Classification des aires marines protégés

Le problème de la gestion durable des ressources marines Classification des aires marines protégés
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Une aire protégée vise, avant tout, la conservation des espèces et de leur variabilité génétique ainsi que le maintien des processus naturels et des écosystèmes qui entretiennent la vie et ses diverses expressions. l’Union Mondial pour la Nature (UICN, 1994), définie l’aire  protégée comme, « Une  aire terrestre et/ou marine dédiée à la protection ou à la conservation de la diversité biologique et de ses ressources naturelles et culturelles associés, et gérée à travers les instruments juridiques ou d’autres moyens appropriés »

1. Les six catégories d’aires protégées de l’Union Mondial Pour La Nature.

Toutes les catégories, des aires protégées, doivent êtres conformes à cette définition, bien que les objectifs soient très diversifiés (Recherche scientifique, protection des espèces sauvages, préservation des espèces et de la diversité génétique, maintien des fonctions écologiques, protection d’éléments naturels et culturels particuliers, tourisme et loisir, éducation, utilisation durable des ressources et des écosystèmes naturels, préservation des particularités culturelles et traditionnelles.) L’UICN a remplacé les 10 catégories de la classification de 1978, par une nouvelle classification (1994) qui contient 6 catégories.
Selon les lignes directrices de l’Union Mondiale pour la Nature (UICN, 1994) sur la classification des aires protégées, la consécration d’une aire à la protection et au maintien de la diversité biologique n’implique pas nécessairement que cette aire doive être intégralement naturelle. En effet, les catégories I, II, III et VI (présentées ci-dessous) s’appliquent aux aires naturelles ou en grande partie naturelles, alors que les catégories IV et V s’appliquent aux aires pouvant avoir été modifiées. Toutefois, pour toutes les catégories, l’intervention humaine ne doit atteindre des niveaux élevés en aucun moment L’aire protégée, quelle que soit sa nature, doit souscrire à l’objectif premier de protection et de maintien de la diversité biologique. Cela implique que toute activité ayant cours sur le territoire ou sur une portion de ce territoire ne doit pas altérer le caractère biologique essentiel de l’aire. Parmi les activités jugées incompatibles avec l’objectif premier, l’UICN mentionne la coupe à blanc, les grandes plantations forestières, l’exploitation minière, l’utilisation du territoire à des fins hydroélectriques et le prélèvement de ressources (chasse, pêche) non durables.
Tableau n° 4 : Les 6 catégories d’aires protégées de l’UICN. 

catégorie Appellation Objectif
I a Réserve naturelle. Protégée principalement à des fins scientifiques.
I b Zone de nature sauvage. Protection des ressources sauvages.
II Parc National. Protéger les écosystèmes à des fins récréatives.
III Monument naturel. Préserver des éléments spécifiques.
IV Aire de gestion des habitats ou des espèces. Conservation par la gestion.
V Paysage terrestre ou marin protégé. Conservation des paysages à des fins récréatives.
VI Aire protégée de ressources naturelle gérée. Utilisation durable des écosystèmes.

Fait par nous même à partir de la classification de l’UICN
 Cette sixième catégorie a été ajoutée en 1994 par l’UICN pour englober les aires à prédominance naturelle « gérées aux fins de protéger leur diversité biologique, de telle sorte qu’elles assurent un flux durable de biens et services à la communauté ». L’essentiel est d’assurer une gestion garantissant, à long terme, la protection et le maintien de la diversité biologique de l’aire.
Contrairement à l’espace terrestre, les aires marines protégées sont encore loin d’avoir un consensus pour leur classification. Mais le point commun des nombreuses tentatives qui ont été déployées afin de dresser une taxonomie pour ces zones, c’est qu’elles s’inspirent toutes de celle faite par l’UICN. De cette multitude de classification, on constate l’échec d’une harmonisation internationale de la classification des AMP. L’Union Mondial pour la Nature définie une AMP comme « Tout espace intertidal ou infra tidal, ainsi que ses eaux sus-jacentes et sa flore, sa faune et ses caractéristiques historiques et culturelles, que la loi ou d’autres moyens efficaces ont mis en réserve pour protéger tout ou partie du milieu ainsi délimité »
Tout comme la classification de l’UICN, le classement d’une AMP peut se faire selon, son objectif principal, l’organisme responsable de sa mise en œuvre ou le degré de restriction et parmi toutes les tentatives de classification, à notre avis celle faite par le NMPAC (2004)21  reste la plus simplifiée pour éviter la multitude des dénominations, (Silva et al (1986) cité par Alban, 2003) répertorient plus de 91 dénominations différentes.
Donc le NMPAC, a établi en 2004 une classification simplifiée se basant sur six critères principaux.

2.  La classification proposée par le Centre National américain des Aires Marines Protégées (NMPAC).

Cette tentative de classification est faite pour les AMPs américaines, mais nous la trouvons la plus simplifiée et la plus satisfaisante, elle prend en considération cinq critères essentiels à savoir ; l’objectif principal, le degré de protection, la permanence de la protection, la fréquence de la protection, l’échelle de la protection et les activités extractives autorisées.

2.1 L’objectif principal.

Bien que beaucoup d’AMP ont plusieurs objectifs mais la plupart ont été établies dans un but bien déterminé.

  • L’héritage naturel : établie et gérée principalement pour soutenir la protection des communautés biologiques, les habitats, les écosystèmes et les services rendus à l’Homme par l’écologie pour cette génération et les générations
  • L’héritage culturel : établie et gérée principalement pour protéger, comprendre et interpréter comment les ressources culturelles submergées reflètent l’histoire maritime de la nation et ses relations avec la
  • Production soutenable : établie et gérée principalement pour supporter l’extraction des ressources renouvelables (Poisson, coquillage, oiseaux, mammifères…etc.)

2.2. Degré de protection. 

  • Pas d’accès : tout accès est interdit pour éviter toute perturbation à l’intérieur de l’AMP, mais certaine visite peuvent être autorisées si elles ont comme objectif : le contrôle, la restauration ou la recherche.
  • Pas d’impact : l’accès est permis mais les activités qui peuvent endommager les ressources de l’AMP ou rompre ses services écologiques ou culturels sont interdites. En général, sont interdites : les extractions, les décharges et tout ce qui peut altérer les ressources naturelles ou culturelles, les ensembles biologiques et les interactions écologiques ainsi que les habitats.
  • Pas d’extraction : l’accès est autorisé ainsi que certaines activités, mais l’extraction est interdite ainsi que toute destruction significative des ressources naturelles ou culturelles.
  • Zonage avec des aires de « pas d’extraction » : Pour déduire les différents niveaux de préservation nécessaires, on peut classer les écosystèmes marins en fonction de l’importance écologique et du degré d’irréversibilité en cas de destruction.

Sont généralement des grandes AMPs avec différents degrés de protection et où on trouve une où plusieurs aires de « pas d’extraction ». En plus de ces aires où toute extraction est interdite ces AMPs sont faites de sorte à ce que chaque activité soit allouée à un lieu durant un temps précis, dans le but d’atteindre la meilleure protection acceptable et au même temps réduire les conflits d’utilisation.

  • Zonage avec des utilisations diverses : Le zonage est un élément essentiel de tout plan de gestion d’une aire marine de conservation. Son but principal consiste à définir et à cartographier les différents niveaux de protection et d’utilisation au sein de l’aire marine et à séparer les activités humaines pouvant être conflictuelles, c’est le même principe que la classe précédente mais sans des aires de « pas d’extraction ».
  • Utilisations uniforme et multiple : appliquer le même niveau de protection en autorisant certaines activités y compris des activités extractives.

Boudouresque (2002) classe Les AMPs, selon leur niveau de protection, en cinq catégories (1 à 5). Le niveau 0 correspond aux zones situées en dehors des AMP. — signifie une interdiction, + signifie que l’activité n’est pas interdite.
Tableau n° 5 : Les cinq niveaux de protection des AMPs. 

Niveau de pêche Usage
Récolte manuelle Chasse sous
marine
Pêche à la
ligne
Pêche professionnelle ancrage plongée Commentaires
5 Observation scientifique possible
4 + +  
3 + + + Certaines formes de pêche professionnelle sont réglementées
2 + + + +  
1 + + + + + + Surveillance par les gardes :          la
législation générale est appliquée.
0 + + + + + + La               législation générale n’est pas
appliquée.

Source : Boudouresque, 2000.

2.3. La permanence de la protection. 

  • Protection permanente : l’autorité protège certaines places qu’elle juge important de conserver pour les générations futures.
  • Conditionnelle : sont des AMPs que les autorités ont établies pour une durée limitée pour leur permettre de garder ou de recouvrir leurs potentialités avec la possibilité de reconduire cette protection selon les rapports périodique concernant l’état de ces lieux.
  • Temporaire : sont établies par les autorités compétentes, quand un plan d’aménagement ou de gestion le nécessite pour la protection des habitas spécifiques ou des ressources déterminées mais sans mécanisme particulier pour son renouvellement après la date fixée.

2.4. Fréquence de la protection.

  • Toute l’année : la protection est assurée tout au long de l’année.
  • Saisonnière : la protection est assurée durant certaines saisons durant lesquelles l’activité humaine peut nuire à certains processus écologiques ou biologiques sensibles comme la période du frai.
  • Protection tournante : la protection concerne toute l’AMP mais par alternance.

2.5. Echelle de la protection.

  • Ecosystème : Les  AMPs  qui  protègent  l’écosystème   sont   généralement   l’œuvre  des  institutions  qui   s’occupent   de   l’environnement   et   concernent   tout l’écosystème à l’intérieur de leurs frontières.
  • Ressources locales : généralement ce genre d’AMPs concernent les  ressources  naturelles ou culturelles et sont l’œuvre des autorités de pêche ou de la culture.

2.6. Les activités extractives utilisées. 

  • La pêche commerciale ;
  • La pêche de loisir ou sportive ;
  • La pêche de subsistance ;
  • Scientifique ou collection pour éducation ; prendre des ressources naturelles ou culturelles pour des fins scientifiques ou éducatives.
  • Extraction minières ou énergétiques ; prendre des ressources non renouvelables.
  • Autres ; toute forme d’extraction non citée au dessus.

3. Les fondements écologiques des aires marines protégées.

3.1. Augmentation de la capacité du milieu par la protection des habitas benthiques.

La pollution induite par certaines activités industrielles ainsi que certaines activités de pêche peuvent avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins. Le chalutage de fond est une technique de pêche non sélective qui consiste à traîner des chaluts lestés qui ramassent tous les organismes qu’ils rencontrent et nivèlent le fond. Une telle destruction des éléments biotiques et abiotiques fait qu’il est nettement plus difficile pour les écosystèmes de se rétablir, et la perte ou l’endommagement de ces écosystèmes cause des perturbations dans la chaîne alimentaire voire dans le cas ultime la perte de toute vie dans ce terrain. .
Donc une AMP peut être proposée afin de protéger un habitat important ou représentatif par l’élimination ou la restriction des pratiques de pêche destructrices et d’autres activités nuisibles.

3.2. Les individus vivent plus longtemps.

Pour une zone de pêche à accès libre, la réduction de stock parental entraîne un déclin du recrutement du stock notamment chez les espèces de grandes tailles ou celles qui vivent longtemps et qui atteignent la maturité sexuelle tardivement. Donc à l’intérieur de ces AMPs, ces espèces peuvent vivre plus longtemps et en conséquence se reproduire et alimenter le stock avec de nouvelles cohortes.

3.3. C’est un refuge pour les espèces menacées.

Pour protéger  une  espèce  menacée  d’extinction,  par  sa  protection  ou  la  protection  de  son milieu spécifique, les AMPs, sont l’outil préconisé par excellence.

3.4. Diversement.

Le diversement est le principal argument des  défenseurs  des  AMPs  comme  outil  de  gestion des  pêches.  En  effet  le  diversement  fait  profiter  les  aires  adjacentes  (non  protégées)  des bénéfices écologiques de l’AMP.
En générale les mécanismes biologiques qui peuvent faire des AMPs un outil efficace pour la gestion des pêcheries sont simples. Quand l’exploitation est interdite dans une aire, les populations de poissons commencent à se reconstituer, leur abondance augmente ainsi que le nombre des individus âgés et leur volume ceux qui auraient été capturés si l’accès à l’aire était resté libre.
Si ces populations sont mobiles, au fur et à mesure que leurs biomasses augmentent à l’intérieur de l’AMP, il y aurait un diversement aux aires avoisinantes, l’importance de ce transfert est étroitement liée aux caractéristiques de ces populations, et ce diversement peut aussi concerner les larves.
Les adeptes des AMPs avancent deux arguments pour leur utilisation comme outil de gestion des pêches. Le premier parce qu’elles fournissent une assurance vis-à-vis des lacunes résultantes de l’insuffisance des connaissances ou de compréhension des écosystèmes dont dépend les politiques de gestion des pêches. Le deuxième argument c’est que l’introduction de l’AMP comme maillon dans le système de gestion des pêches est en mesure d’accroître la soutenabilité des pêcheries au-delà de ce qu’elles auraient pu s’il n’y avait pas d’AMP.

3.5. Discussion.

Bien que le rôle des AMP dans la protection des habitats et la conservation de la biodiversité semble admis par tout le monde, certains auteurs ne reconnaissent pas l’effet positif des AMP comme moyen pour augmenter la soutenabilité des pêcheries.
Le concept de diversement n’est simple que sur le plan théorique, mais en pratique le diversement (la migration) ne dépend pas uniquement de la différence de biomasse, mais il dépend aussi de ; la température, les vents dominants et les caractéristiques intrinsèques de l’espèce, et si ce diversement est trop important se ferait automatiquement au détriment de l’objectif principal de la conservation.
Donc au moment où le principe de diversement est simple, le calculer ne l’est pas, premièrement l’implantation de l’AMP n’est pas faite dans un but d’expérimentation, ce qui rend la séparation entre l’effet de l’AMP et de l’hétérogénéité du milieu très difficile. Deuxième point soulevé c’est que le travail empirique est très difficile dans le milieu marin, les techniques utilisées pour déterminer l’abondance et la diversité sont le plus souvent simples avec un degré d’imprécision élevé.

Source:

BOUZOURENE, Ali 2010 . Essai d’évaluation de l’impact socio-économique de la création d’une réserve marine protégée sur la pêche artisanale locale.

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