En Algérie, la filière des viandes rouges repose sur des élevages bovins et ovins alors que les élevages camelins et caprins restent marginaux. Largement extensifs, ces élevages sont articulés à un marché interne fort rémunérateur du fait du maintien de la demande à un niveau relativement élevé et de la faible élasticité de la production. Avec près de 19 millions de têtes, essentiellement des populations locales, le complexe « ovin- céréales -pâturage »domine ces filières. Ce complexe fonctionne sur un marché intérieur libre isolé du marché mondial, ce qui a permis aux prix intérieurs d’atteindre des niveaux excessivement élevés et autorisé la constitution de rentes à tous les niveaux de la filière(FERRAH A, Cabinet greedal.com, 2004/2005) .
Tableau 01 : structure du cheptel de ruminants en Algérie:
Élevages | Nombre d’exploitations | Effectifs (têtes ) | Structure générale (%) | Taille moyen des élevages (têtes ) |
Bovins Dont vaches Laitières |
214925 214925 |
1 464 663 655 285 |
28 12 |
6,8 3,0 |
Ovins Dont brebis |
346031 314766 |
18 738 166 7 649 333 |
53 22 |
54,2 24,3 |
Caprins | 206391 | 3 186 878 | 9 | 15,4 |
Dont chèvres |
185709 | 1 275 871 | 4 | 6,9 |
Camélidés Dont chamelles |
10560 9847 |
333 933 169 146 |
10 5 |
31,4 17,2 |
Source : données du recensement général de l’agriculture RGA .( FERRAH 2005) .
Le niveau élevé des prix sur les marchés intérieurs traduit la synergie qui d’établie entre plusieurs facteurs :
- un marché interne libre immerge dans les structures de l’économie informelle
- une forte demande générée par les catégories sociales à revenus élevés et spécificité du marché algérien (sacrifices rituels de l’Aïd et forte demande durant le mois de Ramadhan)
- Une faible élasticité de la production locale découlant de la faible productivité zootechnique des élevages ovins et bovins
- Un niveau de protection trop élevé, voire dissuasif, accentué par les politiques de restriction draconienne à l’importation des viandes liées aux mesures de protection sanitaires (Fièvre aphteuse, Dioxine, vache folle). La récente levée des restrictions sanitaires et la réouverture du marché européen des viandes fraîches réfrigérées one certes permis le développement des flux d’importation en viande, dont les volumes se sont accrus de 146% durant la période 2003- 2005, mais n’ont pas permis pour autant la stabilisation des prix sur les marchés intérieurs( FERRAH 2005) .
Tableau 02: évolution de la production des viandes rouges en Algérie.
Année | 1990-1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 |
Production | 290 150 | 250000 | 259 800 | 290 762 | 300 469 |
Source : MADR-DRDPA ,2004 (cité par FERRAH 2005)
Tableau 03 :évolution des importations des viandes rouges réfrigérées et congelées
Années | 2003 | 2004 | 2005 |
Volumes (tonnes) |
38 669 | 84 738 | 95 126 |
Valeur (USD) | 69,1 | 172,1 | 220 |
Source : SNIC – Douanes Algériennes (cité par FERRAH A 2005)
Tableau 04 : Évolution des effectifs des principaux cheptels en Algérie (FAO STATISTIQUES 2007) .
Année | Bovins | Ovins | Caprin | Camelin | Équidés |
1994 | 1.269.130 | 17 .841.840 | 2.543.790 | 114,120 | 62.160 |
1995 | 1.266.620 | 17.301.560 | 2.779.790 | 126.350 | 62.160 |
1996 | 1.227.940 | 17.565.400 | 2.894.770 | 136.000 | 60.000 |
1997 | 1.255.410 | 17.387.000 | 3.121.500 | 150.870 | 52.370 |
1998 | 1.317.000 | 17.948.840 | 3.256.580 | 154.310 | 45.990 |
1999 | 1579.653 | 17.988.480 | 3.061.660 | 220.000 | 46.000 |
2000 | 1519.259 | 17.651.928 | 3.026.731 | 235.000 | 43.830 |
2001 | 1.613.027 | 17.298.786 | 3.129.400 | 245.480 | 43.340 |
2002 | 1.527.000 | 18.738.200 | 3.186.878 | 245.000 | 44.000 |
2003 | 1.540.000 | 18.700.000 | 3.200.000 | 245.000 | 44.000 |
2004 | 1.560.000 | 18.700.000 | 3.200.000 | 245.000 | 44.000 |
2005 | 1.560.000 | 18.700.000 | 3.200.000 | 245.000 | 44.000 |
2006 | 1.607.890 | 19.615.730 | 3.754.590 | 286.670 | 43.570 |
Le tableau 4 montre l’importance de la production ovine par rapport aux autres espèces(19.615.730 en 2006). Ceci est du aux caractéristiques que les ovins présentent ; ils s’adaptent bien aux différentes conditions climatiques et résistent aux maladies.En outre, leurs coûts d’élevage sont plus bas que ceux des bovins. La consommation des aliments de base, exprimée en kilogramme par individu et par an,constitue un bon critère pour la comparaison du niveau de vie dans les différents pays(FRAYSSE et DARRE, 1990) .
A titre d’exemple, les habitants des pays européens consomment 100kg/ habitant/an(MOULAY et HAMIDAT 2006) alors que dans un pays en voie de développement comme l’Algérie, on consomme 7 kg/habitant/an(ministère algérien du commerce, 2005) .
Production des viandes rouges en Algérie
La filière viandes rouges en Algérie repose globalement sur des élevages bovins et ovins. L’élevage camelin reste marginalisé et confiné aux régions du Sahara. Par ailleurs,la production de viandes rouges obéit à la seule logique de l’offre et de la demande(Ben frid, 1998 ; Ferrah, 2005; Sadoud, 2010) .
Selon les données estimées par la FAO (2013) , la production en viande rouge a connu une croissance continuelle durant la période 2005-2010. Cependant, le tonnage de viande produite pour l’année 2011 a chuté pour toutes les espèces à l’exception du camelin, qui est passé de 3 900 tonnes en 2005 à 5 190 tonnes en 2011 (FAO stat, 2013) .
Les viandes rouges et plus précisément la viande ovine algérienne est l’une des plus chères au monde. L’offre en viande bovine algérienne, pour l’année 2012, est très insuffisante, le déficit est aggravé par la pénurie en viande ovine.Bien que le marché soitévolutif, les importations algériennes sont actuellement constituées de 80% de viandebovine congelé et 20% de viande fraîche. La viande ovine est occasionnellement importée(Hirondel, 2012) .
L’importation de viande a représenté en 2011, un total de 81,09 millions de dollars US soit 1,65% du total des biens alimentaires importés.Ce chiffre a augmenté de 42,30% au premier semestre 2012, pour atteindre 115,39 millions de dollars US soit2,67% des biens alimentaires importés (Ministère des finances, 2012) .
L’importation présente un appoint pour les besoins des collectivités et des périodes de grande consommation afin de limiter les prix. Cependant, Le consommateur algérien préfère l’offre locale en matière de viande, de qualité irrégulière mais moins chère (Benfrid, 1998) .
L’insuffisance de la production animale que connait l’Algérie ces dernières années est due à l’augmentation de la demande, aux changements climatiques et à la diminution des ressources fourragères.Le niveau élevé des prix sur les marchés algérien traduit la synergie qui s’établie entre plusieurs facteurs (Farrah, 2005) .
Consommation des viandes rouges en Algérie
Le niveau de consommation des viandes rouges se situerait actuellement à 14kg/habitant/an, un niveau relativement faible comparativement aux pays industrialisés. Entermes d’habitudes alimentaires, le marché Algérien est de prime abord un marché deconsommation de viandes fraîches ovines et bovines ; les viandes camelines et caprinessont marginalement consommées. Cette viande n’étant consommée que dans le Sud dupays (CENEAP, 2010) .
Les bilans de production en rapport avec le niveau de consommation sont difficiles àétablir en raison des abattages non contrôlés (Sadoud, 2010) .
Il a été relevé, depuis l’année2002, l’apparition d’une tendance à la consommation des viandes rouges congeléesconsécutivement à la réouverture du marché Algérien aux viandes importées(Sadoud,2010) .
Source:
Melle Ameur samia, Mme Amel nadjet 2017 ,
Essai comparatif entre la viande ovine locale et importée.