L’homme a toujours eu des ennemis dont il voulait réduire l’abondance, que ce soit d’autres hommes ou des ravageurs, dont l’importance et les impacts ont varié au cours de l’histoire. Aussi, depuis le début de l’agriculture, il y a environ 10 000 ans, les fermiers ont rencontré divers problèmes liés aux organismes nuisibles qui ont augmenté avec l’intensification des cultures. Sera présenté dans cette section un bref historique de la lutte biologique (NOÉMIE, 2010).
a. Dans le monde
La première utilisation référencée de lutte biologique a été effectuée par les Chinois, dans les environs de l’an 304 avant Jésus-Christ. Dans les vergers d’agrumes, les fermiers utilisaient des fourmis tisserandes (Oecophylla smaragdina Fabricius) indigènes qui consommaient une variété de ravageurs pour protéger les fruits (PENG, 1983). Comme les fermiers favorisaient également la dispersion de ces fourmis en installant des tiges de bambou entre les arbres, il s’agissait de lutte biologique à la fois d’augmentation et de protection.
Des recherches sur les prédateurs, parasitoïdes et maladies s’attaquant aux ravageurs jalonnent l’histoire mais c’est surtout vers la fin du XIXième et au XXième siècle que les principales découvertes et expériences se font (WAAGE, 2004). En 1868, la cochenille australienne (Icerya purchasi Maskell), un insecte parasite qui suce la sève des arbres d’agrumes, a été accidentellement introduite en Floride. Suite aux dommages considérables à l’industrie et en l’absence d’autres moyens de lutte, un entomologiste introduisit une coccinelle naturellement prédatrice (Rodolia cardinalis Mulsant) de la cochenille en Australie, ce qui mena au premier grand succès de la lutte biologique classique (JOURDHEUIL et al., 1991). Les scientifiques croient alors que la lutte biologique est la solution à tous les problèmes et de nombreux insectes sont introduits en Amérique de façon maladroites, sans études préliminaires sérieuses ni période de quarantaine (TURNBULL et CHANT, 1961). Heureusement, aucun de ces organismes n’a causé de tort sérieux à l’environnement.
La lutte biologique est dans l’air au Canada depuis la fin du XIXième siècle. Les premiers parasitoïdes exotiques destinés à la lutte antiparasitaire arrivent en 1882 pour lutter contre un ravageur des groseilles et du cassis. Des œufs de mouche à scie du groseillier (Nematus ribesii Scopoli) infestés de trichogrammes (minuscules guêpes parasitoïdes) sont importés de l’Europe par l’état de New-York (TURNBULL et CHANT, 1961) pour stopper ses dommages.
Au Québec et en Ontario, depuis 1984, le Bt est le seul produit qui est recommandé pour l’usage en forêt contre la tordeuse et d’autres insectes, soit certains lépidoptères, diptères et coléoptères, selon la variété de Bt (SMIRNOFF, 1991).
Ainsi, en 1986, l’Ontario décide de bannir l’utilisation de pesticides sur les forêts.
Une telle initiatique aurait pu avoir de graves impacts sur la forêt mais elle a plutôt incité la recherche sur le Bt et la production à grande échelle de trichogrammes contre la tordeuse de l’épinette (Choristoneura sp.) en créant un marché important (U.S. CONGRESS, OFFICE OF TECHNOLOGY ASSESSMENT, 1995).
b. En Algérie
C’est en 1922 que les premières tentatives d’acclimatation et d’utilisation d’auxiliaires ont été faites en Algérie notamment avec des coccinelles Novius (Rodolia) cardinalis pour lutter contre la cochenille australienne Icerya purchasi. En effet cette cochenille, introduite à Boufarik en provenance de la côte d’Azur, faisant d’énormes dégâts sur agrumes. (DOUMANDJI et al., 2014).
En 1925 une autre coccinelle Pharoscymnus ancharago et un coléoptère Nitidulidae Cybocephalus seminulum ont été ramenés d’El Goléa vers Béchar pour lutter contre la cochenille blanche du palmier-dattier, Parlatoria blanchardi , qui causait des dégâts importants en palmeraies. Quelques mois plus tard les prédateurs introduits s’étaient bien maintenues. (DOUMANDJI et al., 2014).
Quelques années plus tard, en 1931, ce fût toujours une coccinelle Cryptolaemus montrouzieri, qui fût utilisée pour lutter contre la cochenille farineuse, Pseudococcus citri qui infestait les agrumes et de nombreuses plantes de serres. Ces trois coccinelles prédatrices ont été lâchées contre trois cochenilles redoutables s’attaquant aux agrumes et aux palmiers dattiers. (DOUMANDJI et al.,2014).
Ce n’est que plusieurs années plus tard, que des essais de lutte biologique ont été entrepris contre la pyrale des dattes Ectomyelois ceratoniae (Lepidoptera, Pyralidae) par l’utilisation de l’ooparasitoide ou parasitoide embryonnaire Trichogramma embryophagum (Hymenoptera, Trichogrammatidae) dans des vergers de Citrus en Mitidja en 1983 dans des palmeraies de Ouargla en 1986 (DOUMANDJI et al., 2014).
L’aleurode floconneux Aleurothrixus floccosus (Homoptera, Aleyrodidae) a été introduite accidentellement en Algérie plus exactement en Oranie en 1981 en provenance d’Espagne ou du Maroc. En 1986 elle s’est propagée jusqu’à Skikda et Annaba. Suite aux résultats satisfaisants obtenus avec l’utilisation du parasitoïde Cales noacki (Hymenoptera, Aphelinidae) dans plusieurs pays méditerranéens (DOUMANDJI et al., 2014).
Source:
Saighi Imane et Ben Hamdi Merièm 2020 . Identification et caractérisation des maladies fongiques de pomme de terre et essai de lutte biologique par les extraits végétaux dans la région d’EL-Oued.
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