L’importance des vers de terre est connue depuis des siècles. Au temps de la Grèce antique, le mode de vie et l’utilisation des vers de terre étaient bien connus et Aristote (350 av J.C) les appelait « Les intestins de la terre » probablement du fait qu’ils vivent et se déplacent sous la terre, “tout en la digérant” (Minnich, 1977 ; Kevan, 1985).
Charles Darwin est l’un des premiers scientifiques fondateurs de l’écologie des sols, à donner foi à la logique sur les effets bénéfiques des vers de terre sur les sols et la croissance des plantes, et donc sur la survie humaine. En 1881, il publie son dernier livre « La formation de la terre végétale par l’action des vers de terre avec des observations sur leurs habitudes ». Ce livre illustre l’importance de l’activité des vers de terre dans une grande variété de thèmes qui restent d’actualité : la pédogénèse, les processus d’altération, la différenciation d’horizons du sol et la formation de la terre végétale…etc. Il disait : « les vers de terre ont joué un rôle dans l’histoire du monde, plus important que ce que la plupart des gens peuvent le supposer … et l’humus qui couvre, comme un manteau, la surface de la terre a traversé plusieurs fois leur corps» (Darwin, 1881).
En effet, ils ont une importance primordiale dans la production primaire ; puisque qu’ils jouent un rôle essentiel dans la formation et l’entretien des sols fertiles et de leurs effets sur le recyclage des éléments nutritifs, le maintien de la fertilité et la structure des sols (Lee, 1985 ; James, 1991 ; Bohlen et al., 1997).
A l’époque babylonienne, ils étaient utilisés en médecine comme des lumbagos (Michaelsen, 1930) et dans l’Empire égyptien, ils servaient d’indicateurs météorologiques (Righi, 1997), l’importance des vers de terre dans la vallée du Nil étaient reconnue, à tel point que Cléopâtre (69-30 av J.C) décréta le ver de terre comme un animal sacré (Minnich, 1977). De l’antiquité à l’époque de Darwin, de rares informations sur les vers de terre sont disponibles (Agricola, 1549 cité par kevan 1985). Tout au long du 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle, la majorité des gens considéraient le ver de terre comme nuisible (White, 1789 ; Château neuf, 1844 ; Walton, 1928; Graff, 1983). Quelques côtés positifs des vers de terre ont été mentionne, notamment pour certaines médecines et comme aliments pour certains peuples indiens ou comme appât pour la pêche (Feller et al., 1997, 2003).
Les lombriciens font partie des animaux terrestres les plus anciens. Ils sont omniprésents dans tous les sols capables de soutenir les plantes. Ils se reproduisent partout, mais rarement dans les déserts, lieux constamment enneigés, les sommets des montagnes et les zones manquant presque ou entièrement en sol et végétation. Ils constituent un composant important de la communauté invertébrée dans la plupart des sols, où ils peuvent dominer l’ensemble de la macrofaune du sol sur le plan densité et biomasse souterraine globale. Ils peuvent atteindre respectivement 1 million d’individus à l’hectare et 2 tonnes par hectare (Lavelle, 1983). Dans les forêts tropicales, les lombriciens représentent environ 50% de la biomasse de la macrofaune du sol (Fragoso et Lavelle, 1992).
Les lombriciens sont également d’intérêt phylogénétique et biogéographique puisqu’ils sont un ancien groupe avec des déplacements généralement faibles et surtout confinées dans leur région d’origine. A tous les stades de leur cycle de vie, leur mobilité est généralement limitée aux petites zones, exceptions pour les espèces euryhaline (tolérante au sel), et d’autres qui peuvent profiter d’une aide naturelle en s’accrochant sur des troncs d’arbre flottants en aval ou de transport dans la boue sur les pieds des oiseaux ou entre les sabots des animaux. La plupart sont incapables de survivre aux dessèchements ni aux expositions de soleil ou ni encore à l’eau salée.
De tels dispositifs sont les barrières naturelles contre la dispersion ou la migration des espèces de ver de terre (Lavelle, 1992).
Puisqu’ils sont mous, les fossiles sont rares. Leur répartition biogéographique est interprétée par les événements géologiques tel que les théories de la tectonique des plaques et de la dérive des continents qui cherchent toujours la validation de distribution actuelle et passée des diverses familles de ces vers de terre (Lavelle et Martin, 1992).
Certaines espèces de ver de terre sont largement distribuées à cause des transports involontaires, suivant les traces de pérégrinations humaines liées particulièrement à l’agriculture et au commerce.
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