la chute des cheveux et les pellicules. Il est également appliqué pour lisser les plaies douloureuses. (Paolo, 2001).

La culture des plantes fonctionne comme un insectifuge, qui protège les plantes voisines des insectes (Das et al., 2012) . Le Datura stramonium L est principalement utilisé comme vermifuges et antiparasite dans les Marches, les Abruzzes et le Latium. (Shagal et al., 2012 ; Ertekin et al., 2005).

Tableau3 : Récapitulation de l’usage du Datura stramonium .(Henintsoa, 2011).

Maladies Partie de la plante Utilisations
Asthme, toux, tuberculose, bronchite,

maladie de Parkinson

 

Feuilles

fumées sous forme de cigarettes
hémorroïdes, maladies de la peau,

rhumatismes, maux de tête, maux de dents,

œdèmes inflammatoires

 

 

Feuilles

 

 

broyées et appliquées en cataplasme

Conjonctivite Feuilles La décoction s’emploie

en collyre

Douleurs du corps Graines L’huile sert à masser ces

Parties

3.8  Toxicité 

Toutes les parties du Datura stramonium sont toxiques et la plante dégage une forte odeur âcre repoussante qui rappelle celle des plantes de tabac (d’où l’appellation anglaise de “stinkweed”). Les composés anti-cholinergiques sont en concentrations supérieures dans les graines. La simple manutention d’une plante de Datura, peut s’accompagner de mydriase, particulièrement si la personne se touche l’œil. Ce phénomène réversible se produit à l’occasion chez les jardiniers ou les fermiers. (Bruneton, 2001).

Dans la majorité des cas, l’intoxication concerne de jeunes adultes de sexe masculin ; (Larcan, 1984). Elle est rare et réalise un syndrome anti-choli-nergique lié à la présence de différents alcaloïdes (O’Grady et al., 1983). En règle générale, elle évolue favorablement après traitement symptomatique. Les auteurs rapportent deux intoxications simultanées touchant des jeunes adultes de sexe masculin, confirmées par les dosages quantitatifs sanguins et urinaires des différents alcaloïdes. (Desachy et al., 1997) par exemples :

  • Un homme de 19 ans, sans antécédents connus, est admis aux Urgences de l’hôpital pour un état d’agitation en rapport avec l’absorption de graines de Datura stramonium et d’alcool. L’examen clinique objective une excitation psychomotrice, des propos incohérents, une tension artérielle à120/80 mm Hg, une tachycardie à 110 battements/min, une température à 37,6 °C, une mydriase bilatérale aréactive et un globe vésical. Le bilan biologique standard est normal. (Desachy et al., 1997).

L’éthanolémie est à t 0,74 g.1-1. Au plan toxicologique, la recherche dans le liquide gastrique d’ antidépresseurs tricycliques, de barbituriques, de benzodiazépines, de carbamates et de cannabinoides est négative. Le traitement comprend un lavage gastrique qui ramène des graines de Datura. Le dosage d’atropine effectué par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse donne des concentrations plasmatiques de 32 à µg/1 à la 6 e heure après l’intoxication   et de 25 µg/1 à la 18e heure. Les concentrations urinaires sont de 2 392 µg/1 et de 225 µg/1 à la 6e et à la 18 e heure. Les concentrations plasmatiques de scopolamine sont de 16 µg/1 à la 6 ° heure et inférieures à 5 µg/1 à la 18 e heure. Les concentrations urinaires sont de 499 µg/1 et de 137 µg/1 respectivement à la 6e et à la 18 e heure. (Desachy et al., 1997).

L’évolution est favorable. Les propos redeviennent rapidement cohérents, avec normalisation de la fréquence cardiaque en huit heures. La température et la pression artérielle restent normales. Le patient quitte l’hôpital 18 heures après son admission. I1 ne persiste qu’une mydriase bilatérale réactive. (Desachy et al., 1997).

L’évolution se fait parfois vers la somnolence et un coma calme entrecoupé de phases d’agitation. Le retour à la normale est plus ou moins rapide, 1 à 2 jour(s) mais aux doses élevées, les hallucinations peuvent persister 4 jours et les capacités mnésiques rester altérées pendant une semaine. A part quelques sujets, l’amnésie de tout ou une partie de l’épisode est la règle ; le dosage jouerait un rôle.

Il peut arriver que les hallucinations soient la seule traduction de l’intoxication, aucun des effets périphériques n’est alors observé. On peut aussi n’observer qu’une partie de ces signes périphériques exemple :

  • Un homme de 21 ans, sans antécédents connus, est hospitalisé pour un état d’agitation 4 h 30 environ après l’ingestion de graines de Datura et d’alcool. L’excitation psychomotrice avec hallucinations et propos incohérents est majorée à la moindre I1 existe une mydriase bilatérale aréactive, une hypertension artérielle à 170/70 mm Hg et une tachycardie à 150 battements/min. La température est à 37,5 °C. Le bilan biologique standard est normal. L’éthanolémie est à 0,52 g/1. Au plan toxicologique, la recherche dans les urines d’ amphétamines, d’opiacés, de cannabinoides et de cocaïne est négative. Le traitement se réduit à un lavage gastrique. (Desachy et al., 1997).

Les concentrations urinaires d’atropine sont de 2 306 µg/1 et de 3 051 µg/l à la 6e et à   la 18e heure et le dosage de scopolamine est de 415 µg/1 et de 2 042 µg/1 aux même heures. La recherche dans le sang d’atropine et de scopolamine n’a pas été effectuée. L’évolution est favorable avec normalisation de la tension artérielle à la 2e heure, de la fréquence cardiaque à la 9e heure et du comportement 36 heures après l’intoxication. La température reste normale. Monsieur M. quitte l’hôpital 40 heures après son admission. I1 persiste une mydriase bilatérale réactive. (Desachy et al., 1997).

Ainsi ,en interrogeant un jeune homme, il confia qu’il avait été attaqué dans sa chambre par des « cerises tueuses ennemies ». Le patient s’entretenait de manière animée avec un homme, que lui   seul pouvait voir, et il se sentait poursuivit par des araignées noires et rouges, arrivant jusqu’à ses genoux.

Aussi ,un enfant de 12 ans confondit son père avec un camarade de classe, vit des serpents sur le bras de sa mère et caressa un manteau qu’il prit pour sa mère. (Robert, 2009).

 Les décès liés à l’intoxication par datura sont très rares et la grande majorité d’entre eux sont la conséquence d‘actes inconsidérés induits par l’état mental perturbé des intoxiqués. Comme l’exemple de deux individus qui se rendirent à la piscine à la « recherche de dauphins aux yeux rouges » et se noyèrent à la suite d’une profonde somnolence. (Bruneton, 2005).

On peut cependant relever un problème d’actualité concernant les intoxications involontaires au Datura stramonium. En mai 2010, le ministère de la santé lance une alerte suite à la découverte de Datura stramonium dans des lots de haricots verts en conserve de la marque Bonduelle commercialisé en France. L’intoxication s’est limitée à trois cas avérés. Cet accident de contamination alimentaire soulève un problème actuel concernant le Datura stramonium en France. En effet, la plante pousse facilement sur les bords des parcelles, le long des routes, mais aussi dans les eaux des fossés à proximité des champs de culture. De plus, sa capacité à produire de nombreuses graines facilite sa dissémination. (Ministère en charge de la santé, 2012 ; Rivière-Wekstein, 2012).

Le retrait de certains herbicides et autres matières actives sur les plants de culture fait que la plante s’installe un peu plus dans les cultures d’haricots verts, mais aussi de maïs, de tournesol, de soja et constitue un défi actuel pour les agriculteurs. A l’heure actuelle, l’arrachage manuel et la vigilance semble être la solution de choix pour éviter la contamination des cultures. (Ministère en charge de la santé, 2012 ; Rivière-Wekstein, 2012).

La base nationale de cas d’intoxication du système d’information commun des CAPTV (Centre Anti-Poison et de Toxico-Vigilance) a publié des données épidémiologiques sur les cas d’expositions au datura toutes espèces confondues. Les résultats de la symptomatologie observée avec datura comme seul agent impliqué sont présentés dans la figure ci dessous. On retrouve en tête des symptômes la mydriase, les hallucinations et la tachycardie. (Boucher & Lagarce, 2010 ).

Figure 15 : Symptômes observés dans les cas d’exposition au datura comme seul agent impliqué (n=447). (Boucher & Lagarce, 2010 ).
Figure 15 : Symptômes observés dans les cas d’exposition au datura comme seul agent impliqué (n=447). (Boucher & Lagarce, 2010 ).

 A.  Circonstance de l’intoxication

A1  Intoxication involontaire

 Souvent l’intoxication des farines contaminées, par est accidentelle par consommation d’aliments préparés avec les graines ou de miel élaboré par des abeilles butinant des Datura (Bruneton, 2001) , bien que l’exposition est parfois involontaire par des jardiniers ou  des fermiers .(Lazzarini et al., 2006).

 A.2    Intoxication volontaire

 Le Datura est parfois mélangé à du tabac et fumer comme des cigarettes ;(Bruneton,   2001).   Certains   jeunes   la   consomment   pour   vivre   une   expérience   de toxicomanie. La    présence    de Datura   dans   l’environnement    préurbain, est en fait une drogue facilement accessible et gratuite   et   l’absence de législation reconnaissant   le Datura comme drogue contribue à vulgariser et à banaliser sa consommation. (Djibo & Bouzou, 2000).

B.    Signes cliniques de l’intoxication aiguë

 Le diagnostic de l’intoxication en urgence est clinique. Les manifestations sont dose- dépendantes, plus ou moins

marquées selon la saison (maximales à la fin de   l’été) et la fraîcheur de la plante. (Birmes et al ., 2002).

Les premiers symptômes apparaissent rapidement après l’ingestion (10-20 minutes dans le cas d’une infusion) : sécheresse des muqueuses et mydriase sont quasi constantes, présence plus ou moins d’une faiblesse musculaire pouvant aller jusqu’à une incapacité à se tenir debout et des troubles visuels.

Ensuite apparaissent des troubles du comportement : à type de désorientation spatio- temporelle. L’individu peut-être agité, ataxique, parfois convulsif ou agressif ;   son langage est souvent incohérent. Il est parfois trouvé dans un état profond de coma dont le diagnostic peut-être difficile. Il peut arriver que le sujet décède avant de pouvoir être pris en charge.

Le bilan biologique sanguin est souvent normal hormis une rare hyperleucocytose. (Bruneton, 2005 ; Robert et al., 2009).

L’examen des patients révèle dans la plupart des cas, une sécheresse des muqueuses, une mydriase marquée et si la dose est suffisante, une élévation de la température corporelle jusqu’à 39,5°C et plus. La tachycardie est importante souvent égale ou supérieure à 120 battements par minute, voir supérieure à 150. L’individu est congestionné, sa face et son cou sont rouges, sa peau chaude et sèche. Ces symptômes caractéristiques furent résumés par H.G Morton en des termes imagés et souvent repris depuis : « Hot as a hare, blind as a bat, dry as a bone, red as a beet and mad as a hen. » (Chaud comme un volcan, aveugle comme une chauve-souris, sec comme un squelette, rouge comme une betterave et agité comme une poule). (Bruneton, 2005 ; Robert et al., 2009).

Mad as a hen : L’individu ne reconnaît pas ses proches, semble attraper des objets imaginaires et dialogue avec des individus imaginaires, parfois avec une élocution perturbée. Les hallucinations visuelles, auditives voire tactiles sont quasi constantes et apparaissent 2 à 4 heures après la prise : objets en déformation, animaux fantastiques, monstres, insectes, apparition et disparition de personnes, visions colorées de formes géométriques sont régulièrement évoquées. (Bruneton, 2005 ; Robert et al., 2009).

C.    Dose toxique

Dans le Datura, la teneur en alcaloïdes oscille entre 0,2 et 0,6 %. Le Datura est riche en scopolamine il atteint 33 % des alcaloïdes totaux contre 67 % pour l’atropine et la L- hyoscyamine. La dose toxique chez l’enfant est de 2 à 5 g de graines (0,1 mg/kg exprimé en scopolamine) en sachant que 1 graine pèse environ 8 mg, 1 g = 125 graines donc la dose toxique est atteinte pour 250 à 625 graines. La dose létale de l’adulte est de 10 à 12 g de graines ce qui fait 1250 à 1500 graines (soit plus de 2   à 4 mg de scopolamine) .(Goullé et al., 2004).

Pour les graines de la stramoine, les quantités toxiques peuvent être appréciées à partir de la teneur en alcaloïdes. Le taux scopolamine/atropine varie de façon importante selon la variété. Une centaine de graines représenteraient donc de 1,6 mg à 2,7 mg d’alcaloïdes, en prenant un taux moyen. Il a cependant été observé que 30 à 50 graines induisent mydriase et hallucinations visuelles chez la majorité des sujets concernés. ( Bruneton, 2005) .

Les différences entre les dosages des analyses toxicologiques peuvent s’expliquer d’une part par la différence de plants de datura utilisés entre deux individus et par les parties utilisées, à une période différente dont on sait qu’elle peut influencer sur les concentrations. D’autre part elle peut s’expliquer par les délais différents entre consommation et dosage une fois aux urgences. ( Marc et al., 2007).

D.    Diagnostiques

D.1 Diagnostiques différentiels

 Il prendra en compte l’intoxication ou l’affection responsable de troubles digestives, nerveux et cardiaques. (Jouve, 2009).

 D.2  Diagnostique expérimental

 On pourra procédée à l’examen macroscopique voir microscopique du contenu ruminal. On peut également doser les hétérosides cardiotoniques dans le sérum ou différents tissus par chromatographie sur couche mince et spectrofluorimétrie ou par radio- immunologie. (Jouve, 2009).

3.9  Traitement

Le traitement comporte 2 volets essentiels :

A.  Décontamination gastrique

 Les vomissements provoqués ne sont pas recommandés car il existe un risque potentiel de survenue de convulsions et de dépression du SNC( système nerveux central).

Le lavage gastrique reste un moyen efficace même réalisé tardivement (4h après), du fait que les atropiniques en général entraînent un ralentissement de la vidange gastrique. Le charbon activé aux doses usuelles est recommandé chez l’adulte et l’adolescent : 25 à 100 g, chez l’enfant de 1 à 12 ans : 25 à 50 g, chez l’enfant de moins d’1 an : 1g /k . (Bellakhder ,1997).

 B. Traitement symptomatique

  • Mise au calme du sujet
  • Diazépam en cas d’agitation, de délire, d’hallucinations et/ou de convulsions la dose de 5 à 10 mg chez l’adulte à répéter toutes les 10 à 15 min si nécessaire, chez l’enfant : 0.2 à 0.5mg /kg à répéter toutes les 5 min si nécessaire sans dépasser 2 à 6 mg/j. Les phénothiazines, du fait de leur action anticholinergiques, sont à proscrire car elles peuvent potentialiser l’effet toxique du datura .(Bellakhder, 1997).
  • Sondage vésical pour lutter contre la rétention
  • Moyens physiques (glaçage, bain tiède…) contre l’hyperthermie.
  • Monitorage cardiaque afin de permettre un meilleur contrôle du
  • Intubation et ventilation assistée en cas de (Bismuth et al., 2000).

Source:

BEN BORDI, Asma et HEZLA, Maroua 2016 Contribution à l’étude d’une plante toxique la Stramoine (Datura stramoniumL.) dans la Wilaya D’El OUED.

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