Les acridiens passent par deux états biologiques au cours de leur vie : l’état embryonnaire, (l’œuf) et l’état post embryonnaire (larve, imago) Le terme adulte désigne un individu sexuellement mûr. L’état embryonnaire est généralement « hypogée » (sous la surface du sol), les deux autres « épigées » au dessus de la surface du sol.
1. Développement embryonnaire :
Les œufs ont généralement une forme allongée, légèrement oblongue une couleur blanchâtre ou jaune claire. Leur taille varie en longueur de quelques millimètres à un centimètre environ. L’enveloppe externe de l’œuf, ou chorion, porte des microornementations. Peut de temps après la ponte, s’hydrate, augmente de la taille et devient turgescent. Le développement embryonnaire commence avec la différenciation de l’embryon près du pôle postérieur de l’œuf sur la face concave. (Fig. 05)
Cet embryon est appelé « bandelette germinative » dans ses premiers stades, elle correspond d’abord à la future tête de l’embryon puis s’étend vers le pôle antérieur, en se segmentant pour former progressivement le thorax et l’abdomen. La bandelette achevée se trouve sur la face ventrale de l’œuf, la tête au pôle postérieur, ce premier mouvement est anatrepsis.
L’embryon accomplit un glissement progressif sur le pôle postérieur de l’œuf, ce qui le ramène sur la face dorsal, la tête tournée vers l’avant : il s’agit de la catatrepsis. C’est seulement lorsque ce deuxième mouvement est accompli que s’effectue la fermeture dorsale de l’embryon. Ensuite ce dernier réalise un mouvement de rotation de 180° autour de son axe longitudinal, l’ensemble de ces mouvements de l’embryon dans l’œuf constitue la
blastocinèse.
Deux étapes privilégiées d’arrêt de développement existent, l’une en fin d’Anatrepsis, l’autre juste avant l’éclosion. Le premier arrêt est en général plus durable que le second, le temps de développement varie beaucoup en fonction des espèces et des conditions d’incubation. Il est de 18 jours à 27° et de 10 jours à 33°c chez Locusta migratoria. Il dépasse 6 mois chez Kranssaria angulifera, en saison sèche et pourrait même durer plus d’un an chez certains acridiens en l’absence de pluies.
L’éclosion se produit en fin de développement, l’embryon gonfle deux ampoules situées sur l’arrière du cou qui pulsent et rompent chorion. La larve se dégage par secousses.
A ce moment, elle est encore enveloppée d’une cuticule avec des fines ornementations en écailles qui facilitent la reptation jusqu’à la surface du sol.
La larve se débarrasse rapidement de cette peau au cours d’un mur intermédiaire, libérant ainsi ses appendices.
2. Développement poste embryonnaire :
La lave passe par plusieurs stades au cours de son développement. La mue intermédiaire qui a lieu juste après l’éclosion donne naissance à une larve de 1er stade. Elle est considérée à une vraie mue. Il y a ensuite 4 à 8 stades larvaires selon les espèces, le sexe et les conditions de croissance. Le milieu du développement larvaire est marqué par un évènement important : le retournement des ébauches alaires ou ptérothèques. La pointe de celles-ci est d’abord dirigée vers le bas, puis ensuite vers le haut.
Cette étape est un point de repère très utile de mi-développement, elle intervient entre le 3° et le 4° stade dans le cas d’un développement à 5 stades, entre le 2° et 3° dans le cas d’un développement à 4 stades.
La durée totale du développement larvaire varie de 18 jours à plus de 8 mois, selon les espèces et les conditions d’environnement. Le nombre de stades larvaires n’est pas toujours connu avec certitude sauf pour les ravageurs les plus importants comme : Nomadacris, septemfasciata, locusta migratoria, schistocerca gregaria.
Pour muer la larve s’accroche tête en bas sur une branche ou une feuille. L’ancienne cuticule se rompt au niveau de la nuque. La larve à demi sorite de son ancienne cuticule se retourne ensuite sur le support et s’immobilise tête en haut, contractant rythmiquement son abdomen pour accroître son volume corporel grâce aux sacs trachées et à une redistribution de l’hémolymphe dans le corps, avant le durcissement rapide des nouveaux téguments.
La mue imaginale ressemble aux mues larvaires, à ceci près que les ébauches alaires se sont entièrement développées et le jeune imago déplie ses ailes pour les laisser sécher en position droite avant de les replier à l’arrière de son corps, selon certaines nervures longitudinales.
Le durcissement des téguments est rapide au bout de quelques heures après l’exuviation l’acridien peut marcher, le jour suivant saute et voleter. Le durcissement est achevé 5 à 10 jours plus tard en saison chaude.
La première partie de la vie imaginale est consacrée à la recherche d’un biotope favorable et à l’alimentation. Mâles et femelles augmentent de poids dans des proportions notables, accumulant du corps gras, puis le poids des mâles se stabilise, alors que celui des femelles continue à augmenter. Cette deuxième prise de poids est en rapport avec la maturation ovocytaire préparant la future première ponte. Lorsque les ailés sont en période de reproduction, on parle d’adultes.
3. Nombre de génération :
L’ensemble des trois états, œuf, larve et adulte correspond à une génération. Le nombre de générations annuelles qu’une espèce peut présenter correspond au voltinisme. On distingue des espèces univoltins n’effectuant qu’une seule génération dans l’année et des espèces plurivoltines à plusieurs générations annuelles .Le nombre maximal de génération qu’une espèce peut s’effectué en une année semble être de 5 chez les acridiens.
A l’opposé, on connaît des espèces qui ont besoin de deux années au moins pour effectuer un cycle complet, particulièrement dans les régions froides et très arides. En zone tropicale sèche, les acridiens présentent en majorité de 1 à 3 générations par an (DURANTON et al, 1982 a).
source :
Naima BENKENANA 2006 : Analyse biosystématique, écologique et quelques aspects de la biologie des espèces acridiennes d’importance économique dans la région de Constantine .