L’idée d’utiliser l’éthanol comme carburant a été conçue par Henry Ford, quand il développait sa première automobile. Aux États-Unis, l’utilisation du mélange d’essence à base d’éthanol a débuté vers la fin des années 1970, et a contribué à réduire les émissions de monoxyde de carbone, tel que requis par le Clean Air Act de 1990. Par la suite, la baisse de prix du maïs au cours des années 80 a contribué au développement de la production d’éthanol à base de maïs, qui permettait de répondre à la demande locale pour le maïs et contribue à soutenir le revenu des producteurs (ANONYME, 1998).
En vue de produire de l’éthanol, deux autres sous produits sont créés par la distillerie du maïs : le gaz carbonique (CO2) et la drêche de distillerie. En fait, trois tonnes de maïs-grains permettent de produire une tonne ou 1000 litres d’éthanol, une tonne de gaz carbonique (CO2) et une tonne de drêche de distillerie. Cette dernière sert à l’alimentation animale (BACHAND, 2007).
1. Définition des drêches de distillerie :
Les drêches de distillerie avec soluble appelées Distiller Dried Grain with Soluble (DDGS) sont des sous produits céréaliers de la production d’éthanol, obtenues après transformation et fermentation de l’amidon contenu dans le maïs. L’alcool obtenu après fermentation est recueilli par distillation, le mélange restant est desséché afin d’obtenir des extraits secs de distillerie.
Les étapes de distillerie sont résumées comme suit DDGS (ALVES DE OLIVEIRA, 2001) :
- Broyage : Consiste à broyer les grains du maïs pour réduire leur
- Cuisson : Après avoir été mélangé avec de l’eau le maïs broyé est cuit. Au cours de cette étape, l’amidon est hydrolysé.
- Fermentation : Le moût (mélange) est ensemencé avec des levures qui font fermenter les sucres en alcool et en gaz
- Distillation : Elle permet de séparer, l’alcool par évaporation et un résidu qui est soumis à une filtration.
La phase liquide est déshydratée et forme les “solubles de distilleries” sous la forme de sirop. Certaines usines d’éthanol produisent ce sirop, mais dans la majorité des cas, elles l’ajoutent aux sous produits solides (BACHAND, 2007) ;
Le résidu solide recueilli sur le filtre, forme une drêche humide qui sera déshydratée pour former les drêches de distillerie solides. Ce dernier est mélangé avec les solubles pour former les drêches de distillerie avec solubles ou DDGS (ALVES DE OLIVEIRA, 2001 ; BACHAND, 2007).
2. Propriétés physiques des drêches de distillerie :
Elles sont caractérisées par une couleur jaune or au brun, une odeur fraîche et fermentée et une texture qui peut s’étendre de fines à grosses particules, elle dépend de la finesse originale du morcellement du grain (METTHEW et GIBSON, 2007).
3. Valeur alimentaire des drêches de distillerie :
Selon BACHAND (2007),les drêches de distillerie sont considérées comme un produit de haute qualité nutritionnelle, à teneur élevée en protéines non dégradables et en gras (près de 15 % de la matière sèche), qui en fait d’elles un aliment énergétique contenant une fibre très digestible (Tableau n° 7). Elles sont aussi riches en minéraux, ce qui peut freiner leur utilisation dans certains cas.
Lors d’une expérience récente, des chercheurs de l’Université du Dakota du Sud (USA) ont estimé l’énergie nette de lactation des drêches aux alentours de 2,25 mcal/kg. Cette valeur est 12 % plus élevée que l’énergie fournie par le maïs en grain moulu. La protéine brute est relativement élevée (30 %), et celle-ci est faiblement dégradée dans le rumen, ce qui est avantageux pour les vaches laitières (FOURNIER, 2008).
4. Utilisation des drêches de distillerie en alimentation des vaches laitières :
L’utilisation d’un nouvel aliment repose essentiellement sur sa composition et la variabilité de ses nutriments. Aussi avant d’intégrer ce nouvel aliment dans la ration alimentaire des vaches laitières, il est important de connaître le prix payé.
BACHAND (2007) note que la vache laitière pourra avantageusement utiliser la drêche de distillerie en raison de sa teneur élevée en protéines non dégradables. Pour éviter un apport trop élevé en minéraux, il est possible d’en ajuster la quantité à la ration.
La plupart des essais zootechniques d’utilisation des drêches ont été menés chez des vaches laitières. Elles sont employées essentiellement comme complément azoté des aliments pauvres en azote.
Le taux d’incorporation est extrêmement variable en fonction de la ration alimentaire considérée. Le plus souvent le taux d’incorporation des drêches varie entre 10% et 40%.
Le tableau n° 7 indique la composition des grains de maïs et des drêches de distillerie.
Tableau n° 7 : Comparaison de la composition en nutriments du maïs en grain et des drêches de distillerie(ANONYME, 2008).
Maïs / grain | Drêches de distillerie | |
Matière sèche (%) | 90,3 | 88,4 |
Protéines brutes (%) | 9,5 | 30,3 |
Gras (%) | 4,4 | 15,8 |
Fibres au détergent neutre NDF (%) | 9,8 | 33,8 |
Amidon (%) | 70,6 | 5,85 |
Sucres non structuraux (%) | 76,6 | 25,9 |
Calcium (%) | 0,05 | 0,03 |
Phosphore (%) | 0,32 | 0,98 |
Magnésium (%) | 0,12 | 0,39 |
Potassium (%) | 0,41 | 1,17 |
Soufre (%) | 0,10 | 0,67 |
5. Intérêt économique de l’incorporation des DDGS :
Le prix des drêches de distillerie reste concurrentiel par rapport à celui du maïs grain et des tourteaux de soja, en particulier dont les prix ne cessent d’augmenter.
L’incorporation des drêches dans les rations alimentaires, comme substitut de ces matières (maïs et tourteaux) permet de réduire le coût de production de lait ou de viande. Cependant l’utilisation des drêches reste soumise à divers facteurs entre autre (BECKMAN, 2007) :
- Stabilité de l’approvisionnement ;
- Coût de transport (entre l’usine et la ferme) ;
- Valeur nutritive (énergie, protéine, taux d’humidité) ;
- Teneur en mycotoxines (dépend de la teneur dans le maïs) ;
- Caractéristiques physiques : couleur, odeur, taille des particules.
Source:
MERIBAI, Amel 2010 . Influence de quelques paramètres de production (alimentaire et race) sur la composition du lait aptitude à la coagulation par des succédanés de la présure.