Les truffes du désert sont des fructifications souterraines de champignons (Fig.1), de l’embranchement des Ascomycètes, qui vit en symbiose avec une plante hôte. Ces fructifications sont constituées, à maturité, par de très nombreuses ascospores (20.106 spores/g) contenues dans des petits sacs appelés asques, aussi nomme-t-on cette fructification un ascome ou ascocarpe (Khabar et Amrani, 2004; Slama et al., 2006 ; Laessoe et Hansen, 2007).
La dimension des ascospores est de l’ordre d’une dizaine de micromètres.
L’ascocarpe est constitué d’une partie centrale ou gléba qui contient les ascospores.
Cette partie est protégée par une enveloppe résistante ou cortex, appelé aussi péridium (Trappe, 1971 ; Al-Sheik et Trappe, 1983 ; Slama et al., 2006; Laessoe et Hansen, 2007).
Cet ascome de forme globuleuse se développe dans la terre à une profondeur de 5 à 40cm. Les ascocarpes des truffes n’ont pas de pied apparent et se présentent sous des formes globuleuses variées. Malgré la présence assez systématique de racines au voisinage des truffes, aucune connexion avec la racine de la plante hôte n’apparait évidente (Trappe, 1971; Slama et al., 2006) . En 1851, Tulasne disait déjà : « qu’il était impossible de découvrir entre la truffe et la racine la moindre adhérence ».
Le genre Tirmania est localement connu sous le nom de « Terfass blanc ». Il est très abondant dans le sud-est algérien, sous climat aride et sub-saharien, notamment dans les régions de Biskra, El Bayed, Bechar, Tindouf, etc…(Fortas, 1990 et 2004 ; Tadja, 1996).
En règle générale, les truffes algériennes sont récoltées au voisinage des plantes herbacées du genre Helianthemum, notamment H. guttatum (syn. Tuberaria guttata L. Foureau) et H. Iipii, ou des pins, Pinus pinaster var. atlantica en particulier, avec lesquels elles forment des associations mycorhiziennes (Fortas, 1990 ; Khabar et Amrani, 2004).
Tirmania diffère du genre Terfezia par de nombreuses caractéristiques, en particulier la morphologie de l’asque, chez Tirmania, l’asque est octosporé claviforme, arrondi au sommet et à long pied et les ascospores sont lisses et elliptiques ou sphériques selon les espèces. Chez Terfezia l’asque a une forme globuleuse et les ascospores sont sphériques et ornementées (Trappe, 1971 ; Al-Sheikh et Trappe, 1983 ; Fortas et chevalier, 1992a; Slama et al., 2006).
Le péridium de Tirmania est pâle présentant beaucoup de fentes (craquelé) et des sillons. La gléba est blanche jaunâtre, pulpeuse, ferme ou plus ou moins spongieuse, montrant en coupe des nodules fertiles labyrinthiformes séparés par des veines stériles (Fig.2).
En Algérie, on rencontre les deux espèces de Tirmania. La morphologie et les dimensions des ascospores sont des critères importants pour identifier les deux espèces de Tirmania (Fortas, 1990).
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Tirmania pinoyi (Maire), Malençon, 1973 (syn. Terfezia pinoyi Maire, 1906) :
Espèce à ascomes de 3 à 5.5 cm de diamètre, ces ascomes renferment des asques
pédonculés de 70-100 x 40-55 µm, les spores sont lisses et globuleuses de 16 à
24µm de diamètre (Trappe, 1971 ; Al-Sheikh et Trappe, 1983 ; Fortas et Chevalier,
1992a ; Slama et al., 2006).
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Tirmania nivea (Desf.) Trappe1971 (syn. Tuber niveum Desf. ex Fr., 1823, Terfezia ovalispora Patrouillard, 1890, Tirmania ovalispora (Pat.) Pat., 1892, Tirmania africana Chatin, 1892) :
Ascomes de 3 à 12 cm de diamètre, asques pédonculés de 60-80 x 30-50 µm. Les
ascospores sont lisses et ellipsoidales de 3.85 x 5 µm (Trappe, 1971; Al-Sheikh et
Trappe, 1983 ; Slama et al., 2006).
1 Les noms vernaculaires des truffes du désert
Les truffes du désert sont connues par différentes appellations locales, au Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc), elles sont connues sous le nom de “terfess” (Fortas et chevalier, 1992a ; Khabar et Amrani., 2004).
Au Proche et Moyen –Orient, les truffes de désert ont diverses appellations selon les pays. En Turquie, elles sont appelées “Keme”, en Egypte, les bédouins les appellent “terfas”(Omer et al., 1994), les Koweitiens les nomment “fagga”. En Arabie Saoudite les truffes du désert sont appelées “Gibbah”, “Kholeissi”, “Zubaidi” (Hussein et Al-Ruqaie, 1999). Les irakiens les appellent “Kamaa”(Riousset et al., 2004).
2 Principales caractéristiques de Tirmania pinoyi
Les principales caractéristiques morphologiques et culturales de Tirmania pinoyi sont
regroupées dans le tableau 1.
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