1 Les avantage
Tant qu’on ne saura pas faire pleuvoir où et quand on veut, l’irrigation restera le seul moyen d’augmenter les rendements et de les régulariser dans bien des régions du monde.
En effet, selon les espèces et variétés cultivées, selon les terres, et selon les techniques utilisées, l’irrigation peut permettre d’obtenir de deux à cinq fois plus (et même dix en zone aride) de production (PLAUCHU, 2003).
L’irrigation n’est pas uniquement un apport d’eau sur une terre cultivée en vue de compenser l’insuffisance des précipitations et de permettre le plein développement des cultures. Elle est considérée plutôt comme un ensemble d’actions de développement intégré des milieux agricole et rural qui doit se traduire non seulement par l’augmentation de la production et l’amélioration du niveau de vie de l’agriculteur, mais doit se traduire également par la préservation du milieu, notamment des terres agricoles, et par une économie de l’eau d’irrigation qui elle-même se traduit par une économie dans l’utilisation de l’énergie (électricité, fuel, etc.). (PLAUCHU, 2003).
1.1 Apport sur le plan économique
Depuis les années 60 la pratique de l’irrigation est à l’origine d’une augmentation de la production alimentaire globale dans l’ensemble des pays du tiers monde (DE REGT, 1990).
Répondant ainsi à une demande de produits alimentaires qui a considérablement augmentée par suite de l’essor démographique qui s’est manifesté dans la plupart des pays en voie de développement où, dans certains, la population double tous les 25 ou 30 ans.
L’irrigation n’a pas été seulement un atout dans l’augmentation de la production, elle a favorisé l’extension des surfaces agricoles mais également une diversification de produits plus large consommation que dans le passé. (DE REGT, 1990).
Cette évolution explique l’élévation du niveau de vie et les progrès de la diététique. Les changements dans les habitudes alimentaires ont souvent donné la préférence à des produits irrigués (légumes et fruits notamment). L’amélioration des conditions écologiques par l’intermédiaire de l’irrigation a permis à des régions ou à des pays en voie de développement de se spécialiser dans les productions pour lesquelles la demande était en augmentation. (DE REGT, 1990).
1.2 La satisfaction
Tous les pays cherchent à satisfaire la demande nationale, mais ceux qui le peuvent s’efforcent d’exporter leurs surplus agricoles ou la totalité de certaines productions qui ne trouvent pas ou peu de débouchés sur le marché national. Certaines cultures de plantations irriguées, souvent héritage d’une colonisation, donnent des produits qui doivent être nécessairement exportés, c’est le cas par exemple de l’Algérie ou le Maroc qui doivent trouver des clients pour leurs agrumes (CONAC, 1978).
1.3 L’irrigation un rempart à la famine
L’irrigation bien maîtrisée est un rempart utilisé de longue date pour endiguer la sous- alimentation et renforcer la sécurité alimentaire des sociétés, la preuve en est que :
– Le boom de la production agricole mondiale entre 1950 et 1990 doits beaucoup à l’irrigation (FAO, 1975). Entre ces deux années le rendement en céréales a plus que doublé et la récolte a presque triplée. Au début des années 50 on a étendu la surface cultivée, mais le boom, sans précèdent historique, de la croissance des rendements et de la production est associé au doublement des surfaces irriguées, soutenue à partir des années 60 par la mise au point de nouvelles variétés de riz et de blé réagissant de manière optimale aux engrais et à l’eau (TIERCELIN, 1998).
– la surface minuscule à l’échelle de la planète, fournit 55% des produits alimentaires de base, dont le riz et le blé. « …C’est l’irrigation qui a le plus contribué à l’accroissement de la production agricole enregistré dans une grande partie de l’Asie, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient » (MATON, 2006).
En conclusion, nous pouvons dire que l’usage de l’irrigation présente de nombreux avantages. Il permet d’augmenter la superficie des surfaces cultivées, en particulier dans les zones arides, d’assurer parfois deux récoltes (ou plus) au lieu d’une seule dans l’année, notamment dans certaines zones tropicales humides, d’améliorer les rendements, et d’une façon générale d’intensifier et stabiliser la production en se libérant des variations climatiques.
Enfin, les techniques modernes d’irrigation permettent aussi dans le même temps de fertiliser les sols.
2 Les inconvénients
L’irrigation présente deux inconvénients majeurs pour les milieux aquatiques. Elle est grande consommatrice d’eau et peut accélérer la désertification de certaines régions.
L’agriculture irriguée rencontre de nos jours de nouveaux problèmes tels que le risque de salification qui peut être apprécié par la conductivité électrique (CE) et celui de l’alcalinisation des sols. Cette dernière, due aux échanges ioniques, concerne surtout le sodium, le calcium et le magnésium, entre l’eau et les argiles du sol; il est évalué par le coefficient d’absorption du sodium (SAR).
Mal conduite, elle peut être néfaste pour les sols. Lorsqu’ils sont trop secs, l’infiltration de l’eau se fait mal et si l’apport est trop important, une grande partie de l’eau stagne ou ruisselle le long des pentes. En s’évaporant, l’eau stagnante laisse en dépôt les sels qu’elle contient, favorisant une salinisation des sols qui deviennent progressivement incultes et doivent être abandonnés ; c’est un phénomène que l’on observe surtout dans les régions arides et semi-arides.
Quant au ruissellement de l’eau, il favorise l’érosion des sols, surtout lorsqu’ils sont secs. À l’inverse, des sols trop imbibés sont néfastes pour la plupart des végétaux dont ils asphyxient les racines. Les sols doivent donc être convenablement drainés afin de permettre à l’eau en excès de s’évacuer.
L’irrigation est l’activité qui consomme le plus d’eau, elle absorbe plus de 85 % de l’eau maîtrisée par l’homme (HORNING, 1973, PLAUCHU, 2004). D’importantes quantités d’eau sont en effet nécessaires pour compenser les pertes des plantes et des sols par évapotranspiration. En outre une majeure partie de l’eau d’irrigation retourne directement dans l’atmosphère, où elle est momentanément perdue pour d’autres usages. Cela est d’autant plus vrai que plus une plante dispose d’eau, plus son évaporation est importante. Il existe cependant une limite à ce phénomène au-delà de laquelle un apport supplémentaire d’eau n’augmentera pas la transpiration végétale. Pour éviter d’utiliser trop d’eau, les quantités justes nécessaires aux cultures doivent donc être soigneusement estimées et l’irrigation contrôlée.
Quoi qu’il en soit, pour irriguer les champs, il faut de l’eau et beaucoup d’eau, une eau que l’on doit parfois aller chercher très loin.
Au niveau mondial, les prélèvements en eau de l’irrigation représentent aujourd’hui environ 70 % des prélèvements totaux, ce qui est énorme (PLAUCHU, 2004). À l’échelle locale, la consommation immodérée d’eau d’irrigation peut même parfois conduire à une réduction considérable des volumes disponibles. Ainsi, le lac Tchad, autrefois la plus grande réserve d’eau douce du continent africain, est aujourd’hui 20 fois plus petit qu’il n’était il y a 35 ans. (PLAUCHU, 2004).
Les agriculteurs des pays limitrophes puisent en effet toujours plus d’eau pour irriguer leurs champs et lutter contre la sécheresse grandissante de cette région du globe.
En outre, toute cette eau ne parvient pas aux plantes car les pertes sont importantes, surtout lorsqu’il s’agit de techniques d’irrigation traditionnelles. Or, celles-ci sont employées sur les deux tiers des surfaces irriguées du globe.
Ces pertes sont dues soit à des fuites sur canalisations, soit à l’évaporation de l’eau qui stagne sur les sols. On estime qu’en Afrique, environ 40 à 60 % de l’eau d’irrigation est ainsi perdue. Mal conduite, l’irrigation peut également avoir des conséquences dramatiques sur les sols, surtout dans les régions au climat sec et chaud où l’on irrigue toute l’année. En effet, si l’eau d’irrigation n’est pas drainée, elle stagne dans les champs, et s’évapore lentement, laissant en dépôt les sels dissous qu’elle contient. Cet excès de sels stérilise progressivement les terres qui doivent être abandonnées.
Le pompage abusif d’eau fluviale à des fins d’irrigation peut aussi progressivement conduire à l’assèchement des territoires situés plus en aval. À ce titre, l’exemple de la catastrophe écologique de la mer d’Aral, qui fut le quatrième lac du monde par sa superficie, est édifiant. (PLAUCHU, 2004).
Il illustre bien les très graves conséquences que peuvent engendrer des prélèvements excessifs d’eau. (PLAUCHU, 2004).
Dans les années 1960, pour développer la culture irriguée du coton dans la région désertique du Kazakhstan, la majeure partie des eaux des deux fleuves qui alimentaient la mer d’Aral a été détournée. Ces prélèvements considérables ont abaissé de 15 mètres le niveau de la mer et diminué sa surface de 40 %. Dans le même temps, la salinité de ses eaux est passée de 10 à 30 grammes par litre. La faune a presque entièrement disparu et la pêche avec elle. Une mauvaise gestion de l’irrigation et une utilisation abusive d’engrais et de pesticides ont conduit à la salinisation des sols et à la désertification d’immenses étendues dans la région. La qualité des eaux souterraines s’est également dégradée et le niveau des nappes phréatiques a fortement baissé. (PLAUCHU, 2004).
Source:
CHADOU Oualid , AHMIM Abdelkader 2020 . Contribution à l’étude de la qualité des eaux d’irrigation dans la région d’El Oued .
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