1- Dangers liés à la santé humaine
La Révolution verte nous a enseigné que l’emploi intensif de pesticides et d’engrais est nocif pour les écosystèmes et par conséquent pour la santé de l’animal et de l’homme. Plus de 150 études réalisées dans 61 pays et régions du monde ont abouti à la constatation de présence des résidus de pesticides dans les tissus adipeux, le cerveau, le sang, le lait maternel, le foie, le placenta, le sperme et le sang du cordon ombilical (Rachel, 1962).
L’épidémiologie a ainsi montré que les personnes exposées aux pesticides encourent plus de risque, de développer de nombreuses pathologies telles que: le cancer (Pluygers et al., 1994), les problèmes neurologiques (Jamal, 1997), les malformations congénitales (Bell et al., 2001), les problèmes d’infertilité (Greenlee et al., 2003), ou encore le système immunitaire affaibli (Thomas et al., 1988).
Jeyaratnam. (1990) a notifié que deux millions de cas de personnes ont été hospitalisées pour cause de tentatives de suicide avec des pesticides et a conclu que les intoxications par les pesticides peuvent constituer, dans certains pays en développement, un grave problème de santé publique comme le sont les maladies contagieuses. Selon un rapport de la Banque mondiale (WB, 2008), 355.000 personnes dans le monde meurent chaque année d’empoisonnement involontaire dû à des pesticides.
2- Effet des pesticides sur la biodiversité
1 211 espèces d’oiseaux (12 % du total) sont considérées comme étant menacées dans le monde, et 86 % de celles-ci sont menacées par la destruction ou la dégradation de leur habitat. Pour 187 espèces d’oiseaux menacées dans le monde, la première source de pression est la pollution chimique, comprenant les engrais, les pesticides et les métaux lourds pénétrant les eaux de surface et l’environnement terrestre (Berny et al., 1997).
Les herbicides peuvent provoquer des changements de végétation et d’habitat qui menacent les mammifères. En France, des renards ont été empoisonnés par des résidus de bromadiolone contenu dans le tissu corporel de leurs proies (Berny et al., 1997).
Au moins 25-35% des petits mammifères prédateurs (putois, hermines et belettes) échantillonnés ont été exposés aux rodenticides, et ce chiffre est peut-être sous-estimé (Shore et al., 1999). Au Royaume- Uni, suite au contrôle de la population de rats aux rodenticides, les populations locales de mulots sylvestres, campagnols roussâtres et campagnols agrestes ont décliné de manière significative (Brakes et Smith, 2005). Le nombre de vers de terre était 1,3 à 3,2 fois supérieur dans les parcelles biologiques comparées aux parcelles conventionnelles (Mäder et al., 2002).
Les insecticides à large spectre comme les carbamates, les organophosphorés et les pyréthroïdes peuvent provoquer le déclin de population d’insectes bénéfiques tels que les abeilles, les araignées et les coléoptères.
Beaucoup de ces espèces jouent un rôle important dans le réseau alimentaire ou comme ennemis naturels des insectes nuisibles. Plusieurs hypothèses relient la surmortalité des abeilles connue en Europe, depuis le début des années 2000, à l’emploi de néonicotinoïdes.
La Commission européenne a d’ailleurs proposé aux Etats membres de suspendre pendant deux ans l’utilisation de trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes sur les semences, en granulés et en pulvérisation, pour les plantations qui attirent les abeilles (colza, tournesol, maïs et coton). D’après la FAO 71% des espèces cultivées qui fournissent 90% des aliments mondiaux, sont polinisées par des abeilles (Arbach, 2012).
Plusieurs études ont montré que l’utilisation intensive des pesticides affecte la fertilité du sol. La longueur des racines de plantes colonisées par les mycorhizes était ainsi 40% plus élevé dans les systèmes biologiques que dans les exploitations conventionnelles (Mäder et al., 2002).
Boldt et Jacobsen. (2006) ont montré aussi que les herbicides sulfonylurées metsulfuron et dans une moindre mesure le chlorsulfuron sont à l’origine d’une réduction de la croissance des bactéries du sol Pseudomonas. Par ailleurs, en Afrique du Sud, l’activité des organismes du sol était plus importante dans les sols des vignobles biologiques que dans ceux des sites traités conventionnellement (Reinecke et al., 2008).
Le captane (un fongicide) et l’herbicide (glyphosate) ont également causé un changement parmi les espèces des communautés bactériennes du sol (Widenfalk et al., 2008). Certains insecticides organophosphorés (le dimethoate par exemple) peuvent réduire l’activité et la biomasse des micro-organismes de sol (Eisenhauer et al., 2009).