Généralités sur la salinité

Généralités sur la salinité Conséquences de la salinité sur la plante
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Plusieurs auteurs ont défini la salinité des sols et des eaux comme étant la présence de concentration excessive de sels solubles, ou lorsque les concentrations en (Na+), (Ca++), (Mg++) sous formes de chlorures, carbonates, ou sulfates sont présentes en concentrations anormalement élevées (Asloum, 1990). Ce type de stress est essentiellement dû au NaCl en conditions naturelles (Sun et Zheng, 1994). Il caractérise les zones arides et semi arides, surtout là où l’irrigation est pratiquée (Ashraf, 1994). La salinité déclencherait un stress environnemental très significatif chez les plantes cultivées, qui constitue un obstacle majeur sur la productivité agricole.

1.    Définition de sols salés (sols halomorphes)

Les sols salins sont naturellement présents sous tous les climats et sur tous les continents. Ils sont là où l’évaporation excède les précipitations pluviaux de façon permanente ou temporaire, ils sont étroitement liés à une source de salinité d’ordre géologique (évaporites), hydrogéologique (eaux souterraines) ou hydrologique (eaux marines)(Girard et al., 2005).

Les sols salés sont ceux dont l’évolution est dominée par la présence de fortes quantités de sels solubles, ou par la richesse de leur complexe absorbant en ions, provenant de ces sels et susceptibles de dégrader leurs caractéristiques et propriétés physiques, en particulier leur structure. On parle en général de sol salé lorsque la concentration des solutions dépasse 0,5g/l (Robert, 1996). Selon Calvet (2003), un sol est dit salé quand la conductivité électrique est supérieure à 4ds/m. Génétiquement, les sols sont constitués par deux unités très différentes, les salisols, dans lesquels les sels sont formés de sodium, de calcium ou de magnésium sont sous la forme de sels solubles simples ou complexes. Les sodisols à complexe sodique dans lesquels les cations, essentiellement le sodium sont sous la forme échangeable, les sels solubles étant très peu abondants (Bouteyre et Loyer, 1992).

2.    Notion de la salinisation

C’est un processus d’enrichissement d’un sol en sels solubles qui aboutit à la formation d’un sol (IPTRID, 2006). Une salinisation trop importante accompagnée parfois d’une alcalinisation du complexe absorbant des sols (IRD, 2008). Ce sont là les types de dégradation les plus fréquentes et souvent liées à la désertification. Plus l’aridité est forte, plus l’irrigation est incontournable à la culture, et plus son usage est risqué.

La salinisation peut avoir une origine naturelle: faible précipitations, évaporation intense, existence d’une roche mère salée (Forster et al., 1990), elle représente 80% des terres salines et appelé salinisation primaire.

Elle peut aussi provenir d’une eau d’irrigation saumâtre voire même de l’utilisation excessive d’engrais, et la remontée capillaire des eaux souterraines salines (Forster et al., 1990).

Figure. 1: Origines de la salinisation (IPTRID, 2006)
Figure. 1: Origines de la salinisation (IPTRID, 2006)

3.    Classification des sols salés

Selon Duchaufour (1983), deux sous classes de sols halomorphes sont distinguées:

3.1.    Sols à complexe sodique ou sols alcalins(les solonetz)

Caractérisés par une saturation marquée en (Na+) et une accumulation des sels en profondeur. Ces sols se caractérisent par la présence d’une quantité importante de sodium qui dépasse les 15% de le C.E.C (capacité d’échange cationique). La conductivité électrique(C.E) ne dépasse pas 4ds/m à 25°C et le pH est supérieur à 8,5. La relative abondance de l’ion sodium, dans la garniture ionique absorbant, peut avoir deux origines distinctes:

  • elle peut provenir du sodium libéré par l’altération de certains minéraux
  • elle peut résulter d’une saturation progressive du complexe en sodium, aux dépens d’une solution saline (Duchaufour, 1983).

Ces sols ont un profil peu stable, en raison de la grande facilité de dispersion des argiles, ils sont asphyxiants plutôt que physiologiquement secs.

3.2. Sols salins à complexe calcique (solontcheks)

Caractérisés par une accumulation marquée des sels solubles en surface. Ces sols se rencontrent dans les zones à climat sec. Ils se caractérisent par un pH généralement inférieur à 8,5 et supérieur à 7 et le sodium n’y forme pas plus de 50% des cations en solutions (Dajoz, 1982). La conductivité électrique de l’extrait aqueux à saturation est supérieure à 4,5ds/m à 25°C. Dans les horizons inférieurs (suivants la texture) (Duchaufour, 1983), avec un taux de sodium échangeable (E.S.P) inférieur à 15% de la C.E.C du sol. Ces sols présentent une structure non dégradée caractérisés par une richesse en sels solubles, tels qu’ils inhibent la croissance de la plupart des plantes cultivées (Aubert, 1978).

Tableau. 1: Classification des sols salés (Maillard, 2001) 

Classe Conductivité de l’extrait de sol saturé (dS/m)
Non salins 0 – 2
Légèrement salins 2 – 4
Modérément salins 4 – 8
Fortement salins 8 – 16
Très fortement salins > 16

Tableau. 2: Classification de l’eau saline (Maillard, 2001)

Classe EC en (dS/m) Concentration en

sels totale en (mg/l)

Type d’eau
Non saline < 0.7 < 500 Eau potable et irrigable
Légèrement saline 0.7 – 2 500 – 1500 Eau d’irrigation
Modérément saline 2 – 10 1500 – 7000 Première eau de drainage et

eau souterraine

Très saline 10 – 25 7000 – 15 000 Seconde eau de drainage et

eau souterraine

Très fortement

saline

25 – 45 15 000 – 35 000 Eau souterraine très salée
Saumure >45 >45 000 Eau de mer

 4.    Importance des sols salés et répartition géographique

 Le monde perd au moins 3 ha des terres arables chaque minute à cause de la salinité (Kovda, 1983). Par ailleurs, Bot et al., (2000) estime à près de 400M ha des terres affectées par la salinité. Au proche Orient, 92M ha sont touchées, soit environ 5% de la surface totale.

Tableau. 3: Surface des sols salés en Afrique et Proche Orient (IPTRID 2006) 

 

Région

 

Pays

Surface totale (Mha) Surface cultivée (Mha) Surface salinisée (Mha) Surface salinisée (%)
 

 

Afrique

Ghana 22.8 4.5 0.8 3.5
Kenya 56.9 4.5 8.2 14.4
Nigeria 91.1 32.9 5.6 6.1
Tanzanie 88.4 4.0 2.0 2.3
 

 

Proche- Orient

Égypte 99.5 3.3 9.1 9.1
Iran 162.2 19.4 27.4 19.9
Syrie 18.4 5.2 0.5 2.7
Tunisie 15.5 4.9 1.8 11.6

Les terres irriguées salinisées représentent environ 10% de la salinisation due à des actions humaines (qui correspondent à 20% des terres salinisées), 50% de ces terres se trouvent dans les zones arides. En conséquence, le pourcentage des terres arables irriguées a considérablement augmenté. Au Pakistan, plus 25% des surface sont salinisées, en Tunisie 25%, aux USA 23%, en Inde environ de 17%, en China, 15% et en Afrique du sud près de 9%. (IPTRID, 2006)

Tableau. 4: Effet de la salinisation secondaire (anthropique) sur les surfaces agricoles de l’Afrique et au Proche Orient (Mashali et al., 2005) 

 

 

Région

 

 

Pays

Surface irriguée (Mha) Surface irriguée salinisée (Mha) Surface salinisée (Mha) Surface salinisée par l’action de l’Homme –

secondaire (Mha)

 

 

Afrique

Ghana 0.01 0.004 0.3 0.3
Kenya 0.1 0.03 0.4 0.4
Nigeria 0.3 0.1 0.5 0.6
Tanzanie 0.2 0.05 0.5 0.5
 

Proche- Orient

Égypte 3.3 0.9 0 0.9
Iran 7.3 2.1 0.5 2.7
Syrie 1.1 0.4 0.1 0.5
Tunisie 0.4 0.1 0.3 0.4

 En Algérie les zones semi-arides et arides couvrent approximativement 95% du territoire (Benkhelif et al., 1999). Les sols salés sont très répandus dans ces régions, représentant environ 25% de la surface agricole utile (SAU) soit 3,2 millions d’hectares (Halitim, 1988).

Source:

GUEDDA, Khadidja et DJABER, Ouafa 2016 .Evaluation du comportement de trois variétés de tomate ( L Lycopersicum esculentum ) Sous un stress salin.

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