3.1- Le hasard d’une fécondation croisée
La présence dans le même milieu écologique de plusieurs espèces de tomates rend vraisemblable l’hypothèse de croisement spontanés entrainant des mutations au sein des premières populations sauvages. Certains de ces croisements, trop instables, ne se maintiennent pas, les individus mutants étant soumis aux lois de la nature. Seules quelques-uns survireront, s’adopteront ; la tomate est née d’un accident génétique, d’un croisement imprévisible (DANNEYROLLES, 1999).
Jusqu’au début du 20eme siècle, les variétés cultivées provenaient d’introductions à partir de son air naturel ou mutations et hybridations naturelles.
Ce n’est que dans les années 1920 qu’un véritable programme d’amélioration génétique de la tomate a commencé aux États-Unis. En France, ce n’est qu’après 1950 que l’INRA commença à mener des recherches sur la tomate (POLESE, 2007).
La tomate cultivée « Lycopersicon esculentum Mill » appartient à la famille des solanacées. C’est une espèce diploïde avec 2n = 24 chromosomes. Chez laquelle, il existe de très nombreux mutants mono-géniques dont certains sont très importants pour la sélection. Il s’agit de mutants morphologiques, de résistance aux maladies ou de marqueurs iso-enzymatiques (RICK, 1979 in PHILOUZE et LATERROT, 1992).
Cette richesse en mutants mono-géniques a permis la construction de la carte chromosomique de la tomate. Plusieurs centaines de marqueurs moléculaires sont disponible chez la tomate (PHILOUZE et LATERROT, 1992).
3.2- Hybride F1
Les sociétés d’amélioration des tomates ont produit ce que l’on appelle les hybrides F1. Ce sont des plantes issues de graines qui ont été multipliées par le biais d’une pollinisation manuelle et où les lignées mâle et femelle des parents sont contrôlées (SHANKARA et al ,2005). Les graines des hybrides ne peuvent être ressemées l’année suivante. Non pas qu’elles soient stériles, mais une loi génétique fondamentale s’applique : le semis des graines du fruit d’un hybride de première génération (F1) donne dans certain désordre les caractères des parents. On ne trouve pas les qualités supposées de l’hybride, mais une multitude d’individus (DANNEYROLLES, 1999).
Le premier hybride F1 est créé en 1946[. Le relais est pris en Europe après-guerre, notamment en France sous l’égide de l’INRA (BAI et LINDHOUT, 2007).
Parmi les hybrides qui ont connu un beau succès, Montfavet 63-4 et Montfavet 63-5, obtenus au début des années 1960 et qui ont été de véritables fers de lance pour la sélection de ce type d’hybrides (POLESE, 2007).
Ces dernières années, de nombreuses techniques de croisement ont permis d’améliorer considérablement la tomate. On parvient le plus souvent à créer de nouveaux hybrides F1 en croisant des cultivars existants ou des lignées pures sélectionnées (PAPADOPOPOULOS, 1991).
3.3- Les Objectifs de l’hybridation
Il existe toujours une histoire en marge de l’histoire officielle : « l’hybridation avait dépossédé le jardinier de ces graines, mais quelques-uns avaient sauvegardé les innombrables variétés de tomates et de bien d’autres légumes » (DANNEYROLLES, 1999).
Pour l’agriculteur, l’intérêt de l’hybridation notamment « hybride F1 »est double : la productivité et l’adaptation à la mécanisation.
Donc les programmes de sélection ont certains objectifs en commun :
- Les hybrides F1 bénéficient d’une vigueur exceptionnelle « effet hétérosis » supérieure à celle des deux lignées parentales (SOLTNER, 1999) ;
- Les variétés hybrides ont d’excellents rendements, et sont souvent résistantes à plusieurs maladies (POLESE, 2007) ;
- Ces hybrides combinent les caractéristiques de haut rendement, bonne résistance contre les maladies (la résistance aux maladies implique moins de traitements aux pesticides; et le rendement plus élevé ouvre la possibilité d’aller vendre les tomates au marché), ainsi que d’autres qualités spécifiques par rapport à la plante et aux fruits (SHANKARA et al, 2005) ;
- Les variétés hybrides F1 recueillent progressivement tous les types de cultures, en commençant par les cultures sous serre puis cultures tuteurées et non tuteurées de plein champs pour le marché de frais, enfin pour les industries où les hybrides sont d’introduction récente (PHILOUZE et LATERROT, 1992) ;
- En revanche, Pour cultiver des hybrides, il faut acheter de nouvelles graines à chaque campagne (SHANKARA et al, 2005), les qualités des hybrides F1 sont perdues dans leur descendance (PHILOUZE et LATERROT, 1992).